Viande : pourquoi l’abattoir de Lyon-Corbas a-t-il remis à neuf sa salle de vente ?
L’outil industriel de Lyon-Corbas a été redimensionné, permettant de gagner en efficacité. Les travaux ont consisté à moderniser la salle de découpe et des ventes.
L’outil industriel de Lyon-Corbas a été redimensionné, permettant de gagner en efficacité. Les travaux ont consisté à moderniser la salle de découpe et des ventes.
L’abattoir de Lyon-Corbas a achevé ses travaux de modernisation de sa salle de découpe et des ventes, qui ont été lancés courant 2021, nécessitant un investissement de 3,5 millions d’euros. Sur ce montant total, 600 000 euros sont issus de subventions, la moitié en provenance de la Région Rhône-Alpes, du département et de la métropole lyonnaise, l’autre moitié du fonds européen agricole pour le développement rural (Feader). « Cela faisait au moins cinq ans qu’on pensait à ce chantier avant le lancement des travaux. Ils ont pu être financés grâce aux aides publiques et à l’adossement des groupes coopératifs propriétaires de nos structures », raconte Philippe Giraud, directeur d’Alpes Provence Agneaux, structure d’Arterris Viandes, domiciliée sur le site de Lyon-Corbas. Le site d’abattage était historiquement situé à Gerland, dans le VIIe arrondissement de Lyon, mais a déménagé à Corbas, au sud de la ville rhodanienne, afin d’avoir des locaux plus grands.
Une remise aux normes nécessaire
Ouvert en 1977, l’abattoir transformait 40 000 tonnes de viande par an. Aujourd’hui, après des crises successives, à commencer par la vache folle en 2001, et une conjoncture dessinant une déconsommation constante de la viande, la société n’en transforme plus que 6300 tonnes par an. « L’outil était disproportionné. Il était beaucoup trop grand et devait être réadapté. De plus, il était vieillissant et avait besoin d’être remis aux normes. Depuis l’ouverture, il n’avait jamais été modernisé », détaille Philippe Giraud. Auparavant, sept sociétés se partageaient les locaux, mais aujourd’hui, la société Sopacel, du groupe coopératif Celmar, est le colocataire unique d’Alpes Provence Agneaux. « Moins on est nombreux, plus les parts sont grosses », indique Philippe Giraud, en référence aux coûts d’entretien et de maintenance du site.
De meilleures conditions de travail
L’isolation du site multi-espèces (bœuf, agneau, veau) a été complètement refaite, permettant à la société de générer un froid de meilleure qualité, réduisant ainsi ses dépenses énergétiques. « Le redimensionnement de l’outil permet une économie d’énergie, de nettoyage et de temps de travail quotidien pour la soixantaine de personnes qui opèrent sur le site. Le plafond a notamment été descendu, précise Philippe Giraud. C'est comme un restaurant : si on laisse les cuisines se dégrader, c'est très mauvais d'un point de vue sanitaire ». Mais le chantier a surtout été consacré à l’amélioration des conditions de travail des salariés pour réduire la pénibilité. « Être aux normes, c’est assurer la pérennité de nos entreprises », assure-t-il. La salle de découpe et des ventes est ainsi équipée de bras de relevage, avec des rails qui s’attachent directement aux camions. Les carcasses arrivant déjà sur rail depuis la salle de mise à mort, ce nouvel aménagement leur permet donc de circuler intégralement depuis la mort de l'abattage de l'animal jusqu'au chargement sans jamais être portée par les salariés.
Les salariés n’ont ainsi plus à porter les carcasses, mais juste à les faire glisser le long du rail de la salle jusqu’au rail du camion. Les quais de chargement ont ainsi été remis à niveau, pour plus de fonctionnalité dans le travail au quotidien. « Ces nouveaux aménagements amènent plus de sécurité, moins de pénibilité et plus d’efficacité », résume Philippe Giraud. Les salariés bénéficient par ailleurs de nouveaux locaux, avec des vesrtiaires modernisés et une salle de pause. Des salles pour des réunions administratives ont également été aménagées.
La société Cibevial, propriétaire de l’ensemble du site d’abattage de Lyon-Corbas, a pour ambition d’étendre la modernisation à l’ensemble des abattoirs d’ici aux prochaines années.
Décupler la présence en restauration
Les travaux ont permis à l’abattoir de tout mettre en oeuvre pour investir à moyen terme de nouveaux marchés comme la restauration, secteur prisé par les importations sur lequel les produits transformés de Lyon-Corbas ne sont que trop peu présents. « Beaucoup de restaurateurs sont à la recherche de viande française et de qualité », note Alexandre Faure, responsable marketing d’Arterris Groupe. Avec la métropole lyonnaise, le site de Lyon-Corbas est implanté dans un grand bassin de consommation tout en étant proche d’éleveurs locaux de viande bovine. Le potentiel est grand.
Des économies d’énergie bienvenues
Alpes Provence Agneaux souffre de l’inflation et se bat pour faire passer la hausse des tarifs à ses clients. « C’est le nerf de la guerre du moment, commente Philippe Giraud. Mais nos clients en ont conscience et sont à l’écoute. Eux aussi sont concernés et ont eux-mêmes leurs hausses des charges qui s’empilent à chaque stade de la transformation de la viande. » La fin des travaux a donc été la bienvenue pour Alpes Provence Agneaux et Sopacel.
« Notre outil était disproportionné », Philippe Giraud, directeur d’Alpes Provence Agneaux
Avec leur froid plus efficace et la meilleure isolation, la facture énergétique a pu être quelque peu équilibrée. « On ne peut pas non plus couper les frigos sous prétexte de faire des économies d’énergie. Certaines charges sont incompressibles », lance-t-il. Le site de Lyon-Corbas arrive en fin de contrat avec son fournisseur de gaz et est en pleine phase de négociation. La facture risque d’être multipliée par quatre à l’avenir. Les charges de transport d’Alpes Provence Agneaux ont augmenté de 20 % et s’additionnent aux hausses logistiques et à celles de la main-d’œuvre.
Malgré l’explosion de toutes ces charges, « le modèle de fonctionnement du site n’est pas remis en cause », souligne Philippe Giraud.
en chiffres
1977 : ouverture du site Lyon-Corbas ; 40 000 tonnes de viande transformées à l’ouverture ; 6400 tonnes transformées en 2022. Les travaux ont coûté 3,5 millions d’euros. Le site a bénéficié de 600 000 euros de subventions.
Les abattages d’agneaux poursuivent leur baisse en 2022 en France
La situation d’Alpes Provence Agneaux, qui abat aujourd’hui environ 300 bovins et 1200 agneaux à l’année, n’est pas un cas isolé. En effet, la production de viande ovine en 2022 en France a poursuivi sa diminution, affichant -3 % en volume par rapport à 2021, pour un total de 79 290 tonnes équivalent carcasse. Ce total se situe 2 % sous la moyenne des cinq dernières années. L’institut de l’élevage relaie un net recul des abattages d’agneaux (-4 %), atteignant 3,5 millions de têtes au total. L’alimentation des animaux a été onéreuse et peu disponible à cause de la sécheresse et de l’inflation.