Circuit court
Utopi’hall, le magasin d’une ferme citadine
Le concept, créé à Angers par Victor Flomont et Sébastien Moreau, associe un magasin de producteurs locaux et une ferme verticale urbaine. Reportage.
Le concept, créé à Angers par Victor Flomont et Sébastien Moreau, associe un magasin de producteurs locaux et une ferme verticale urbaine. Reportage.
Pour un consommateur angevin pressé, Utopi’hall peut être vu comme un magasin de producteurs comme il en fleurit aujourd’hui un peu partout. Derrière les étals de fruits et légumes, pourtant, une grande baie vitrée intrigue. On y voit, en cours d’installation, plusieurs rangs de tablettes métalliques qui composeront d’ici peu une ferme urbaine verticale.
Ce concept global et unique en France, Victor Flomont le porte depuis six ans. Désireux de promouvoir une consommation responsable, cet ancien visiteur pharmaceutique à L’Oréal a d’abord souhaité installer une ferme sur le toit du théâtre du Quai à Angers. Devant l’infaisabilité technique du projet, il n’a pas renoncé et a trouvé une friche près du Min d’Angers. Rejoint par le Nantais Sébastien Moreau, passé par le groupe Carrefour, il y a ouvert le 15 mars Utopi’hall.
Porteuse de sens dans la veine du circuit court, l’idée d’associer un magasin à une production répond aussi à une logique économique. « La ferme urbaine, qui reste un modèle à travailler, pose des problèmes de rentabilité. Des problèmes que l’on peut contrebalancer avec un outil de distribution », explique Victor Flomont.
D’une surface de 272 m2, le point de vente propose environ 3 000 références, dont une partie en non alimentaire, sourcées auprès de 90 producteurs locaux. « Notre logique est celle des circuits ultracourts plus que du bio. Mais tous nos producteurs ont une réelle conscience écologique. On va voir sur place, on discute », précise Victor Flomont.
Un second magasin à Nantes puis la franchise
S’agissant des variétés produites sur place, les créateurs d’Utopi’hall ont fait le choix de la complémentarité avec celles des producteurs partenaires du magasin. Les clients pourront trouver une trentaine de variétés de jeunes pousses et herbes aromatiques à la fraîcheur garantie. Cette production sera également destinée aux hôtels et restaurants, les éventuels surplus pouvant être écoulés chez les grossistes du Min d’Angers, idéalement situé à côté de la ferme.
À côté de cet aspect magasin d’usine, Utopi’hall cultive sa différence par son agencement, ses animations et ses équipements. À l’entrée, un piano est accessible à tous comme dans les gares ou centres commerciaux. Les chariots ont été fabriqués en bois spécialement pour le point de vente. « Les gondoles sont volontairement basses pour offrir une vision globale du magasin », décrit Victor Flomont.
Différents espaces sont prévus pour des animations. La halle du producteur accueille chaque semaine un partenaire.
Retrouver le plaisir de faire ses courses
Celle du curieux est accessible aux associations locales en phase avec la philosophie du magasin et aux clients pour une offre de restauration rapide. À l’heure du drive et de la livraison à domicile, Utopi’hall fait le pari d’un magasin où l’on s’attarde, où l’on retrouve « le plaisir de faire ses courses », résume Victor Flomont.
Un second magasin devrait ouvrir dès 2020 dans l’hypercentre de Nantes, avec un espace de vente plus grand et une ferme urbaine au format réduit. Victor Flomont et Sébastien Moreau souhaitent en parallèle ouvrir rapidement leur concept à la franchise.
Une ferme urbaine conçue par Florentaise
Les créateurs d’Utopi’hall ont fait appel à Florentaise, leader français des supports de culture, pour concevoir et gérer la ferme urbaine attenante à leur magasin de producteurs. La PME s’est lancée dans l’aventure en 2015 et a réalisé à Saint-Mars-du-Désert (44) un démonstrateur à taille réelle de sa ferme verticale HRVST. La production se fait sous leds, avec un circuit fermé d’eau et de nutriments, sans phytosanitaires ni plastiques, les plantes grandissant dans des pots en fibres de bois. Le système, qui combine sécurité alimentaire et culture optimisée en temps et espace, trouve sa première réalisation concrète à Angers. Comptant deux rangées de sept tablettes de 18 x 1,2 m, cette ferme a un potentiel d’un million de plants par an.