L’avis de MSC France
Ressource : « Il est très important de maintenir la dynamique d’amélioration collective »
Les Marchés Hebdo : Les suspensions de certifications MSC – en l’occurrence pour les sardines du golfe de Gascogne et les maquereaux du Nord-Est Atlantique – nuisent-elles à vos relations avec les pêcheries concernées ?
Margaux Favret : Ces suspensions sont un peu décevantes au regard des efforts fournis, mais elles font partie de la règle du jeu. Nos certifications sont données pour 5 ans et sont soumises à des audits annuels. À tout moment, un audit express peut les remettre en cause. Les deux suspensions de ce début d’année ne sont pas des surprises. La certification pour la sardine du golfe de Gascogne avait failli être suspendue en 2016 en raison d’un déficit de gestion du côté espagnol. Cette année, elle est due en grande partie à un avis scientifique qui amène à consolider les premières mesures de gestion. Les Espagnols et les Bretons sont en train de travailler sur un plan d’action. Pour le maquereau de l’Atlantique Nord-Est, il y a deux raisons à la suspension. La première est la faiblesse de gestion, qui n’est pas résolue. Plein de pays pêchent le maquereau dans cette zone, pour lesquels cette pêche présente des enjeux socio-économiques importants. La seconde raison est un avis scientifique montrant une baisse du stock.
LMH : Ces avis scientifiques sont-ils bien compris ?
M. F. : L’avis sur la sardine comporte des incertitudes. Mais l’approche de précaution doit prévaloir. Nous avons bon espoir que la fiabilité des méthodes d’évaluation progresse dans les mois à venir. Le stock va très bien ; c’est l’effort de pêche qui est jugé excessif. C’est déroutant, mais il a un risque pour l’avenir.
LMH : Des ONG voudraient, elles, que MSC soit plus restrictif…
M. F. : MSC est le seul label au monde aussi exigeant. Nos critères de durabilité sont fixés avec les scientifiques. Nous voyons régulièrement les ONG et acceptons les critiques. Mais si l’on place trop haut la barre de la durabilité, on risque de freiner la dynamique d’amélioration. 15 % des captures mondiales sont MSC et nous travaillons prioritairement avec les 85 % restants. Notre mission consiste à fournir des outils, à mettre en contact, à financer des améliorations aussi. Nous sommes pour la gestion adaptative de l’effort de pêche. La dynamique enclenchée par les pêcheries bretonnes de sardines en golfe de Gascogne a amené les pêcheries espagnoles à discuter et travailler pour obtenir leur propre certification. En outre, nous révisons tous les cinq ans nos référentiels. Nous pouvons relever la barre de durabilité.