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« RESTEZ EN VEILLE POUR RÉEXPORTER EN RUSSIE »

© R. Lemoine

« La Russie s’est adaptée à l’embargo mais la situation n’est pas pérenne. Certes, les importations de produits laitiers sont tombées de 60 % à 28 % et les fournisseurs ne sont plus les mêmes, avec un compromis sur la qualité : la Biélorussie fournit 85 % des importations, l’Argentine 5 %, le reste étant partagé entre la Serbie, l’Arménie, le Kazakhstan et la Suisse. Toutefois, la production laitière repart à la hausse à force d’investissement, essentiellement dans les grandes fermes de plus de 1 000 vaches qui fournissent les sites industriels. Le lait des petites exploitations familiales (1 à 5 vaches), qui représente 45 % du volume de lait produit dans le pays, n’est pas collecté ; ce qui explique pour partie le déficit de matière première. Dans ce nouveau contexte qui profite au renouveau du secteur laitier russe, les producteurs de lait et les investisseurs tentent d’exercer une pression pour le maintien de l’embargo. Vladimir Poutine est très impliqué sur cette question. Il veut relancer la production, sachant qu’il faudrait huit à dix ans d’effort pour consolider le mouvement naissant. Le gouvernement a ainsi lancé un plan de soutien pour la production de lait, avec un crédit avantageux autour de 5 % qui reste cependant élevé, une subvention directe pour construire des fermes et une subvention allant de 1 à 5 roubles par litre vendu.

Côté marché, le fromage traditionnel (pâtes pressées type gouda) se développe et ceux qui en consomment habituellement n’ont pas subi les effets de l’embargo. Pour les autres, habitués dans les villes à une plus grande diversité, des stands de fromages artisanaux fermiers ont fait leur apparition lors des foires de produits alimentaires et des marchés de dimanche. Ils ont également investi les circuits de vente en ligne. Les produits les plus qualitatifs sont commandés par la restauration haut de gamme. On dénombre aujourd’hui 200 fermes artisanales aux abords des grandes villes. Le fromage est devenu très tendance, la rareté créant l’envie.

Cette offre tant à l’amont qu’à l’aval reste peu compétitive. La fin de l’embargo pourrait annoncer son effondrement. Selon les GMS, nous retrouverons rapidement le niveau d’importation d’avant 2014. Mais attention. Les acteurs du secteur laitier russe mettent tout leur poids pour améliorer leur compétitivité et créer leur identité en tant qu’acteurs locaux du marché intérieur. De ce fait, sur le long terme, les importations seront beaucoup plus sélectives. Il faut rester au plus près du marché pour suivre les évolutions.

Le potentiel reste toutefois important. Les Russes sont traditionnellement de grands consommateurs de produits laitiers. La crise économique déclenchée entre autres par les sanctions américaines et européennes, a pesé sur le niveau de vie des ménages. La consommation actuelle est insuffisante (230 kg par habitant et par an). Elle sera forcément amenée à augmenter à moyen et long terme. » R. Lemoine.

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