Investissement
Sill prêt à se lancer dans le lait infantile
Le groupe privé breton Sill est tout proche de mettre en service sa tour de séchage ultramoderne de Landivisiau, spécialisée en lait infantile. Reportage.
Le groupe privé breton Sill est tout proche de mettre en service sa tour de séchage ultramoderne de Landivisiau, spécialisée en lait infantile. Reportage.
Au fond d’une zone d’activités industrielles de la ville de Landivisiau se dresse une tour carrée de 47 mètres de haut sur un bâtiment de 20 000 mètres carrés couverts. La tour de séchage ultramoderne du groupe Sill (Plouvien, Finistère) est à quelques mois du démarrage de ses activités prévues en septembre, ont indiqué ses dirigeants, vendredi 5 février lors de la visite du site par le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard.
Un chantier à 90 millions d’euros
C’est la toute dernière ligne droite de ce chantier à 90 millions d’euros mis sur pied il y a six ans, mais dont la première pierre n’a été posée qu’il y a un peu plus de deux ans. Sill avait un temps envisagé de la construire ailleurs. Toutefois, le groupe avait dû reculer face à la détermination de riverains. Finalement, Landivisiau avait accueilli Sill à bras ouverts.
Dans le paysage international des tours de séchage, la nouvelle tour Sill se place parmi les plus petites : 18 000 tonnes de capacités annuelles à partir d’une collecte de 50 millions de litres de lait. « Il s’agit d’une usine agile, souligne son directeur général, Yannick Fallourd, capable de produire des petites séries de produits à haute valeur ajoutée. » Ce sont des poudres de lait infantiles conventionnelles et en bio – Sill collecte près de 30 millions de litres de lait bio – adaptées à tous les nourrissons et tous les usages (anti-régurgitation, antidiarrhéique, etc.).
L’usine fonctionnera comme tous les outils spécialisés dans le sec : réception du lait, concentration, évaporation puis séchage avant stockage de la poudre pendant quinze jours puis emboîtage.
Un outil de planification venu de l’aéronautique
Pour optimiser ses performances, Sill a implémenté dans sa nouvelle usine un outil de planification industrielle venu de l’industrie aéronautique et automobile. Le MES (manufacturing execution system) collecte et analyse en instantané toutes les données de production de l’outil, en procédé comme en intervention humaine, selon les objectifs de qualité, d’optimisation énergétique, de traçabilité, etc. Sill l’a développé pendant un an et demi pour un investissement de 1 million d’euros.
Dans les premiers mois, l’outil de Landivisiau fabriquera des poudres de lait basiques pour le compte de l’outil de séchage Sill de Plouvien, en cours de reconstruction après un incendie. En parallèle, elle démarrera ses fabrications propres, en grandes et petites séries pour sortir de multiples références. « D’ici à 2025, quand l’outil aura atteint son rythme de croisière, la nouvelle tour sortira une centaine de références d’une quinzaine de produits », explique Yannick Fallourd.
Sill conditionnera entre 70 et 80 % de sa production dans son atelier de conditionnement, principalement en boîtes de 900 grammes vendues à sa marque spécialement créée, Vitalaë. Le reste sera vendu en sacs de 25 kg, essentiellement en B2B. L’essentiel de ces produits sera exporté sur l’Asie, le Moyen-Orient et dans les pays les plus riches d’Afrique. Objectif de chiffre d’affaires visé : autour de 100 millions d’euros.
Le groupe en chiffres clés
Le groupe privé Sill a réalisé l’an passé un chiffre d’affaires de 491 millions d’euros avec 1 500 salariés et table sur 500 millions et plus cette année. Son cœur de métier, c’est le lait avec une collecte de 264 millions de litres transformés en crèmes, beurre et yaourts (marques Le Gall, Malo, Le Petit Basque) et en poudres de lait, basiques et chocolatières. Sill fabrique également des jus de fruits et potages (marques Plein Fruit et La Potagère) et des plats cuisinés surgelés (Primel Gastronomie). Pour réaliser ses activités industrielles, Sill s’appuie sur huit sites de production, dont six basés en Bretagne. Il réalise un peu plus de 20 % de son chiffre d’affaires à l’exportation.