Y aura-t-il assez d’agneaux français pour Pâques ?
La production française d’agneaux a reculé en 2022 et l’offre pourrait manquer à Pâques. Les importations, si elles se redressent, restent modestes.
La production française d’agneaux a reculé en 2022 et l’offre pourrait manquer à Pâques. Les importations, si elles se redressent, restent modestes.
La production française d’agneaux a souffert en 2022. Les abattages contrôlés ont reculé de 9,9 % en tonnes en cumul sur les onze premiers mois de l’année, selon les données d’Agreste. « La filière s’interroge sur les disponibilités pour 2023. Il y a eu une décapitalisation au second semestre, à cause de la sécheresse qui a conduit à une baisse des disponibilités de fourrage et de la hausse des coûts de l’aliment. Il y aura des répercussions sur le disponible cette année », explique Cassandre Matras, responsable de projets au département économie de l’Idele. En effet, Agreste indique une hausse de 4,1 % du nombre d’ovins de réforme abattus sur onze mois, hausse qui s’est récemment accélérée avec un bond de 16,5 % sur le seul mois de novembre.
Des inquiétudes pour Pâques
En ce début d’année, les sorties de lacaunes, un peu tardives, font face à une demande atone. « L’inflation pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, qui se détournent de la viande ovine, parmi les plus chères du rayon », constate Cassandre Matras. De quoi voir baisser un peu la cotation, qui avait atteint des sommets inédits en décembre, au-delà des 8,50 €/kg. « Mais aura-t-on assez d’agneaux en avril ? Cette année, Pâques et le ramadan tombent aux mêmes périodes. Or, la demande musulmane est importante en France, on peut se poser la question de l’offre », s’interroge l’économiste.
Sur le reste de l’année, les prévisions de l’Idele sont à une offre à peu près stable, la tenue du marché dépendra donc de l’évolution de la demande face à l’inflation.
Une consommation qui dépend des importations
Malgré la baisse de la production de viande ovine, le disponible consommable en France a légèrement augmenté, +1,6 % en cumul sur les neuf premiers mois de l’année, calcule l’Idele. « On retrouve les niveaux de 2020, mais c’est bien inférieur à 2015 », nuance Cassandre Matras. Ce regain sur un an est à relier à la reprise de nos importations. En cumul sur les dix premiers mois de l’année, elles ont bondi de 8 % (hors viande réexportée), peut-on lire dans une note Agreste.
Le Royaume-Uni affiche une croissance de 13 %, « grâce à la normalisation des échanges après le Brexit », justifie-t-elle, même croissance pour l’Irlande. « Le fait majeur était la reprise des envois de la Nouvelle-Zélande, +29 %, le pays s’est repositionné sur le marché français dans un contexte de mauvaise demande chinoise au premier semestre 2022 », explique l’ingénieure agronome. Un retour de la marchandise néo-zélandaise qui pourrait rester d’actualité en 2023, car les flux sont demeurés toniques au second semestre (+117 % en octobre par exemple), alors même que la demande chinoise avait donné des signes de reprises.
De quoi alimenter la consommation française, qui dépend à 51 % des importations, selon le dépliant Idele 2022 (données 2021), et permettre aux ménages moins aisés de profiter de la viande ovine. Car si les prix français demeurent élevés, « les prix des agneaux ont reculé dès la fin 2022 au Royaume-Uni et en Irlande, faute de demande sur le continent », rapporte Cassandre Matras.