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Tensions sur les marchés des produits festifs

Le marché des produits festifs connaît une période inédite pour cette fin d’année. Le manque de disponibilité et l’explosion des coûts de production donnent du fil à retordre aux entreprises.

Les dépenses alimentaires de fin d'année sont envisagées à la baisse pour 27 % des foyers, contre 23 % en 2021, selon Kantar Worldpanel.
Les dépenses alimentaires de fin d'année sont envisagées à la baisse pour 27 % des foyers, contre 23 % en 2021, selon Kantar Worldpanel.
© Gregory Lee - stock.adobe.com

Foie gras, volaille festive, chocolat, saumon fumé… tous les produits festifs seront au rendez-vous sur les tables des Français pour les fêtes de fin d’année, au même titre que l’inflation. En effet, les hausses généralisées des coûts de production entraînent de fortes tensions sur les différents marchés, notamment lorsqu’elles sont couplées à d’autres crises telles que la grippe aviaire qui vient plomber les volumes disponibles de foies gras et de volailles festives.

En septembre 2022, déjà 30 % des consommateurs veillaient à limiter leurs achats alimentaires pour faire face à l’inflation (+5 points par rapport à décembre 2021), selon une étude de Kantar Worldpanel. Les promotions ont séduit 42 % des consommateurs en septembre 2022 (+4 points). Au total, 27 % des foyers envisagent de réduire leurs dépenses de fin d’année, contre 23 % en 2021.

Un équilibre absorption-répercussion des hausses

Si certains acteurs des produits festifs organisent leurs efforts pour absorber les hausses des coûts de production, d’autres n’ont pas d’autres choix que de négocier avec leurs clients pour tenter de les répercuter, en espérant que le consommateur ne se détournera pas de leur produit. « Beaucoup de PME vont jouer leur survie pendant les fêtes de fin d’année. Ce ne sont pas à eux de défendre le pouvoir d’achat des consommateurs, la GMS s’en occupe très bien et reporte les contractions des prix sur les entreprises », regrette Pierre Commère, délégué général de l’industrie du poisson de l’Adepale.

La filière des volailles festives s’organise, quant à elle, pour absorber des hausses moyennes des coûts de production de 25 %, variables selon l’espèce et sa segmentation, pour n’en répercuter qu’une partie aux clients. « Tous les maillons de la filière déploient suffisamment d’efforts pour que les volailles fermières label Rouge festives restent accessibles. Les distributeurs seront sûrement solidaires », indique Marc Saulnier, président de la commission économique et communication du Synalaf.

« Beaucoup de PME vont jouer leur survie », Pierre Commère, délégué général de l’industrie du poisson de l’Adepale.

La production de chocolats pour les fêtes de fin d’année n’a, de son côté, pas été très perturbée par les hausses de prix de l’énergie. « Notre industrie n’est pas très énergivore, ça ne remet donc pas en question l’équilibre économique d’une chocolaterie. Nous sommes plus touchés par l’inflation de la masse salariale et de l’emballage », souligne Cédric Taravella, directeur général de la chocolaterie Chapon.

Moins de mécanique promotionnelle

Les hausses des coûts de production entraînent pour cette fin d’année une fonte des budgets d’animation en magasins de la part des marques. « Il y a une baisse des efforts de mise en avant des marques, car nous constatons que les prestataires nous sollicitent plus que les autres années », notent les services marketing et commerciaux du producteur de foies gras Feyel & Artzner.

Côté promotion, l’heure est à « une baisse historique des budgets de la part des marques », témoigne un professionnel des installations et animations en magasins, notamment en confiseries. « Ou alors, si un magasin souhaite bénéficier d’une animation, il doit augmenter les volumes de ses commandes de 20 à 50 % », juge-t-il. Pour autant, « Feyel-Artzner a, pour sa part, une politique non restrictive, à condition que le client distributeur joue le jeu et s’engage. Si la commande est stable, il aura autant d’animations que l’an dernier », précise les services marketing et commerciaux de la marque de foie gras.

Le producteur de foies gras La Quercynoise a, par exemple, préféré abandonner des positions sur les catalogues de certaines GMS. Toutefois, « il est important de mettre en avant les best-sellers de Noël », estime Cédric Taravella. Le saumon fumé gardera une bonne place dans les magasins, car il est « souvent placé en tête de gondole des promotions », commente Pierre Commère.

Manque de disponibilité

Quant à la volaille, « les promotions et mises en avant seront difficiles cette année, car il y a un manque de production », complète Gino Catena, directeur général d’Avigros. L’influenza aviaire ayant provoqué des abattages massifs, la filière avicole a perdu des volumes considérables. La filière foie gras, qui a vu le virus s’attaquer aux élevages naisseurs de canetons, accuse une baisse de sa production de 35 %. « Nos prix vont augmenter de 25 % à cause du manque de volume et de la hausse des coûts de production », témoigne Gilles Lemoine, directeur commercial et marketing de La Quercynoise. « Cela correspond à une progression comprise entre 0,50 et 0,80 euro la part de 40 grammes de foie gras », complète Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog. « Nous avons honoré toutes nos commandes, mais en avons accepté moins », ajoute Gilles Lemoine.

Le manque de disponibilité touche également le saumon fumé, notamment à cause d’une flambée du cours du saumon de fin mars à fin juillet. « Le kilo de saumon avait atteint plus de 13 euros, contre 5 à 7 euros habituellement. Peu de contrats ont été noués pendant cette période, ralentissant la production estivale », détaille Pierre Commère. Il y a, par ailleurs, une forte tension sur le saumon d’Écosse, certaines livraisons n’étant pas honorées. « Il y aurait des pertes en élevage sur certains sites envahis par des microalgues, d’autres envahis par des méduses, à cause d’eaux trop chaudes », justifie Pierre Commère.

Les volailles festives seront bien présentes pour les fêtes, malgré un manque à gagner important pour certaines espèces. Les mises en élevage ont diminué de 5 % par rapport à l’an dernier par prudence en raison de la grippe aviaire. « Nous sommes confiants pour les fêtes de fin d’année. Tous les animaux mis en élevage devraient être sur le marché », souligne Marc Saulnier. « Il y aura ce qu’il faut en poulardes et chapons, mais très peu d’oies et de dindes. Beaucoup d’incertitude nous entoure », précise Gino Catena.

Une réduction du poids du produit

Pour faire face à l’inflation des coûts, certains acteurs du festif doivent faire le choix de diminuer le poids du produit, en réduisant la portion ou bien en simplifiant l’emballage. « Nous avons revu quelques packagings à la baisse afin de limiter les hausses de nos prix », témoigne Cédric Taravella, directeur général de la chocolaterie Chapon. « Il y a quelques concurrents qui sont passés de pots de foie gras de 180 grammes à des pots de 170 grammes ou bien qui ont baissé la proportion de foie gras dans des produits élaborés, passant de 20 à 10 % », observe Gilles Lemoine, directeur commercial et marketing de La Quercynoise.

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