Quatre scénarios pour la filière « lait de vache » à l’horizon 2030
FranceAgriMer a présenté le 30 juin les résultats d’un travail de prospective pour la filière lait de vache à l’horizon 2030.
Objectif : élaborer différents scénarios pour anticiper les évolutions et
influer sur l’avenir.
À la demande du Conseil spécialisé « filières laitières », FranceAgriMer a animé pendant deux ans, une instance de réflexion prospective, composée de 22 professionnels et experts de la filière lait, de la recherche et de l’administration. Prospective n’est pas prévision… Les scénarios présentés le 30 juin aux décideurs de la filière laitière, ne cherchent pas à prédire l’avenir, mais à cerner des évolutions possibles, sans préjuger de leur probabilité de réalisation, ni de leur caractère souhaitable ou non. Sur les hypothèses étudiées, les plus déterminantes ont été retenues pour construire quatre scénarios contrastés en fonction :
- du contexte général, (changement climatique, attentes sociétales, crise économique et financière, politique foncière et d’aménagement du territoire…);
- du contexte propre à la filière lait de vache (épizooties, rejet de méthane, mouvement anti-lait, intensification et concentration géographique des élevages, échanges mondiaux…);
- des acteurs de la filière (relations et rapports de force, intégration verticale, modèles capitalistiques…);
- des marchés et produits (niveau de production et prix, valorisation des produits et segmentation, évolution de la consommation…).
QUATRE SCÉNARIOS POUR UN AVENIR PARTAGÉ
• Le premier scénario, « Lait high tech et démondialisation » imagine que la crise économique incite au développement autarcique et au ralentissement des échanges internationaux. Le marché mondial se limite à la poudre de lait de haute technologie, dans lequel l’industrie française est bien placée. En France, en complément de grandes exploitations combinant achats d’aliments, automatisation et salariat, les pouvoirs publics soutiennent des exploitations familiales pour occuper les territoires.
• Le deuxième scénario « La spirale concurrentielle » imagine un secteur laitier concentré dans les pays tempérés du fait du changement climatique. Crise monétaire, baisse du pouvoir d’achat, renforcement du discours anti-lait et anti-protéines animales entraînent une baisse de la consommation laitière européenne, alors que la demande est en hausse dans les pays émergents. Pour amortir leurs investissements, les industriels, en surcapacité, se tournent vers le grand export et baissent leurs prix jusqu’à atteindre des marges quasi-nulles. Les entreprises « survivantes » finissent par conclure une entente tacite de type oligopolistique au niveau mondial.
• Le troisième scénario,« Une filière conquérante et régulée » imagine 2030, avec une production de lait standard assurée par des fermes spécialisées employant des salariés, laissant à la marge des exploiations familiales aidées pour la production de produits plus typés. Les IAA laitières françaises s’implantent dans les pays émergents pour profiter des nouveaux bassins de consommation. En France, elles intègrent la distribution jusqu’au consommateur. Les producteurs sont de mieux en mieux organisés. Les prix sont bien maîtrisés grâce à une interprofession efficace et régulatrice.
• Le quatrième scénario « Le défi de la régression » envisage 2030 avec une consommation de produits laitiers en recul sous les pressions environnementale, sociétale et sanitaire. Dans un climat d’aléas liés au changement climatique, confrontées à la chute des cours, les OP préfèrent réduire la production tout en cherchant des gisements de valeur ajoutée. L’autonomie fourragère s’améliore et la production provient principalement d’exploitations intensives en main-d'oeuvre et/ou multi-spécialisées. « Élaborer une stratégie collective pour agir sur l’avenir, dépasser le conjoncturel pour réfléchir au structurel », telles sont selon Dominique Chargé, président de la commission lait de FranceAgriMer, les ambitions de cette analyse dont les professionnels doivent s’emparer.