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Pâques 2024 : « Il y a moins d’agneau français, et il est plus demandé ! »

Les prix de l’agneau français battent des records à l’approche de Pâques. L’offre est très mesurée, et certains consommateurs cherchent de l’agneau français pour soutenir la filière. Pour autant, les gigots importés sont bien présents.

graphique du prix moyen pondéré des agneaux français
Le prix moyen pondéré des agneaux français atteint un record historique avant Pâques 2024
© Les Marchés

9,44 €/kg, c’est le prix moyen pondéré des agneaux entrée abattoir en semaine 12, un record historique. C’est 12 % de plus que la semaine précédent Pâques l’an dernier, et 19 % de plus que pour Pâques 2022. « Il y a moins d’offre, les opérateurs doivent chercher », résume Cassandre Matras, chargée d’études économiques et de la conjoncture ovine à l’Institut de l’élevage. 

Il y a moins d’offre, les opérateurs doivent chercher

La production progressait légèrement en début d’année « c’est grâce à l’alourdissement des poids moyens des agneaux, mais les chiffres ne sont pas bons pour les effectifs », précise l’économiste, qui résume « il y a eu moins de sorties d’agneaux Lacaune, moins de sorties d’agneaux de pays », car le cheptel ovin recule, que ce soit en races laitière ou allaitante. Une décapitalisation à mettre sur le compte de la sécheresse de 2022 mais aussi de l’inflation. « Le cheptel reproducteur a reculé de 6 % fin 2022 par rapport à fin 2021 et serait en baisse de 0,6 % fin 2023 selon le SSP », ajoute Cassandre Matras.

Les importations de viande d'agneau ne font pas s’effondrer les prix

En janvier, les importations françaises de viande ovine étaient sur le recul, 4 % sous leur niveau d’un an plus tôt, 9 % sous leur moyenne 2015/2019. « Avec la colère des agriculteurs, certaines grandes surfaces semblent vouloir afficher leur soutien aux agriculteurs français. Mais il y a moins d’agneau français, et il donc est plus demandé ! », explique Cassandre Matras. Pour autant, plus 50 % de la consommation française est alimentée par l’importation. Et les gigots importés fleurissent dans les catalogues, comme le dénonce la FNO. 

 

 

Cette importance de l’offre importée est peut-être liée à des approvisionnements difficiles en origine France, ou à une volonté de proposer un produit beaucoup moins onéreux alors que la question du prix est au cœur des positionnements des distributeurs.

Moins d’agneau irlandais, plus de britannique

Si les envois irlandais reculent, le Royaume-Uni est bien présent sur le marché français. « Dans la foulée des accords de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Australie, les envois australiens de viande ovine, plus compétitive, ont bondi vers le Royaume-Uni, ce qui laisse davantage de disponibilité à l’export pour les britanniques qui sont donc plus présents sur le marché français » analyse l’économiste. 

Les difficultés de transport en mer Rouge n’ont pas ralenti les échanges

L’origine Nouvelle-Zélande est aussi bien présente sur l’Hexagone avec quelques offres à prix d’appel qui défrayent la chronique. « Les difficultés de transport en mer Rouge n’ont pas ralenti les échanges, les exportateurs néo-zélandais se sont adaptés à la semaine de trajet supplémentaire », pointe Cassandre Matras. D’autant plus que la consommation chinoise est décevante, ils se retournent donc vers le Vieux Continent.

Lire aussi : Comment les viandes réfrigérées de Nouvelle-Zélande peuvent traverser l’océan

Un pic de consommation pour Pâques, mais en demi-teinte

Des prix records en rayon pour l’agneau français, dans un contexte économique toujours tendu, les achats des ménages ne devraient pas atteindre des sommets. D’autant plus que Pâques tombe tôt cette année, hors des vacances scolaires, avec moins de regroupements familiaux. 

Les prix des agneaux pourraient rester élevés dans les mois qui viennent

Pâques et le Ramadan tombant en même temps cette année, c’est deux temps forts de la consommation qui se bousculent. « Il restera peut-être des agneaux après, car c’est difficile pour les éleveurs de programmer des sorties pile sur ces dates, qui bougent, mais la demande sera retombée », rassure Cassandre Matras. De quoi s’attendre à la traditionnelle baisse des cours. 

Il y aura certainement toujours un manque d’agneaux français

Puis viendra l’Aïd el kebir, le 16 juin, autre période clé de la consommation en France. « On est sur des agneaux plus lourds et plus âgés, voir des brebis, mais il y aura certainement toujours un manque d’agneaux français », prévient l’économiste, ajoutant « un des facteurs du recul des abattages français à bien prendre en compte est la baisse des envois d’agneaux vifs espagnols, un flux important pour les pics ». Il faut dire que la filière ovine espagnole est en crise, à cause des sécheresses répétées.  La production de viande ovine y a chuté de 11 % l’an dernier et rien n’indique une amélioration.

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