Porc bio
Vallégrain ou l’indépendance retrouvée
Le groupe familial Vallégrain a retrouvé toute son indépendance financière et stratégique après deux ans de redressement judiciaire, grâce à son atelier de découpe de Nogent le Rotrou (28), la réorganisation de tous ses flux et une stratégie d’élargissement de ses gammes.
Le groupe familial Vallégrain a retrouvé toute son indépendance financière et stratégique après deux ans de redressement judiciaire, grâce à son atelier de découpe de Nogent le Rotrou (28), la réorganisation de tous ses flux et une stratégie d’élargissement de ses gammes.
En bordure de la ville de Nogent le Rotrou, l’atelier de découpe de Vallégrain occupe l’ancien site AIM (ex-Perche Viande, ex-Sica Perche). « Ce site était auparavant dédié aux bovins mais il était désaffecté et complètement obsolète. Il ne restait que la charpente et la dalle ce qui, après la rénovation par la communauté de communes qui nous a fait confiance, nous a permis de dessiner l’outil optimisé d’aujourd’hui » résume Guillaume Piveteau, responsable du site.
Pour Francis Leveau fondateur du groupe qui se définit comme un éleveur allé vers l’aval pour ramener la valeur ajoutée à la production, c’est bien cette nouvelle organisation industrielle qui permet à Vallégrain de sortir la tête haute avec un plan de continuation validé par le tribunal début novembre 2020.
Le site donne à l’entreprise la respiration dont elle avait besoin. Elle lui permet d’optimiser de surcroît tous ses flux entre les outils de production que sont l’abattoir de Chérancé (Sarthe), qui abat 7 200 porcs et 1 000 porcelets par semaine, l’atelier découpe historique ouvert en 1994 à Coudray au Perche (28) qui se consacre désormais au développement des produits élaborés avec le site de Rungis et ce nouvel atelier de Nogent le Rotrou.
Au départ, la volonté de la valeur pour l’amont
Fondé en 1989 sur la volonté de valoriser des produits porcins du Perche vendus en circuits courts avec un premier atelier de découpe sur la Ferme de Vallégrain, le groupe compte désormais 400 salariés. La reprise de l’abattoir, en 1997, a donné une première impulsion sur la maîtrise de la qualité des produits dès la génétique porcine, via le centre d’insémination fondé avec des partenaires vétérinaires en 1999. Puis les années 2000 voient le lancement des cahiers de charges avec l’objectif d’avoir 100 % de porcs au minimum certifiés. Les porcs Bleu-Blanc-Cœur, label Rouge puis bio font successivement leur entrée. Le groupe conserve un pied dans la production avec 5 % des porcs abattus (ce qui en fait représente 15 % des porcs label Rouge), le reste étant principalement apporté par 180 éleveurs sous contrat (5 200 porcs/semaine) avec des critères sur l’alimentation des porcs et une sécurisation des prix. Le reste est abattu pour le compte de différents opérateurs dont le sarthois Cosme. La stratégie est de monter en gamme et le groupe cherche donc à recruter de nouveaux éleveurs, notamment en label Rouge, l’abattoir n’était pas saturé. Il est aussi capable de certifier l’élevage dans un département donné, par exemple la Sarthe ou l’Indre-et-Loir, pour les clients qui le lui demandent.
Notre idée c’est de développer un modèle de production viable pour de jeunes éleveurs
La nouveauté 2020 c’est le démarrage d’une exploitation bio, portée par la filiale Vallegrain Développement, fondée en partenariat 50/50 avec Fleury Michon. « Notre idée c’est vraiment de développer un modèle de production viable pour de jeunes éleveurs. La ferme de Théligny en Sarthe est donc un démonstrateur que nous n’avons pas vocation à conserver mais qui va alimenter notre filière commune » précise Francis Leveau. Il conserve la présidence de cette filiale, mais a laissé les rênes du groupe à ses trois enfants : Edouard, désormais PDG, Julie en charge de la supply chain (dont la flotte interne de camions) et Alexis qui s’occupe des outils industriels.
Développement vers la saucisserie
Bien ancré sur le marché de détail (boucherie-charcuterie-traiteur), Vallégrain fournit aussi les rayons traditionnels des GMS en viandes et produits transformés avec une gamme assez large qui a démarré avec des terrines en bocaux. Elle se développe fortement avec toute la saucisserie sans additifs, l’offre croissante de portions (boulettes, paupiettes) et le développement de recettes. « Vallégrain prépare par exemple 10 références de chipolatas contre 4 il y a deux ans et de multiples marinades » détaille Yohann Gigou, responsable marketing – communication du groupe. L’un des objectifs est d’accentuer sa présence dans les rayons libre-service. « Nous aimerions bien aussi aller un cran plus loin et que nos clients salaisonniers valorisent aussi auprès du consommateur et donc sur leurs étiquettes, l’origine de leurs viandes avec notre marque » sourit Francis Leveau. C’est déjà le cas dans le rapport RSE du charcutier Bahier.
3 500 m2 pour l’atelier de découpe
Lancé dès 2016, le projet d’un nouvel atelier de découpe à Nogent le Rotrou s’est concrétisé au printemps 2018. La Communauté de Communes a réhabilité cette ancienne friche industrielle dont il ne restait que la charpente et la dalle. Puis Vallégrain a investi 800 000 € pour l’aménager à sa main : les deux tapis de découpe de son précédent atelier à Coudray au Perche sont désormais dédiés l’un aux jambons, l’autre aux carrés, quand le nouveau tapis principal donne beaucoup plus de place aux opérateurs de la demi-carcasse à la découpe. L’aménagement des postes de travail passe par des caillebotis réglables selon la taille de chacun, les postes d’aiguisage des couteaux et par l’approvisionnement par chaine des bacs de manutention. « Nous découpons actuellement 7 000 porcs par semaine. Nous avons encore un peu de marge et nous pourrions atteindre 11 000 porcs moyennant quelques investissements comme le doublement du tapis central » pointe Guillaume Piveteau, responsable du site.