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Consommation
Bio : Quel développement de la consommation en Europe ?

Le développement de la production biologique passe par une stimulation de la consommation, selon l’Union européenne. Elle dédie cette année un budget de 49 millions d'euros pour la promotion.

En 2021, 8,5 % des surfaces agricoles européennes sont consacrées aux productions biologiques. © V. R.
En 2021, 8,5 % des surfaces agricoles européennes sont consacrées aux productions biologiques.
© V. R.

La Commission européenne a présenté fin mars 2021 un plan d’action pour développer l’agriculture et la fabrication de produits biologiques. Même si la consommation ne cesse de croître en Europe, celle-ci doit être d’autant plus stimulée afin d’entraîner l’amont agricole à faire la transition. La Commission souhaite en effet éviter une abondance de l'offre qui nuirait gravement aux producteurs. Elle ambitionne de porter à 25 % la surface agricole totale de l’Union européenne consacrée à l’agriculture biologique d’ici à 2030. Celle-ci a déjà augmenté de 66 % au cours des dix dernières années et atteint aujourd’hui 8,5 % des surfaces agricoles utiles européennes. Si la croissance du bio suit les mêmes tendances que ces dernières années, l’UE atteindra seulement entre 10 et 15 % de terres agricoles consacrées au bio.

Au sein du Vieux Continent, 17 % des innovations agroalimentaires portent l’allégation biologique entre mai 2020 et avril 2021, un taux stable depuis trois ans (15 % entre mai 2017 et avril 2018, et 14 % entre mai 2016 et avril 2017). La France et l’Allemagne dominent ce classement, avec respectivement 22 % et 21 % des innovations agroalimentaires qui sont bio. « Plus que du bio, les consommateurs européens sont à la recherche de naturalité dans les produits », précise Caroline Roux, consultante analyste de la société d’études de marché Mintel, à l’occasion d’une visioconférence lors de la dernière édition de Bio’n’Days.

Le bio n’est pas un club élitiste

En France, 43 % des consommateurs interrogés ont répondu rechercher de la naturalité dans les produits achetés, contre 18 % pour le bio. Le constat est similaire en Allemagne (40 % contre 17 % qui cherchent du bio), en Espagne (35 % contre 13 %) ou en Italie (47 % contre 20 %). Il n’y a qu’au Danemark où ces taux se rapprochent : 34 % des consommateurs recherchent de la naturalité et 29 % du bio. « Même si les consommateurs ont confiance en la certification bio, ces chiffres nous montrent que nous pouvons enfoncer le clou en renforçant la communication sur la naturalité des produits bio. Porter ce message sera un enjeu de taille pour les produits bio transformés », complète Caroline Roux.

Le lien bio-environnement à renforcer

Afin de communiquer sur les bénéfices environnementaux et socio-économiques de l’agriculture bio, près de 49 millions d’euros seront consacrés cette année à la promotion des produits bio européens, soit 27 % du budget dédié à la promotion des produits agricoles dans la Pac (contre 1,8 % aujourd’hui). « Tant que la consommation n’augmente pas, les producteurs ne se convertiront pas au bio », martèle Henri Delanghe, de la Commission européenne, lors d’une conférence tenue le 8 juin au sommet de l’alimentation durable. Si le prix du bio est aujourd’hui l’un des principaux obstacles pour les consommateurs, « plus la filière se développera, plus elle sera accessible », assure Loïc Madeline, secrétaire national de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab).

« Le bio n’est pas un club élitiste », souligne Caroline Roux. Pour gagner la confiance de plus de consommateurs, « il faut renforcer le lien entre bio et environnement », suggère-t-elle. Une étude de Mintel montre que seulement 45 % des Français interrogés font le lien entre bio et bénéfices pour l’environnement. Un constat similaire pour les autres pays d’Europe : 36 % pour l’Allemagne, 47 % pour l’Italie, 51 % pour l’Espagne, 50 % en Pologne. L’Éco-score, que Lidl s’apprête à tester dans quelques magasins en Allemagne, « pourrait remédier à cette méconnaissance », estime Caroline Roux.

Par ailleurs, fournir un accès à la transparence aux consommateurs, via la technologie de la blockchain notamment, renforce le lien entre les marques et les consommateurs. C’est particulièrement le cas pour des produits tels que le café et le chocolat, en donnant accès à la rémunération des producteurs. « En mettant en avant leurs engagements pour le bien-être des producteurs, le bien-être des employés et le bien-être animal, les consommateurs sont prêts à dépenser plus », assure Caroline Roux.

Croissance du bio en Scandinavie

La Commission européenne mise aussi sur un développement de la demande des produits bio dans la restauration européenne, comme c’est aujourd’hui le cas au Danemark, où de plus en plus de cantines cherchent à atteindre 90 % de bio. « C’est très dur pour nous industriels de répondre à cette demande », selon Bruno David, directeur du danois Løgismose, qui propose des produits alimentaires sous sa marque propre en GMS et en restauration, lors d’un webinaire de Business France.

Le bio gagne du terrain au sein des pays d’Europe du Nord (Suède, Finlande, Norvège et Danemark). Leur canal de vente majoritaire est celui de la GMS, où les MDD prennent de plus en plus d’ampleur. Les produits bio gagnent aussi en épaisseur en restauration et dans les circuits spécialisés, composés non pas d’enseignes de supermarchés bio, mais d’épiceries fines et de magasins orientés santé.

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