Aller au contenu principal

Œufs : la cage fait de la résistance

Entre flambée des coûts de production et évolution des arbitrages des consommateurs entre bien-être animal et budget serré, l’année 2022 s’annonce sous tension pour le marché de l’œuf.

26 % des oeufs achetés en France pour la consommation à domicile sont issus d'élevage en cage
© Réussir

La production d’œufs pourrait bien se tasser en 2022. « Les mises en place de poulettes ont reculé de 3,5 % sur les onze premiers mois de 2021, selon les estimations établies à partir des déclarations au CNPO. Ces chiffres ne vont pas dans le même sens que les modèles d’Agreste, mais sont corroborés par les données des fabrications d’aliments poulettes, qui reculaient de 4 % au troisième trimestre », explique François Cadudal, directeur économie à l’Itavi.

Début septembre, la cage représentait encore 35 % des mises en place, cette part est en chute libre depuis plusieurs années, d’abord du fait de la ruée vers le bio, puis le développement du plein air. « Ce qui reste fera en partie l’objet d’une transition progressive vers le sol. Mais la cage est encore recherchée pour l’export, notamment vers le Moyen-Orient, mais aussi pour certains débouchés français, comme les grossistes qui alimentent des supérettes ou des marchés forains. Pour ces secteurs, ce qui compte, c’est le prix », décrypte l’économiste.

Le sol prend le relais de la cage

Les débuts de la transition vers l’élevage alternatif ont été rapides et spectaculaires mais faciles, avec des consommateurs avides de promesses sur le bien-être. « Mais là, on rentre dans le dur, ceux qui restent sur la cage le font en conscience, pour des raisons budgétaires, encore plus dans un contexte inflationniste », alerte François Cadudal. Le code 3 est toujours présent dans la majorité des enseignes, mais certaines l’ont déjà supprimé, en avance sur leurs engagements communiqués en 2017. Entre 2020 et 2021, la cage a néanmoins encore perdu 5 points de parts de marché, avec 1 point vers le bio, 1 vers le plein air et 3 vers le sol.

« Un aliment si haut pendant si longtemps, c’est inédit ! » François Cadudal, directeur économie à l’Itavi

Revaloriser tous les codes, surtout le bio

Après un an et demi de hausse de l’aliment pondeuse, l’amont de la filière attend des négociations commerciales qu’elles prennent enfin en compte la flambée des coûts de production. « Aucune amélioration n’est attendue avant l’été, même si les prix se tassent ils resteront à des niveaux très élevés, alerte François Cadudal, un aliment si haut pendant si longtemps, c’est inédit ! » À cela vont s’ajouter les surcoûts engendrés par le déploiement de l’ovosexage. Mais c’est sur le bio que le renchérissement est le pire, avec la nouvelle réglementation. Les poulettes devront désormais être élevées en plein air, ce qui empêche d’induire la ponte via l’éclairage et limite la productivité.

Quant au passage de 95 % à 100 % d’aliments bio, « ça paraît anecdotique, mais c’est critique, ce sont des amidons et protéines très chers en bio et qui conditionnent la performance », explique l’économiste qui évalue le surcoût sortie élevage entre +15 à +25 % selon des premiers essais. « La répercussion de ces surcoûts pourrait freiner le recrutement de nouveaux acheteurs d’œufs bio, voire limiter les achats des consommateurs actuels », juge François Cadudal.

Les plus lus

« La France importe déjà du Mercosur pour 1,92 milliard d’euros de produits agricoles et agroalimentaires »

Ingénieur de recherche en économie de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (…

Zonage IAHP en Bretagne sur la plateforme PIGMA
Grippe aviaire : la France passe en risque élevé

Alors que la Bretagne compte 9 foyers de grippe aviaire depuis mi-août, c’est toute la France qui passe en niveau de risque…

Charcuterie
« Si on veut du porc français, il faut créer des élevages en France »

Les charcutiers sont frappés de plein fouet par la baisse de production porcine en France. Elle entraîne une hausse des…

conteneurs au port du havre
Mercosur : Produits laitiers, vins et spiritueux, ces filières ont-elles un intérêt à l’accord ?

Alors que la colère agricole retentit de nouveau, rallumée par l’approche de la conclusion d’un traité avec le Mercosur, la…

un poing géant aux couleurs du brésil écrase un tracteur
Mercosur : « Nous sommes aujourd’hui à un tournant décisif » s'alarment quatre interprofessions agricoles

Les interprofessions de la viande bovine, de la volaille, du sucre et des céréales étaient réunies aujourd’hui pour réaffirmer…

photo Eric Fauchon
« Le marché des produits halal a connu un fort ralentissement ces derniers mois » 

Les consommateurs des produits halal se sont détournés de la GMS en période d’inflation, fait rare pour ce segment qui a connu…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio