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Agroalimentaire : les exportateurs européens face à l’imprévisibilité de Donald Trump

La politique commerciale du président américain Donald Trump suscite de nombreuses inquiétudes, tant chez les agriculteurs américains que chez les exportateurs européens. Tous s’interrogent sur l’avenir des échanges agricoles entre les États-Unis et l’Union européenne.

Des personnes discutant durant la table ronde de FranceAgriMer sur les perspectives d'export vers les Etats-Unis
Retour sur la table ronde organisée par FranceAgriMer sur «l'export de produits agricoles et agroalimentaires aux États-Unis sous l'administration Trump II.» Nicolas Fairise, Chef de la mission des affaires européennes et internationales de FranceAgriMer, donne le mot de conclusion de cet échange.
© Catherine Takougang

« Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump affiche une volonté claire : rendre les États-Unis plus souverains sur les activités économiques critiques, en réduisant les dépendances aux importations et en réduisant le déséquilibre des échanges commerciaux » décrypte Christian Ligeard, conseillère aux affaires agricoles à l’ambassade de France aux États-Unis, lors d’une conférence organisée par FranceAgriMer, lors du salon international de l’agriculture 2025.

Lire aussi : États-Unis : ce qu'il faut savoir du premier exportateur agricole et agroalimentaire en une infographie

Les agriculteurs américains indifférents aux mesures de Trump

 Dans le domaine agricole, les producteurs américains ne perçoivent pas les importations comme une menace pour leurs filières. « Ils demandent d’abord plus de mesures en faveur des exportations et qu’on limite les mesures de protection à l’importation chez leurs clients » indique Christian Ligeard. En effet, ces derniers dépendent fortement des échanges internationaux, qui représentent près de 20 % de la production agricole nationale. 

« Ils demandent d’abord plus de mesures en faveur des exportations et qu’on limite les mesures de protection à l’importation chez leurs clients » 

L’accès au marché américain sous tension

Le territoire américain considéré comme un marché mature, reste jusqu’à présent largement ouvert aux importations. Toutefois, certaines catégories de produits agricoles font l'objet de restrictions strictes : les viandes de volaille et ovines, les ovoproduits, les produits laitiers de grade "A", les fromages à pâte molle au lait cru et les mollusques vivants.

En ce qui concerne les fruits et légumes européens, leur accès au marché américain reste limité, à l’exception de certaines variétés de pommes, de poires et de kiwis, ainsi que les échalotes. Mais la situation pourrait se compliquer. L’administration Trump prévoit d’instaurer, dès le 2 avril, de nouvelles taxes sur les importations en provenance de l’Union européenne. Une mesure qui risque d’aggraver les obstacles à l’export et de ralentir encore davantage les échanges agroalimentaires entre les deux blocs.

Lire aussi : Viande : aux États-Unis, des records à l’export en 2024, des craintes pour 2025 

Un accord de libre-échange avec les États-Unis, une solution risquée pour l’UE ?

Le marché du vin et des spiritueux aux États-Unis représentait 15,5 milliards d’euros en 2023. Mais le pays ne produit que deux tiers du vin qui y est consommé. L’importation de vins français représente donc un enjeu économique important. « Pour chaque dollar de vin importé, quatre dollars sont générés sur le sol américain », explique Nicolas Ozanam, délégué général de la FEVS et de l’UMVIN. Bien que moins marqué, cela s’applique aussi à d’autres produits agricoles achetés par le pays.

« Pour chaque dollar de vin importé, quatre dollars sont générés sur le sol américain »

Charles Martins-Ferreira, conseiller aux affaires agricoles adjoint à l’ambassade de France aux états- Unis, suggère qu’« un accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Europe reste une solution envisageable pour préserver les échanges. Mais il risque d’être désavantageux pour l’UE ». Cette dernière rajoute que « Washington pourrait exiger une réciprocité des droits de douane et, surtout, remettre en cause les normes sanitaires européennes. Ce qui impliquerait la levée des interdictions sur certains produits controversés comme le bœuf aux hormones, le poulet chloré ou encore les aliments traités aux pesticides ».

« Washington pourrait exiger une réciprocité des droits de douane et, surtout, remettre en cause les normes sanitaires européennes.»

Aujourd’hui, l’agroalimentaire européen rapporte 38 milliards d’euros grâce aux exportations vers les États-Unis, contre seulement 14 milliards d’euros pour les produits américains en Europe. Un déséquilibre qui pourrait pousser l’administration Trump à durcir les négociations. « En cas d’accord de libre-échange avec les USA, Il y’aurait une concurrence accrue des produits américains, à cause de leur compétitivité, ce qui aurait une répercussion désastreuse sur le marché agroalimentaire européen » alerte Jean Paul Torris, président du pôle agri-agro du MEDEF international.

Lire aussi :Les États-Unis annoncent des taxes sur l’agriculture, la Chine riposte, que va faire l’UE ? 

Des évolutions à surveiller sur les normes sanitaires américaines

Sous la nouvelle administration du président Donald Trump, Robert Kennedy Jr. a été nommé à la tête du ministère de la Santé. Il envisage d'adapter les normes sanitaires agricoles américaines afin de les aligner sur celles de l'Europe. Il compte notamment réduire la présence de résidus chimiques dans les aliments, intégrer plus de produits diététiques dans l’alimentation des Américains et changer les processus agro-alimentaires pour réduire les aliments ultra-transformés dans les régimes alimentaires. « Reste à savoir si ces mesures faciliteront ou non les échanges agricoles avec l’Union européenne » s’interroge Charles Martins-Ferreira. 

Lire aussi : Quel potentiel pour les exportations agricoles et agroalimentaires vers le continent américain en 2025 ?

 

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