Un marché qui devrait doubler d’ici à 2020
Représentant 75 millions d’euros en 2015, les ventes de produits sans gluten progressent en France. État des lieux de ce marché avec Unigrains, qui est récemment entré au capital d’ABCD Nutrition.
Revendiqué par le tennisman Novak Djokovic et encensé par les magazines bien-être, le régime sans gluten s’est démocratisé ces dernières années. « Le marché du sans gluten est difficile à quantifier, car il faut bien définir le périmètre des produits étudiés. Il y a les produits transformés reformulés pour être sans gluten, comme les biscottes ou le pain, les produits portant le logo de l’Association française des intolérants au gluten, ou encore les produits qui se revendiquent sans gluten, dont certains le sont naturellement », explique Céline Ansart-Le Run, responsable d’études économiques et stratégiques chez Unigrains.
Selon Euromonitor, le marché mondial des produits reformulés pour être sans gluten représente 3,3 milliards de dollars en 2015. Il a connu une croissance de 15 % par an depuis 2005. « Il devrait continuer à croître d’ici à 2020, mais plus modérément, environ 6 % par an, pour atteindre 4,4 milliards de dollars », avance Céline Ansart-Le Run.
150 M€ d’ici à 2020
En France, les produits reformulés pour être sans gluten représentaient 75 millions d’euros en 2015. « Nous estimons que ce marché devrait doubler d’ici à 2020 pour atteindre 150 millions d’euros », détaille Céline Ansart-Le Run. Deux acteurs internationaux se partagent plus de la moitié du marché français, l’Italien Dr. Schär et le Japonais Nutrition & Santé, aux côtés de PME comme ABCD Nutrition, Nature & Cie ou encore Soreda Diet et sa marque Glutabye. « On retrouve également des spécialistes des produits diététiques ou bios, comme Léa Nature, ou des experts de la filière céréalière conventionnelle, comme Panzani, qui ont développé une gamme sans gluten. Cela fait beaucoup d’acteurs sur un petit marché », souligne la responsable d’études économiques.
La distribution reste largement partagée entre les magasins spécialisés dans le bio et la GMS traditionnelle, une petite part seulement des achats étant effectuée en pharmacie, sur Internet ou chez des distributeurs de produits surgelés.
Alors faut-il s’attendre à un essoufflement du marché du sans gluten, une fois l’effet de mode passé ? Pour Céline Ansart-Le Run, les perspectives de croissance sont bien présentes, « la France est en retard sur ses voisins européens et sur les États-Unis. Et d’un point de vue médical, le diagnostic des malades cœliaques progresse et l’hypersensibilité au gluten est davantage prise en compte par les professionnels de santé ».
La consommation de produits sans gluten sans justification médicale pourrait toutefois s’amoindrir, certains produits ne s’inscrivant pas dans la tendance de naturalité recherchée par les consommateurs. De par leur formulation et pour compenser l’absence de gluten, ils peuvent contenir des additifs ou être plus gras ou plus sucrés que leurs homologues avec gluten. « Il nous paraît donc important pour les fabricants de développer des produits gourmands, de qualité, avec des marques fortes », conclut Céline Ansart-le Run.