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Groupe coopératif
Pour Even, « l'hiver laitier est fini, c’est le printemps »

Les indicateurs sont enfin repassés au vert sur le marché laitier. Dans le tumulte des marchés, le groupe Even a tiré son épingle du jeu en stabilisant son chiffre d’affaires à 2,165 milliards d’euros en 2018.

« L’hiver laitier est fini, maintenant, c’est le printemps », a souligné il y a quelques jours devant la presse Christian Couilleau, directeur général du groupe coopératif laitier Even, qui intègre dans ses comptes Laïta (marques Paysan breton, Mamie Nova, Madame Loïk, Régilait), dont il est le premier actionnaire aux côtés de Triskalia et Terrena. Et d’évoquer le stock vidé des poudres de lait européennes qui plombait totalement la valeur de la protéine laitière sur le marché et surévaluait celle de la matière grasse. Durant cette période chahutée, Even est parvenu à maintenir son niveau d’activité.

Son chiffre d’affaires est resté stable à 2,165 milliards d’euros en 2018 (6 140 salariés) dont 59 % dans le lait (40 % à l’exportation) et 29 % dans la distribution alimentaire (Even Distribution). « Aujourd’hui, le marché est revenu à la normale. Les cotations des matières grasses et matières protéiques sont plus équilibrées et le prix du lait retrouve de la vigueur », s’est félicité le président d’Even, Guy Le Bars. Les 734 fermes laitières adhérentes d’Even (Laïta collecte 1,5 milliard de litres de lait dans 3 070 points de collecte au total) ont été rémunérées 331 euros pour 1 000 litres en 2018, plus 11 euros les 1 000 litres de prime comme participation au résultat.

74 millions d’euros engagés l’an dernier

La complémentarité des métiers d’Even – une distribution alimentaire pour professionnels et particuliers (29 % du CA, premier employeur du groupe avec 3 010 collaborateurs) en guise d’amortisseur d’une activité laitière par définition volatile – lui permet d’être plus « résilient ». Mais la composition du bouquet d’activités du groupe coopératif n’explique pas tout. La stratégie suivie par le groupe depuis plusieurs années (investissement, internationalisation, innovation) le rend aussi plus fort. L’an passé, Even a engagé 74 millions d’euros dans ses activités, dont 50 millions dans le lait sur deux dossiers structurants.

La Fromagerie de l’Iroise bénéficie d’un investissement de 25 millions d'euros dont 15 millions sur 2018 (lire encadré). Tandis qu’Even Santé Industrie se voit doté, pour 22 millions d’euros sur 2018 et 2019 d’un nouvel atelier de fabrication et de conditionnement de produits infantiles liquides. Citons encore dans le lait, des investissements dans le beurre, les poudres de lait fermentées.

Enfin, Even investit dans la distribution alimentaire pour renforcer son offre numérique. Even va poursuivre cette année sa politique d’investissement, avec 70 millions d’euros budgétés, sans plus de détails.

Répondre aux nouveaux usages alimentaires

Pour toute entreprise laitière qui évolue sur des marchés français, voire européens matures, l’internationalisation est évidemment la clé des développements futurs. « Laïta réalise aujourd’hui ses ventes à 60 % en France, 20-25 % en Europe et le reste ailleurs dans le monde », explique Christian Griner, directeur général de Laïta. Mais demain, avec la montée en puissance de sa tour de fabrication de poudre de lait infantile de dernière génération, inaugurée fin 2017, et l’ouverture de bureaux commerciaux en Afrique, Asie et Amérique du Sud, Laïta veut passer ses ventes hors Europe « à 25-30 % à terme », confie-t-il.

Sur son dernier axe stratégique, l’innovation, Even a pour ambition de faire évoluer progressivement son modèle industriel pour qu’il soit en capacité « de répondre aux nouveaux usages alimentaires », est persuadé Christian Couilleau. Depuis deux ans, Even fait feu de tout bois pour stimuler l’innovation. Le groupe est partie prenante du laboratoire de l’innovation Village by CA (Brest) pour soutenir des start-up qui pourraient enrichir l’offre industrielle et commerciale de la coopérative. Il soutient également le fonds d’investissement régional en faveur de l’innovation Frenchfood Capital.

Développer de nouveaux marchés

En interne, Even stimule, dans tous les services, la production d’innovations pour qu’elles bénéficient à tous. En France comme à l'étranger, « Even a toute la crédibilité nécessaire pour développer de nouveaux marchés », estime Christian Couilleau. Non seulement, Paysan breton « est la vingt-neuvième marque la plus consommée en France, selon le panel Kantar », rapporte le dirigeant, mais son savoir-faire en produits infantiles, liquides et maintenant secs (Even Santé Industrie) devrait lui garantir de bonnes valorisations à l’avenir. Ainsi, Laïta qui célèbre ses dix ans cette année aura investi pas moins de 400 millions d’euros dans la modernisation de ses outils (huit sites).

Depuis 2009, la collecte de lait du groupe Laïta (1,5 milliard de litres aujourd’hui) a progressé de 20 %, surtout après 2015 et la fin des quotas laitiers en Europe. Son chiffre d’affaires a gagné autant en dix ans pour se fixer à 1,277 milliard l’an passé. Pour rassurer ses clients en produits transformés, Even prend soin, dans le cadre de son référentiel amont, Passion Lait, d’inciter ses livreurs de lait (et ceux des coopératives actionnaires de Laïta) de développer des solutions « bas carbone » dans leurs fermes et de veiller au bien-être des animaux.

La fromagerie de l’Iroise vers plus de valeur

Le groupe coopératif Even prévoit d’investir 25 millions d’euros sur 2018 et 2019 dans la fromagerie de Ploudaniel, spécialisée en pâtes pressées cuites. Un investissement ayant pour objectif non pas de massifier l’usine qui dispose d’une capacité de production de 36 000 tonnes aujourd’hui, mais de renforcer la valeur de ses produits vers plus de fromages râpés et de portions. Le chantier porte sur l’extension de l’usine (avec une surface supplémentaire de 6 000 m2), le renforcement de son automatisation et l’implantation de nouvelles lignes de découpe et de conditionnement.

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