Ombres chinoises
La mondialisation n’avance plus, elle galope. Preuve en est faite avec l’annonce de la prise de participation majoritaire d’un conglomérat chinois, Chalkis, dans le conserveur provençal de tomates Le Cabanon (lire ci-contre). La présentation à la presse de l’accord, dans un grand hôtel parisien, donne une idée du choc des cultures qu’amorce cette opération. Au cours d’une conférence de presse très dirigée, les officiels chinois ont présenté les contours du « premier mariage franco-chinois dans l’agroalimentaire», qui ressemble à vrai dire plus à une absorption sans coup férir qu’à une histoire d’amour. Le groupe Xinjiang Production and Construction (XPCGC), auquel est rattaché Chalkis, risque il est vrai de se trouver à l’étroit dans sa résidence provençale. Les dimensions de l’entreprise, issue d’une unité militaire (on n’en saura pas plus), donnent le vertige. Xinjiang Production and construction utilise la main d’œuvre de pas moins de 2,3 millions de personnes et exploite la bagatelle de 1,5 million d’hectares de terres agricoles ! Les dirigeants français du Cabanon ont beau se montrer rassurants sur les conséquences économiques et sociales d’une telle union, on ne peut s’empêcher de penser que l’industrie locale a pris de train de la mondialisation dans le mauvais sens. En début de semaine, un autre conserveur, nordiste celui-là, présentait ses résultats semestriels, plutôt flatteurs. Avec une constante dans sa stratégie : le développement de ses activités sur des lieux de production prometteurs, dans les pays de l’Est. En devançant ainsi des évolutions inéluctables, Bonduelle a pour l’instant réussi «sa» mondialisation.