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Ovoproduits : comment PEP monte en puissance

Dans le Morbihan, le navire amiral de la branche ovoproduits d’Eureden n’est pas encore à sa puissance maximale. Mais l'usine PEP est parfaitement en ligne sur son marché avec des équipements de pointe.

Construite en 2019 sur la commune de Ploërmel en bordure de la quatre-voies (la RN 24 entre Lorient et Rennes), l’usine PEP du groupe coopératif Eureden produit actuellement 23 000 tonnes de produits élaborés d’œufs, moitié crus, moitié cuits, très majoritairement en frais, avec 280 collaborateurs. « L’outil n’est qu’à 70 % de ses capacités. Il est calibré pour monter à 30 000 tonnes à terme selon les besoins du marché », précise Olivier Voisin, directeur de PEP. Avec un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros réalisé à 80 % en RHD et 20 % à l’export, PEP Ploërmel réalise 80 % de l’activité ovoproduits du groupe Eureden.

Lire aussi : Œuf : Eureden se renforce à l’international

Née en 1991 à Ploërmel, la branche ovoproduits d’Eureden (de Cecab à l’époque, groupe qui a fusionné avec Triskalia pour donner naissance à Eureden) s’est développée au fil du temps par des opérations de croissance externe successives. Elle pilote désormais trois autres sites : Carvin, dans la Somme, Lamotte-Beuvron et Pierrefitte-sur-Sauldre, dans le Loir-et-Cher. Au global, cette activité pèse pour Eureden 30 000 tonnes de produits liquides et élaborés cuits, surtout du frais à Ploërmel et plus de surgelé à Carvin.

Lancement difficile pour la casserie

Eureden dispose en plus d’une activité « œufs coquille » avec la Ferme de Kervenac’h (marques de distributeurs et marque propre Paysan breton). Les activités œufs coquille et ovoproduits pèsent 231 millions d’euros de chiffre d’affaires à partir de 1,4 milliard d’œufs issus de 180 élevages de poules pondeuses. Cinquante élevages de poulettes assurent le renouvellement des pondeuses. Le groupe coopératif Eureden (3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec des marques fortes comme Paysan breton, d’aucy, etc., 18 500 agriculteurs adhérents et 8 500 collaborateurs) a injecté à Ploërmel 18 millions d’euros dans son usine en remplacement d’un outil plus ancien (1991), enclavée dans la ville.

« La grippe aviaire a réduit notre approvisionnement de 10 à 15 % » Olivier Voisin

« C’est pour nous un métier fort : nous représentons 42 à 44 % de parts du marché national », souligne Alain Perrin, directeur général du groupe coopératif. Mais les deux années qui ont suivi son lancement ont été particulièrement difficiles. « La crise du Covid et la fermeture des restaurants nous ont fortement touchés, et la grippe aviaire a réduit notre approvisionnement de 10 à 15 % », indique Olivier Voisin.

Une casserie automatisée

L’épizootie semblant s’être éloignée – au moins provisoirement –, PEP Ploërmel a repris son rythme de croisière. Il s’agit d’un outil particulièrement automatisé où la présence humaine est très réglementée. Lors de la visite de l’usine organisée avant l’été dans le cadre des rencontres d’Eureden avec les acteurs du territoire, la visite s’effectuait en hauteur dans le couloir entourant les différentes lignes de production. Chaque jour, l’usine de Ploërmel reçoit 2,5 millions d’œufs en palettes. Des œufs dûment étiquetés (nom de l’éleveur, date de ponte, poids moyen) et rangés selon les couleurs des modes de production tracés au sol.

Dans les 24 heures, plusieurs casseuses séparent le blanc du jaune, récupèrent la coule d’un côté, les coquilles de l’autre. Les blancs et les jaunes sont pasteurisés (capacité de 70 tonnes par jour), puis dispersés dans les différents ateliers selon les commandes. Pour son activité en frais, PEP Ploërmel conditionne chaque année 11 000 tonnes de blancs et de jaunes dans des bidons de 1, 5 et 10 litres avec cinquante personnes en trois-huit. Le secteur des produits élaborés (12 000 tonnes de production annuelle) emploie, quant à lui, cent cinquante personnes.

Le personnel est réparti entre les différentes activités du cuit. Il y a l’atelier omelettes, intégré dans l’outil récemment (2 500 tonnes de 130 recettes par an), « un atelier d’omelettes gastronomes avec une fabrication manuelle pour partie, comme à la maison », souligne Bernard Audic, directeur méthode et process à PEP Ploërmel. L’atelier œufs durs sort chaque semaine autour de 2,5 millions, soit 4 000 à 5 000 tonnes, par an d’œufs durs écalés présentés entiers ou émiettés pour des préparations de type « à l’orientale » ou « mimosa ». PEP Ploërmel dispose en outre d’un atelier « blanc en neige ».

Depuis deux ans, l’usine a multiplié les innovations produits pour la RHD. Parmi celles-ci, citons « l’œuf parfait » (trophée de l’innovation Restau’co 2022), un œuf juste cuit à cœur à basse température pendant 45 minutes et pasteurisé ; les « omelettines » ou « egg bites », « des bouchées gourmandes aux œufs à la texture moelleuse » pour tous les moments de consommation ; les « egg wraps » surgelés, base culinaire « facile à travailler pour des préparations gourmandes comme les wraps, les samoussas, etc. », signale le groupe.

Être présent sur tous les segments

Depuis avril 2023, PEP Ploërmel cherche également à s’implanter en grande distribution au rayon surgelé avec trois recettes d’omelettes de 60 et 150 grammes : épinard-crème, jambon-fromage, à la provençale, concoctées par son service de recherche et développement. Comme pour une partie de ses œufs coquille depuis l’an passé, PEP estampille ses produits élaborés de sa marque forte Paysan breton. Après deux années difficiles liées au Covid et à la grippe aviaire, PEP opte pour une stratégie offensive pour retrouver de la croissance et de la valeur.

Leader sur le marché des produits élaborés d’œufs, Eureden ambitionne clairement d’être présent sur tous les segments, « de la RHD commerciale à la RHD santé en passant par le catering et maintenant la GMS », souligne Alain Perrin, directeur général du groupe. Eureden ne donne aucun objectif chiffré sur sa présence en ovoproduits à marque Paysan breton. Il ne dit pas non plus quels autres produits élaborés pourraient se retrouver demain en grande surface. Mais ce qui est sûr, c’est qu’Eureden continue de déployer dans tous ses métiers sa stratégie du « bien manger » pour tous qui passe par le « bien élever » et le « bien cultiver ».

à retenir

Eureden

17 millions d’euros investis pour la création de la casserie, opérationnelle depuis 2019.

Coup de frein à l’alternatif ?

Comme tous les acteurs de l’œuf sur le marché, PEP s’est engagé à transférer sa production d’œufs issus de poules élevées en cages vers les modes alternatifs pour 2025. À ce jour, 56 % de sa production d’œufs proviennent d’élevages en plein air, au sol, bio, etc. Mais la montée des inflations et le coup de frein sur les ventes du bio pourraient bien retarder l’échéance. La branche peut-elle aller plus loin ? Pas pour le moment. « Les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’inflation et la grippe aviaire ont déstabilisé la production », reconnaît David Joubier, président de la section œufs d’Eureden. Les éleveurs ont remisé leur projet de transfert des cages vers l’alternatif. Mais c’est provisoire, car la tendance de fond reste la diminution de l’élevage en cages, ajoute en substance le président.

en chiffres

PEP

231 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 30 000 tonnes d’ovoproduits et 330 millions d’œufs commercialisés en œufs coquille.

450 collaborateurs et 230 éleveurs (180 en pondeuses, 50 en poulettes).

Dont PEP Ploërmel

120 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 280 collaborateurs, 23 000 tonnes de production (11 000 t en liquide, 12 000 t en élaborés à base d’œufs).

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