Porc Bio : Bio Direct muscle son outil de transformation
Le groupement Bio Direct engage la modernisation de son site de transformation de porcs bio. Objectif : massifier et optimiser ses outils et maîtriser ses coûts.
Le chantier se poursuit sur le site de la Salaison Bio Valeur (SBV) à Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine). Le doublement de la surface à 3 000 mètres carrés de la charcuterie artisanale (une petite cinquantaine de salariés) de Bio Direct, fort de 80 éleveurs pour 52 000 porcs charcutiers bio commercialisés l’an passé, est terminé. De nouvelles machines sont en place, d'autres doivent arriver dans les prochains mois. Ce dossier constitue l’aboutissement d’une réflexion conduite il y a deux ans par le conseil d’administration de Bio Direct.
En 2020, l’activité de transformation du groupement, installée à La Gravelle (Mayenne) et dont les éleveurs se situent dans le Grand Ouest, repose sur deux sites : l’un, exclusivement bio, à Louvigné-du-Désert ; l’autre, la Charcuterie artisanale du pays gallo (CAPG), à Carentoir (Morbihan), qui travaille en bio et en conventionnel. Ensemble, ces deux ateliers de production de viande et de salaison ont réalisé l’an passé 27 millions d’euros de chiffre d’affaires en fabriquant près de 2 000 tonnes de produits finis, dont une petite partie de produits issus de porcs conventionnels.
Spécialisation ou massification de la production
Or, « ces sites fabriquent les mêmes familles de produits », explique Perrine Champain, directrice salaison de Bio Direct. Tous les porcs bio traités à la salaison (400 carcasses par semaine) proviennent des élevages du groupement qui en produit un peu plus du double – abattage à Charal, à Sablé-sur-Sarthe. Dans leur projet de plan industriel, les administrateurs examinent à l'époque deux options : la spécialisation des sites ou la massification de la production sur l’un des deux. C’est la seconde option qui est choisie et le site CAPG vendu il y a quelques mois « parce qu’il y avait un repreneur et que la SBV était le site spécialisé en bio », résume Perrine Champain.
Bio Direct signe un investissement de 4 millions d’euros. Objectif : redonner de l’air à SBV, un atelier totalement saturé qui fonctionne en trois-huit et accueillir l’activité bio rapatriée de Carentoir, qui pèse autour de 10 % de sa production totale. Les capacités de cuisson sont augmentées (l’activité se déroulera en deux-huit), deux lignes de conditionnement rajoutées pour en porter le nombre à quatre. « Jusqu’à présent, nous devions parfois stopper la production de jambon pour libérer la ligne au profit de rôtis de porc, par exemple », détaille-t-elle. Ce ne sera plus le cas.
Investissement énergétique
Les activités phare de SBV, le jambon et le lardon ont leur espace dédié. Une partie de l’investissement est orientée vers le changement d’énergie : abandon du gaz au profit de l’électricité, mise en place de panneaux photovoltaïques pour produire à terme près de 40 % de son énergie. Bio Direct a eu le nez creux… Déjà certifiée Bio Équitable et visant désormais l’IFS, SBV dispose d’un outil capable d’augmenter sa production de 30 % à terme, visant 2 600 tonnes, contre 2 000 tonnes aujourd’hui. Mais pour y parvenir, il faudra que le marché reprenne de la vigueur.
Pour l’instant, le commerce est difficile avec des ventes qui se tassent, « mais qui progressent en RHD ». SBV écoule ses 350 références de produits (moitié viande, moitié produits de charcuterie cuite) dans les réseaux spécialisés à marque Prés gourmands, la grande distribution à marque Les Jours bio et en MDD pour 35 % du chiffre d’affaires (dont Biocoop, partenaire historique de l’entreprise), la RHD et l’industrie. SBV prévoit aussi de muscler son équipe commerciale pour mettre en avant son offre issue « d’une filière courte et d’une fabrication artisanale » sans conservateurs. Au moment où le porc bio en France vit une crise de surproduction, « il est plus que jamais important de se différencier », conclut Perrine Champain.