Fruits et légumes
Un accord interprofessionnel dans la filière abricot fait débat
La Confédération paysanne conteste un accord interprofessionnel dans la filière abricots qui a été renouvelé le 14 mai 2019. Pour le syndicat, la norme de commercialisation qu’il impose pour les circuits courts est un bâton dans les roues des producteurs.
Le 14 mai 2019, le renouvellement d’un accord interprofessionnel sur les abricots dit « calibrage-marquage » met le feu aux poudres de la filière. La Confédération paysanne se fend en fin de journée d’un communiqué de presse, estimant que cet accord « attaque les circuits courts ». Le syndicat agricole considère que l’obligation de calibrer les abricots lorsqu’ils sont vendus sur les étals des marchés ou dans des magasins de producteurs et de les emballer si leur destin est de finir en confiture est « une attaque contre la vente directe, véritable îlot de survie pour de nombreux producteurs qui tentent d’échapper au marasme des circuits longs ».
Cet accord est une attaque contre la vente directe
« Ces dispositions vont en effet entraîner une augmentation du temps de travail et des investissements supplémentaires inutiles », estime la Confédération paysanne. « Il s’agit d’imposer à la vente directe d’abricots les règles de calibrage et d’emballage actuellement en vigueur pour les détaillants. Pour satisfaire les contrôles, les paysannes et paysans vendant leurs produits en direct seront ainsi obligés de s’équiper en matériel de calibrage coûteux et de sceller tous les abricots à confiture dans des emballages fermés », ajoute le syndicat qui a voté contre cette mesure lors du conseil d’administration d’Interfel qui a eu lieu le 14 mai après-midi.
Des dispositions vieilles de dix ans
La réponse de l’interprofession ne se fait pas trop attendre, puisque dès le lendemain, Interfel rétorque par un « fake news ». « La proposition de reconduction de cet accord interprofessionnel abricots “calibrage-marquage” – qui prendrait effet en 2020 (vote le 4 juin) – est le fruit d’une décision collective, portée majoritairement par les familles des producteurs elles-mêmes (5 organisations sur 6 du collège “amont” ont donné un avis favorable) », écrit l’interprofession dans un communiqué daté du 15 mai.
Pour Interfel, cet accord est un moyen de mieux valoriser la filière abricots, en proposant aux consommateurs de meilleurs produits. « Interfel souhaite poursuivre la montée en gamme de ses produits, dans la lignée de ses engagements lors des états généraux de l’alimentation ». Cet accord permet aussi « de diminuer considérablement le gaspillage alimentaire en valorisant les petits calibres et fruits comportant des défauts et qui, souvent moins gustatifs, ne trouvent pas preneurs sur le marché du frais ». Enfin, « cet accord répond au souhait de la filière de recourir à ce calibrage afin de garantir la transparence et la loyauté des relations commerciales », fait valoir l’interprofession.
Une saison 2019 prometteuse
Alors que les premiers abricots français commencent à être récoltés, les premières prévisions pour la récolte 2019 s’annoncent plutôt prometteuses. Après une année 2018 catastrophique principalement due au gel, la production française devrait retrouver son potentiel de production de 158 000 tonnes, en progression de 43 %, selon les prévisions présentées par Europêch dans le cadre du Medfel. La concurrence européenne restera rude, puisque ce sont 632 000 tonnes qui pourraient être produites au niveau européen, soit 17 % de plus que la moyenne 2013-2017 et 12 % de plus par rapport à 2018. Ce niveau reste toutefois en dessous de la très forte production 2017 (680 000 tonnes), en raison d’une baisse attendue de la production espagnole de l’ordre de 36 % par rapport à 2018.