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Produits de la mer
Unima règne en maître sur la crevette label Rouge

À Boulogne-sur-Mer, Unima cuit la seule crevette label Rouge du marché mondial. Un positionnement haut de gamme qui permet au groupe de se démarquer de la concurrence internationale.

Chaque année, ce sont 3 500 tonnes de crevettes Penaeus monodon en provenance de Madagascar qui sortent d’Unima Frais, l’atelier de cuisson du groupe Unima implanté à Boulogne-sur-Mer. Situé à Isques sur la zone de Landacres (62) et opérationnel depuis 2005, Unima Frais emploie 25 salariés permanents, un nombre qui peut monter jusqu’à 80 personnes en fin d’année, période pendant laquelle l’entreprise réalise 20 % de son activité annuelle. « C’est le seul atelier de cuisson de notre filière, dont la particularité est d’intégrer toutes les étapes : de l’élevage des géniteurs à celui des crevettes, de leur alimentation et de la cuisson à la distribution », explique Valérie Croix-Marie, responsable marketing d’Unima Distribution, une des filiales du groupe.

Des entrepreneurs d’origine indienne

À Madagascar, le plus gros producteur de crevettes est Français. C’est l’une des plus grandes familles de l’île qui est à l’origine du groupe Unima. Il a été créé par la famille Ismail, une dynastie d’entrepreneurs d’origine indienne installée sur l’île depuis 1850.

Ils ont d’abord assuré leur réussite dans le commerce, puis le textile avec la création du groupe Socota (divisé en deux branches distinctes en 1989) et enfin dans les produits de la mer. Alors que la branche textile est pilotée par d’autres membres de la famille, l’activité pêche et aquaculture de crevettes est développée par Aziz Ismail dès 1965, puis par son fils Amyne à partir de 1998.

Actuellement directeur général d’Unima (50 M€ de CA), le représentant de la cinquième génération préside aux destinées d’Unima Frais (3,036 M€ de CA en 2016) et d’Unima Distribution (39,4 M€ de CA en 2016 avec un résultat net de 1,163 M€). Il est également vice-président de la division aquaculture du Groupement des aquaculteurs et pêcheurs de crevettes de Madagascar (GAPCM).

Cinq mois d’élevage

C’est en rachetant une petite entreprise de pêche à la crevette (les pêcheries de Nossi-Be) en 1973 qu’Aziz Ismail a parié sur la domestication des Penaeus monodon. Depuis 1990, celles-ci sont élevées dans d’immenses bassins aquacoles entourés de mangrove sur la côte nord-ouest de Madagascar. Leur alimentation provient en partie de la production naturelle des bassins, le complément provenant de nutriments d’origines végétale et marine fabriqués sur l’île de La Réunion (Le Port). Unima y a investi dans une usine d’aliments en coopération avec une coopérative locale pour produire « un aliment sans OGM et sans antibiotique ».

Hautement gardé et à l’abri des bactéries pathogènes et autres parasites grâce à une maîtrise des circuits d’eau, l’élevage des 140 géniteurs ainsi que l’écloserie sont nichés dans la baie de Moramba. Les deux fermes d’élevage avec leur unité de conditionnement sont situées sur la côte : l’une à Mahajamba et l’autre à Besalampy (450 ha). Contrairement aux élevages intensifs, où les densités d’élevage peuvent aller jusqu’à 100 à 200 crevettes/m2, Unima ne dépasse pas les 15 à 20 crevettes/m2. Et au bout de 5 mois, les crevettes pèsent en moyenne 38 grammes.

C’est un modèle vertueux qui profite à une région pauvre où une économie s’est installée progressivement (eau potable, marché, dispensaire, école…). Néanmoins, un tel modèle n’a pas empêché Unima d’être frappé par le syndrome de taches blanches (White spot) en 2011. Présent dans le milieu naturel, ce virus est véhiculé par les crevettes et les crabes à l’état sauvage. Depuis, Unima a investi 25 millions d’euros dans une station d’épuration de l’eau de mer !

Des crevettes 3 à 4 fois plus chères

Une fois pêchées, les crevettes sont plongées dans un bain d’eau glacée et meurent quelques secondes après : « on respecte le bien-être animal tout en préservant la qualité des gambas », expliquait en novembre dernier Amyne Ismail à l'émission Thalassa. C’est ce qui vaut aussi à cette crevette malgache d’être la seule au monde à posséder le label Rouge depuis 2003. Congelées, elles sont ensuite expédiées par conteneurs par bateau et débarquées 2 à 3 mois plus tard, soit à Fos-sur-Mer ou à Dunkerque pour être dirigées ensuite vers l’atelier de cuisson de Boulogne-sur-Mer. Mais le modèle qui consiste à vouloir produire les meilleures crevettes du marché a son revers : avec des prix de vente situés entre 30 à 50 €/kg, les crevettes label Rouge d’Unima sont 3 à 4 fois plus chères que leurs concurrentes.

Aujourd’hui, Unima emploie 2 300 personnes et exporte ses crevettes vers l’Europe, l’Asie et les États-Unis. Il dispose également de deux filiales en Espagne et au Portugal. Sa stratégie ? Se différencier au maximum des gros pays producteurs qui pratiquent l’élevage intensif. Une image en pleine cohérence avec les valeurs défendues par l’entreprise. Amyne Ismail a d’ailleurs conclu un partenariat avec le Fonds mondial pour la nature (WWF) en 2007.

Entre 5 à 10 jours de DLC

Une fois sorties des frigos, les crevettes sont disposées sur le tapis du tunnel de décongélation. Au terme de ce processus, elles subissent la cuisson. « La décongélation se fait par aspersion d’eau chaude et on doit respecter le couple temps/température », précise Andry Andrian-Harivelo, responsable de production. « Selon les calibres, la crevette y reste entre 3 et 7 minutes », rajoute-t-il. Pour stopper la cuisson, on plonge la crevette dans une eau saumurée à -3 °C, ce qui permet d’obtenir une température de 0 °C à cœur. Les crevettes sont ensuite conditionnées et stockées. Leur DLC est de 5 jours (réfrigérées) ou 10 jours (sous atmosphère protectrice).

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