Restauration collective : Agrilocal facilite les mises en relation
La plateforme numérique d’Agrilocal gagne en importance auprès des acheteurs publics comme des producteurs. L’outil est simple et permet de se passer des intermédiaires pour se fournir en produits locaux.
Agrilocal, qui propose une plateforme numérique de mise en relation simple, gratuite et immédiate entre producteurs, fournisseurs locaux et acheteurs publics de la restauration collective, s’étend de plus en plus en France. Si l’outil est utilisé dans trente-huit départements aujourd’hui, trois sont en attente et porteront ainsi d’ici à plusieurs mois le total à quarante et un départements.
La plateforme permet aux opérateurs locaux de s’abstenir des intermédiaires tout en respectant la réglementation (code des marchés publics, traçabilité, etc.). Les producteurs locaux peuvent ainsi récupérer l’essentiel de la valeur ajoutée du produit. « L’utilisation de la plateforme est très facile. Nous n’avons qu’à caler les dates de livraison », se réjouit Alice Baron, gérante de l’atelier de production La Fabric’ d’Alice qui produit des pâtes alimentaires.
Consolider les réseaux déjà en place
Née dans la Drôme en 2013, Agrilocal ne cesse de croître et a réalisé en 2021 près de 8,6 millions d’euros de chiffre d’affaires (+40 % par rapport à 2020) et permis la vente de plus de 2000 tonnes de denrées alimentaires produites localement (+37 %). L’association nationale avait marqué le coup en 2020 à cause de la pandémie et de la fermeture de nombreuses collectivités. Avec la reprise en 2021, Agrilocal a réalisé ses meilleures performances en volume et en valeur depuis sa naissance. « En plus d’aller chercher d’autres départements, notre objectif majeur est de consolider les réseaux dans les départements au niveau des acheteurs allant de la petite enfance au lycée, mais aussi des hôpitaux et des restaurants administratifs, indique Nicolas Portas, directeur général d’Agrilocal. Il faut aller convaincre établissement par établissement. »
L’association accompagne au référencement des producteurs utilisateurs de la plateforme pour qu’ils soient visibles par les acheteurs. Elle fournit aussi une formation à l’utilisation du logiciel et met en place des outils techniques tels que des calendriers de produits, mercuriales de prix, etc. « L’objectif n’est pas que les collectivités passent 100 % de leurs achats en local. Mais plutôt qu’ils sachent ce qui se produit à côté de chez eux et qu’ils s’en servent », précise Nicolas Portas.
« On ne parle plus de cantine, mais de restauration »
Sophie De Damas, principale du collège Arsène Lambert (Lencloître)
La restauration scolaire du collège Arsène Lambert (Lencloître, Vienne), à proximité de Poitiers, est passée de 4 % d’utilisation de produits locaux en 2017 à 38 % aujourd’hui grâce à l’utilisation de la plateforme d’Agrilocal. « Nous avons tissé de vrais partenariats avec les producteurs locaux et avons des retours très positifs des convives. On ne parle plus de cantine, mais de restauration », commente Sophie De Damas, principale du collège.
La loi Egalim a cependant fait bouger les curseurs, l’approvisionnement en produits sous Siqo n’étant pas forcément local. « Avant, nous travaillions avec Pomona, Transgourmet… mais plus maintenant. Nous avons trouvé entre autres un producteur local de veau, un producteur local d’agneau et un autre en porc », complète-t-elle.
L’établissement accueille 475 élèves demi-pensionnaires les midis. « Nous avons commencé par nous approvisionner en produits laitiers avec Agrilocal », raconte Sophie De Damas. Le collège s’est ensuite intéressé à l’approvisionnement en circuit court pour les viandes et effectue aujourd’hui sa transition pour les fruits et légumes. « Nous en sommes aux prémices. Nos frites sont, par ailleurs, produites localement, tout comme les pâtes alimentaires », détaille-t-elle.
Réduction du gaspillage alimentaire
« On ne peut pas s’approvisionner en local sans travailler sur la réduction du gaspillage alimentaire », avertit Sophie De Damas. Grâce à une participation du département, le collège Arsène Lambert s’est équipé d’un bar à salade, laissant ainsi les élèves se servir et ajuster les quantités à leur assiette. « C’est surprenant : avec ce bar à salade, les élèves mangent plus de légumes et gaspillent moins de nourriture », s’étonne Sophie De Damas. Ce bar à salade et la transition vers des produits locaux et de qualité ont entraîné la réduction de 50 % du gaspillage alimentaire.
Les volumes achetés étant moins importants, l’établissement s’y retrouve d’un point de vue financier. En 2017, les cuisiniers commandaient 70 kg de veau pour 500 élèves, mais aujourd’hui, les achats se limitent à 45 kg, entraînant moins de gâchis tout en répondant toujours aux besoins des élèves.
Un besoin d’organisation
« Agrilocal est un système de consultation, qu’en tant que producteurs, nous pouvons valider ou non », explique Alice Baron. « Quand nous passons une commande, un SMS ou un mail est envoyé aux producteurs. Ils sont libres d’accepter ou de décliner », ajoute Sophie De Damas.
En passant par Agrilocal, les collectivités sont obligées de s’organiser. Les temps de livraison sont différents selon les productions. « Quand je reçois une commande de yaourts, je peux la livrer entre deux et trois jours plus tard. Pour la viande de veau, ça peut ne prendre que trois semaines quand on s’y prend bien », avertit Damien Laroche, gérant de La ferme de Blas’lait (Blaslay, Vienne).
Une organisation rigoureuse et anticipée dans les commandes permet notamment aux producteurs de viande d’avoir de la visibilité pour leur équilibre carcasse. « C’est indispensable, car Agrilocal nous apporte des volumes importants immédiatement », note Damien Laroche.