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« Nous voulons aider les grossistes et la restauration collective à passer à l’œuf alternatif »

L’Association Assiettes Végétales devient Anima et élargit son combat à l’amélioration des conditions de vie des animaux d’élevage. Premier objectif, faire sortir les poules des cages. Interview de son directeur, Keyvan Mostafavi.

Keyvan Mostafavi, directeur d'Anima France
Keyvan Mostafavi, directeur d'Anima France
© Anima France

Assiettes Végétales devient Anima, pouvez-vous nous expliquer ce changement ?

Keyvan Mostafavi : Assiettes Végétales est une campagne qui vise à végétaliser les menus de la restauration collective française, notre site internet de ressources reste actif, nous poursuivons la démarche. Mais nous souhaitons désormais améliorer aussi le statut des animaux d’élevage.

Quels sont les objectifs d’Anima par rapport à l’élevage ?

K. M. : Anima France s’inscrit dans le réseau Anima International, qui regroupe 6 associations dans 6 pays européens. Notre objectif, c’est de changer le statut des animaux d’élevage, qu’ils ne soient plus considérés comme des denrées alimentaires, mais comme des êtres sensibles. Mais nous sommes pragmatiques et conscients des enjeux pour les éleveurs. 

Nous sommes pragmatiques et conscients des enjeux pour les éleveurs. 

Pourquoi commencer par les poules pondeuses ?

K. M. : Justement, car nous voulons des progrès atteignables rapidement. Même si la France est un bon élève de l’élevage de poules en Europe, avec seulement 27 % des animaux en cages contre 39 % dans l’Union, il reste 12 millions de poules en cages aménagées. Or ce type d’élevage ne permet pas aux poules d’exprimer leur comportement, se mouvoir librement, chercher de la nourriture. Les poules sont des animaux très intelligents, elles passent des tests cognitifs destinés aux primates, aux corvidés ! Il y a eu un progrès net en France, on est passé de 70 % de poules en cage à 27 % entre 2015 et 2023. C’est déjà une belle progression, et il y a des moyens efficaces pour faire avancer les choses.

Justement, comment comptez-vous activer la transition vers l’œuf alternatif ?

K. M. : Les GMS ont bien progressé sur l’œuf alternatif, avec 80% de hors-cage sur leurs œufs coquilles, et tous ont déjà des objectifs de transition a une échéance rapide. L’enjeu pour nous au début, c’est la restauration hors foyer.

L’enjeu pour nous au début, c’est la restauration hors foyer. 

La restauration commerciale chaînée est déjà beaucoup engagée, certains comme Mc Donald’s sont sortis de la cage depuis des années. Nous voulons aider les grossistes et la restauration collective à passer à l’œuf alternatif ; nous avons déjà un très bon contact avec eux grâce à nos actions sur Assiettes Végétales. 

Lire aussi : Poules en cage : qu’a décidé le Conseil d’Etat sur les travaux dans les élevages ?

Quels sont les leviers pour pousser ces segments, attentifs au prix, vers l’alternatif ?

K. M. : D’un part, il faut voir que l’écart de prix entre un œuf de poule élevée au sol et un œuf de poule en cage est très faible. Nous comptons pousser vers le bio ou le plein-air, mais le sol est déjà un grand progrès pour les conditions de vie des poules. Pour agir sur la restauration commerciale non chaînée, le meilleur levier, c’est le grossiste. Nous sommes en discussion avec plusieurs grossistes qui prennent des engagements pour sortir de la cage. 

Que pensez-vous du plan de la filière œuf ?

K. M. : 90 % d’œufs alternatifs d’ici 2030, comme l’a annoncé le CNPO, c’est très bien, ça fera de la France un des meilleurs élèves d’Europe. Mais il faut aussi agir au niveau législatif. L’élevage de poules en cages aménagées est déjà interdit en Autriche et au Luxembourg.

90 % d’œufs alternatifs d’ici 2030, comme l’a annoncé le CNPO, c’est très bien

 Entre 2025 et 2032 il sera aussi interdit en Allemagne, en République tchèque, en Slovaquie. La France doit suivre, avec bien sûr une période de transition pour les éleveurs. C’est dommage que l’Union européenne n’aie pas inclut la fin des cages dans sa révision de la directive bien-être animal fin 2023. On espère que ce sera pour 2026.

Lire aussi : Financement de l'ovosexage : que propose la GMS ?

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