Pourquoi y aura-t-il moins de riz du sud de l’Europe cette année ?
Le temps sec a affecté les récoltes de riz 2022 des deux principaux producteurs européens : l’Italie et l’Espagne. Un courtier spécialisé informe sur les faits et possibles conséquences pour les utilisateurs.
Le temps sec a affecté les récoltes de riz 2022 des deux principaux producteurs européens : l’Italie et l’Espagne. Un courtier spécialisé informe sur les faits et possibles conséquences pour les utilisateurs.
L’importation représente plus de 80 % de la consommation française de riz. Selon les types de riz voulus, les riz importés proviennent d’Europe ou d’Asie.
Les riz japonica (qui sont les riz classiques européens), les riz risotto, à paella, à dessert et aussi à sushi sont majoritairement importés d’Italie, d’Espagne ou du Portugal. Le riz basmati (35 % de la consommation française) vient uniquement d’Inde et du Pakistan. Le riz parfumé naturellement vient du sud-est asiatique, essentiellement de Thaïlande, du Cambodge et du Vietnam.
Ce mois de septembre 2022 apporte les premières estimations des récoltes en cours de riz des deux principaux pays producteurs européens, respectivement l’Italie et l’Espagne. Nous avons interrogé à la fin août le courtier Jean-Pierre Brun, spécialiste du riz, dirigeant de Marius Brun & Fils à Arles. Il rapportait alors une estimation de baisse de production entre 15 et 20 % par rapport à 2021. « C’est une baisse substantielle pour une production ordinaire de 1,5 million de tonnes de riz paddy, le riz brut », commentait-il.
La riziculture italienne se concentre dans la plaine du Pô. Selon les explications de Jean-Pierre Brun, les cours d’eau alimentant le Pô n’avaient plus le débit suffisant pour fournir aux rizières le minimum dont elles avaient besoin pour la croissance des épis. Certaines zones de production en ont souffert. La situation en Espagne est plus pénalisante. La production espagnole a lieu à près de 70 % dans les régions du Sud. Elle y a diminué de 80 % cette année.
Stocks épuisés de riz rond en Italie
Les importateurs de riz sont des industriels de première transformation et des conditionneurs qui vendent aux détaillants, aux grossistes, à la restauration collective et aux industriels de deuxième transformation. Ce sont aussi des grossistes pour commerces ethniques. Fait inhabituel, les industriels ont constitué quelques stocks de la récolte 2021 cet été en prévision de la campagne 2022-2023. Ils ont fait grimper les prix des variétés européennes. Exemple donné par Jean-Pierre Brun : « En janvier 2022, les organismes collecteurs italiens vendaient le riz paddy rond pour desserts à 550 euros la tonne. À la fin mai, ils le vendaient 750 euros la tonne, puis leur stock s’est épuisé. »
« En général, les prix du riz baissent au moment de la récolte. On peut imaginer que cette année il n’y aura pas de baisse de prix à la récolte, suppose Jean-Pierre Brun. Les prix seront identiques à l’ancienne récolte, éventuellement ils augmenteront. » Le courtier spécialisé pense que certaines variétés vont être en tension : les riz à risotto, à desserts ou à paella.
Pour sa part, le riz d’accompagnement de plat n’atteindra pas des sommets. D’abord, parce que le riz japonica est en concurrence avec les riz indica asiatiques, qui subissent la hausse du prix des intrants, mais bénéficient cette année de l’accalmie des coûts du fret maritime. Ensuite, parce que le riz d’accompagnement peut se remplacer par des pâtes et des produits de pomme de terre.
Une campagne pour le riz européen
Trois filières rizicoles européennes (France, Italie et Portugal) ont obtenu de la Commission européenne un programme collectif de promotion sur les marchés européens, notamment dans leur pays ainsi qu’en Allemagne. Elles ont organisé trois forums internationaux dans chacun des trois pays de production avant l’été 2022. Leur communication commune encourage à consommer du riz japonica. Elle s’articule autour du site Internet www.sustainableeurice.eu vantant les démarches de durabilité en cours. La filière française (près de 72 000 t en 2020) se distingue par un quart de production biologique et son IGP Camargue ; la filière portugaise (180 000 tonnes de riz brut ordinairement) se distingue par le riz carolino et l’Italie (autour de 1 500 000 tonnes) par une offre variée et importante.