Filière
Porc bio : Fleury Michon et Vallégrain développent un nouveau modèle d’élevage
Afin de développer la filière, Vallégrain et Fleury Michon ont mis en place un élevage bio de porcs qui s’étend sur 23 hectares et accueille 300 truies. Le site a nécessité 2 millions d’euros d’investissement.
La société Vallégrain Bio a construit un élevage de porcs AB situé à Théligny (Sarthe), sur la base d’un modèle inédit. Vallégrain Bio est majoritairement détenu par Vallégrain Développement qui est une joint-venture entre Vallégrain et Fleury Michon. Déjà associées sur le développement du porc label Rouge, les deux sociétés se sont rendu compte qu’elles pouvaient aller encore plus loin en ajoutant leur pierre à la filière porc AB, et développer une offre aujourd’hui pauvre en France. L’un des objectifs de cet élevage est de prouver la viabilité de ce modèle pour inspirer les jeunes générations d’éleveurs, qu’ils s’en imprègnent et, sur le long terme, qu’ils le répliquent sur d’autres exploitations.
S’étendant sur une surface de 23 hectares et comptant 300 truies, cet élevage a nécessité un investissement de plus de 2 millions d’euros et deux ans de rencontres en France et en Europe pour l’élaboration du modèle. L’élevage produit aujourd’hui 100 porcs par semaine, et ambitionne d’atteindre 110 porcs par semaine. Fleury Michon (746 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019) absorbe 100 % des jambons et des longes pour garnir sa gamme AB. « Ce modèle ne vient pas en opposition avec ce qui se fait déjà dans la filière, mais a plutôt pour but de développer le porc bio en France », résume Gérard Chambet, directeur général des opérations de Fleury Michon. La société ne souhaite pas encore divulguer sa stratégie de communication auprès du grand public sur le sujet.
Une alimentation 100 % française
Sur les 300 animaux, 200 truies sont en bâtiment, 100 sont à l’extérieur, réparties en bandes de 25 sur quatre parcs. Les 23 hectares sont répartis en six parcs, ce qui en laisse deux au repos pour permettre à l’herbe de repousser. Le bâtiment dispose d’une surface de 800 m2, avec une cour extérieure de 600 m2. « La surface nécessaire pour une truie en bio est de 2,5 m2. Nous sommes bien au-dessus de la norme. Il y a entre 220 et 230 animaux dans le bâtiment, alors qu’il pourrait en accueillir 300 », précise Francis Leveau, président de Vallégrain Développement.
Les truies disposent de paille à volonté, fabriquée à proximité du site, ainsi que d’une alimentation à 100 % française, « y compris les protéines », souligne Gérard Chambet. La ration est composée de soja, fécules de pomme de terre et d’avoine, fabriquée à 25 km de l’élevage. Les quantités sont adaptées à chaque stade physiologique des animaux.
L’équilibre carcasse n’est pas encore idéal
Afin de protéger les truies de la faune sauvage et de ses pathologies, l’élevage est entouré d’une double clôture, dont le budget s’approche des 150 000 euros. « Il nous faudra une année de recul pour avoir plus de précisions économiques et prendre du recul sur le modèle », estime Gérard Chambet. « L’équilibre carcasse est à peu près trouvé, mais pas encore idéal. 20 % des pièces pourraient être mieux valorisées. Il faut savoir qu’un jambon bio coûte deux fois plus cher à produire qu’un jambon conventionnel », ajoute Francis Leveau.
Le tipig, un nouvel habitat pour les truies
Vallégrain Développement a conçu une cabane pour les truies élevées en plein air : le tipig. Fabriqué en un seul morceau, il comporte une trappe à l’arrière pour garder un courant d’air minimal, tout en isolant bien les animaux. Il comporte une marche à son entrée, afin que les porcelets ne sortent pas trop jeunes de la cabane. En grandissant, ils acquièrent la force nécessaire pour en sortir. Les tipigs pèsent 150 kg, et peuvent être déplacés par les truies pour les placer où bon leur semble dans le parc. « Nous pourrions les commercialiser pour en faire profiter nos partenaires. Nous pourrions ainsi amortir une partie de nos coûts de recherche », précise Francis Leveau, président de Vallégrain Développement.