Yves Thuriès vise les cent boutiques pour 2020
Après avoir absorbé Maiffret, le chocolatier tarnais prépare une refonte de ses points de vente pour mettre en avant sa maîtrise de toute la chaîne de production, de la fève à la vente.
L’hiver fut gourmand pour Yves Thuriès. Le chocolatier de Marssac-sur-Tarn a avalé l’enseigne Maiffret, et mis la main sur ses six points de vente de la région parisienne. « Nous sommes très présents dans le sud de la France, et cette opération a permis d’améliorer notre maillage du territoire hexagonal », justifie le directeur général de la PME, Sylvain Quidel. Une « opportunité », financée en partie par une opération de crowdfunding – 350 000 euros levés sur la plateforme Lendix –, qui s’inscrit dans un plan plus vaste : passer de 71 boutiques actuellement à 100 boutiques d’ici à 2020. « Il nous faut encore nous développer à l’Ouest et dans le couloir rhodanien…, nous porterons ainsi notre chiffre d’affaires à 20 millions d’euros contre 15 millions à l’heure actuelle », précise le dirigeant.
Cette stratégie permet à l’entreprise d’augmenter sa productivité et d’assurer de nouveaux débouchés pour son site tarnais. Un million d’euros y ont été investis voilà cinq ans, et 400 tonnes de chocolat sortent chaque année de cet atelier, réparti en trois pôles : la fabrication de pièces de moins de 10 grammes, (60 % de la production), de tablettes (25 %) ou encore de corps creux moulés (15 %). Cet outil permet la mise au point, de manière très artisanale, de créations travaillées à la poche à douille, tout comme la production à façon pour d’autres marques grâce à une ligne de production dédiée aux tablettes. Au total, l’entreprise compte une soixantaine de salariés.
Faire évoluer la marque
Côté distribution, le projet de développement se fera en franchises et en succursales. « Tenir la main sur des boutiques nous permet de conserver un pied dans la distribution, d’assurer notre présence sur des lieux stratégiques et de comprendre au mieux les problématiques de nos franchisés », assure Sylvain Quidel, qui compte ainsi garder en propre un tiers de ses points de vente.
Quant à l’enseigne Maiffret, elle sera rangée au placard à la prochaine rentrée de septembre et ses boutiques passeront sous la bannière Yves Thuriès. L’entreprise profite de ce rachat pour faire évoluer sa marque. Objectif : mettre en avant son identité de chocolatier-récoltant. « Notre maison mère, le groupe Salpa, commence à tirer les fruits des plantations de cacao (500 ha, ndlr) où elle a investi en Équateur d’une part, et de noisettes dans le Lot-et-Garonne (200 ha, ndlr), d’autre part », explique le directeur général d’Yves Thuriès.
Des récoltes entièrement dédiées au site de production tarnais qui reprend ainsi le contrôle de l’amont et peut revendiquer un chocolat 100 % Équateur.
Cap vers l’étranger après 2020
« Cette maîtrise de toute la chaîne garantit suivi et qualité pour nos produits », estime Sylvain Quidel. La notion de récoltant est ainsi adossée à celle de meilleur ouvrier de France, gage de savoir-faire donné par le nom Yves Thuriès. Le fondateur de la marque, s’il ne possède plus de participations au capital de la société, « contribue toujours au développement des produits, et garde un rôle de conseil », assure la direction.
Après 2020, c’est vers de nouvelles contrées que se tournera la PME pour se développer. Pour l’instant, les quelques volumes écoulés sur des marchés étrangers restent marginaux. Là, il s’agira d’engager des investissements plus lourds pour s’installer sur des marchés porteurs, en Amérique du Nord ou en Asie.
Salpa, une maison mère alsacienne
Holding créée en 1997, née de la fusion de la Compagnie française de chocolaterie et de confiserie (CFCC) et de la compagnie Chocolats et confiseries de luxe (CCL), la Société alsacienne de participations agro-alimentaires (Salpa) regroupe plusieurs marques de chocolat, mais aussi un torréfacteur (Coffea), une activité de négoce de thés (Comptoir français du thé) ou encore un musée du chocolat. C’est en 2013 que le chocolatier éponyme cède sa marque Yves Thuriès, son réseau d’une cinquantaine de boutiques et son outil de production à la Salpa.