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Coopérative sucrière
Tereos accroît ses performances et revient aux bénéfices

Le groupe coopératif Tereos se remet d’une lourde perte. Il accroît sa part de marché dans l’Union européenne et récolte les premiers fruits de son plan. Explications du président du directoire Alexis Duval.

L’exercice passé, 2018-2019, restera l’un des plus désastreux financièrement de l’histoire de Tereos. Ayant étendu fortement ses surfaces plantées en betterave sucrière dans le cadre de la disparition des quotas, le groupe coopératif avait subi la chute des cours mondiaux et des prix européens du sucre. Résultat : 260 millions d’euros de perte nette. L’exercice 2019-2020 clos au 31 mars 2020 est celui du retour aux bénéfices, avec 24 millions d'euros de résultat net pour un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros, en légère progression, de 1,2 %. L’amélioration des résultats opérationnels y est pour beaucoup. Ainsi, l’Ebitda global a progressé de 53 % à 420 millions d’euros.

Tereos étant très implanté à l'étranger, cette part croissante de l’Ebitda est largement engendrée par la division Sucre international (222 millions d'euros d’Ebitda), en croissance de 32 %. Les divisions Sucre Europe et Amidon et produits sucrants y contribuent respectivement pour 23 % et 22 %.

Mieux que Südzucker

C’est la division historique, Sucre Europe, qui progresse le mieux en résultat opérationnel : de 157 % à 95 millions d’euros. L’observatoire du marché européen du sucre de la Commission européenne vient de le confirmer dans son rapport d’avril 2020 : l’excédent communautaire est nul, deux ans après la campagne excédentaire de 2017-2018. Le prix moyen européen est remonté à 375 euros la tonne après avoir coulé jusqu’à 312 euros la tonne en début d’année 2019. Le groupe français exporte les deux tiers de sa production, essentiellement dans l’Union européenne. Et sa part de marché en Europe a augmenté chaque année depuis la fin des quotas, passant en trois ans de 11,3 % à 14,3 %. Il se place en volume de sucre très proche du numéro 1 européen, l’Allemand Südzucker. Le grand export, absorbant 5 % du volume vendu en 2019-2020, présente l’utilité d’une « variable d’ajustement », selon Alexis Duval, président du directoire de Tereos. Le groupe y accède par son réseau mondial de distribution.

Ambitions 2022

Lors de la présentation des résultats à la presse le 3 juin, Alexis Duval a mis en avant les bienfaits du programme de transformation Ambitions 2022, engagé il y a 18 mois à tous les étages et dans toutes les activités du groupe. Ce plan a engendré 75 millions d’euros de gains dont 60 millions d'euros au titre de 2019-2020. Ces 75 millions d'euros de gains financiers se répartissent entre les trois divisions : Sucre Europe – 33 millions d'euros ; Sucre international – 26 millions d'euros – Amidon et produits sucrants ; 16 millions d'euros.

Ainsi, la remontée des cours du sucre n’explique pas seule la performance opérationnelle. La direction le donne à visualiser en comparant ses résultats à ceux de Südzucker. Au quatrième trimestre, Tereos a engendré 66 millions d'euros d’Ebitda et le numéro 1 européen un Ebitda négatif de 39 millions d'euros.

Un autre évènement de l’exercice a profité au bénéfice : le désengagement du partenariat du Français avec l’Italien Etea, qui a apporté une plus-value de 140 millions d’euros. À la demande d’explications de l’AFP sur cette opération, Alexis Duval a précisé que Tereos avait un partenariat à parts égales dans l’amidon, une activité répartie entre l’Italie, la France et le Royaume-Uni. Tereos a repris la totalité de ses actifs français et cédé ses parts au Royaume-Uni « dans la perspective du Brexit », a-t-il invoqué. Une « soulte financière » s’est traduite par une « plus-value ».

50 % d’énergies renouvelables

Sur le plan énergétique, le groupe international se félicite d’avoir atteint en 2019-2020 « le seuil symbolique de 50 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique ». Il attribue ce passage à la croissance de son activité « d’électricité verte » au Brésil, à deux nouvelles unités de cogénération en France et en Indonésie, ainsi qu’à l’établissement d’un « méthaniseur de grande taille au Brésil ». « Tereos a été classé dans le top 1 % des entreprises de son secteur par Ecovadis pour ses pratiques en matière de durabilité », souligne le groupe qui dépense notamment beaucoup d’énergie en déshydratation : betterave, canne, pomme de terre, luzerne…

Tereos sort conforté de la crise provoquée par la libéralisation du secteur sucrier européen

« Grâce à sa performance, Tereos sort conforté de la crise provoquée par la libéralisation du secteur sucrier européen », a déclaré Jean-Charles Lefebvre, président du conseil de surveillance de Tereos. « ​Le groupe offre des perspectives d’avenir intéressantes pour l’activité agricole », fait-il valoir à l’adresse des coopérateurs. À leur attention, le groupe pointe un paiement moyen de la betterave récoltée en 2019 supérieur d’environ 9 % à ceux des concurrents français Cristal Union et Saint-Louis Sucre (groupe Südzucker). Il met en avant le fruit de la diversification (transformation des céréales, pomme de terre, international) dans les dividendes : 150 euros de mieux à l’hectare au cours de cinq dernières années.

L’ouverture du capital, un enjeu à long terme

Alexis Duval a affirmé que l’ouverture du capital demeurait « un enjeu à long terme », devant servir cette diversification.

En matière de perspectives proches, le directoire juge qu’il est trop tôt pour évaluer l’effet du confinement en lien avec le Covid-19. L’éthanol est un des produits les plus touchés. « Le groupe n’anticipe pas à ce stade d'effets défavorables structurels significatifs à moyen terme de cette crise sur ses marchés », déclarait-il lors de la présentation des résultats de l’année. En revanche, il compte sur la résilience des marchés alimentaires et un gain devant grimper à 200 millions d’euros dans deux ans grâce à Ambitions 2022.

L’axe stratégique des protéines de céréales

Tereos Starch & Sweeteners (TSS) estime sa part du marché mondial avec ses protéines de blé à 20 %, se positionnant ainsi en numéro 2 mondial. Le groupe revendique aussi 11 % du marché asiatique. Les protéines de céréales sont exportées depuis Singapour, où TSS a implanté un centre de recherche et développement en 2018. TSS possède des amidonneries en Chine (avec Wilmar) et en Indonésie (avec FKS). En décembre 2019, Tereos s’est associé au groupe chinois Jinnongbio, acteur majeur des protéines de riz en Asie. TSS commercialise les protéines de riz de Jinnongbio en Asie-Pacifique, à l’exclusion de la Chine. L’Ebitda des activités Amidons et produits sucrants (et des protéines végétales) de Tereos a progressé de 7 % à 93 millions d’euros de l’exercice 2018-2019 à 2019-2020.

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