Consommation et production d’œufs en France : les 7 chiffres dévoilés par le CNPO
Dans les cuisines, l’œuf a la cote, protéine la moins chère plébiscitée dans ce contexte inflationniste. Mais dans les poulaillers, la production est sous tension. Grippe aviaire, flambée des coûts de production plombent l’amont. Sur ce produit incontournable, la France a perdu sa souveraineté alimentaire.
Dans les cuisines, l’œuf a la cote, protéine la moins chère plébiscitée dans ce contexte inflationniste. Mais dans les poulaillers, la production est sous tension. Grippe aviaire, flambée des coûts de production plombent l’amont. Sur ce produit incontournable, la France a perdu sa souveraineté alimentaire.
Le CNPO, interprofession française de l’œuf, a tenu sa traditionnelle conférence de presse ce 6 avril. Si la consommation d’œuf en France est dynamique et l’origine France est un critère d’achat important pour les Français, la filière française de l’œuf est confrontée à de nombreux obstacles, sur ses approvisionnements, alors que la grippe aviaire a chahuté la Bretagne, qui pèse pour plus de 35 % de la production française.
+65 % : c’est l’envolée des achats d’œufs au sol en 2023.
Le plein-air est l’œuf préféré des Français en rayon (33,1 % des volumes vendus) devant la cage (21,5 %), le bio (19,4 %) et le sol (19,1 %) sur les 2 premiers mois de 2023. Ce dernier code continue son essor avec des ventes qui ont bondi de 65 % par rapport à 2022, compensant notamment la baisse de 33,1 % des ventes d’œuf cage.
53 % : c’est le poids des œufs alternatifs dans les ovoproduits.
C’est inédit, c’est la première année que la cage n’est plus majoritaire pour la fabrication d’ovoproduits. La restauration hors domicile reste campée sur ses positions puisque 76 % des ovoproduits qu’elle achète sont fabriqués à base d’œufs de poules élevées en cage. A l’inverse, les industriels de l’agroalimentaire n’achètent que 38 % d’ovoproduits fabriqués à base d’œufs de poules élevées en cage (32 % de sol, 28 % de plein air et 2 % de bio).
+25 % : c’est la hausse des coûts de production en 2022 par rapport à 2021
L’écart avec 2020 atteint même 33 %. En cause, la hausse des coûts de l’alimentation des poules (60 à 65 % du coût de production d’un œuf). Les indices Itavi ont bondi de 32,2 % en 2022 par rapport à 2021 où ils grimpaient déjà de 25 % sur un an. Les coûts de l’emballage, de l’énergie, de la main d’œuvre et du transport ont aussi grimpé ces derniers mois.
96 % : c’est le taux d’autonomie de la France pour les œufs en 2022.
Ce taux était de 104 % en 2021, « la France a perdu en souveraineté alimentaire à cause de la grippe aviaire » alerte Loïc Coulombel, vice-président du CNPO. En 2021, la France avait une balance commerciale positive pour les œufs et ovoproduits, ce n’était plus le cas en 2022, avec un déficit estimé à 43 000 tonnes équivalent œufs et 79 millions d’euros.
9,5 % du cheptel de poules : c’est la perte due à la grippe aviaire en France.
La France était le premier producteur d’œufs en Europe, ce n’est plus le cas en 2022 elle est rejointe par l’Allemagne et l’Espagne, ces trois pays pèsent chacun pour 14 % de la production européenne. La grippe aviaire a fait chuter de 8 % notre production d’œufs par rapport à 2021, à 14,4 milliards d’œufs. Sur l’ensemble de l’Union la baisse était de 5 %. « Dans le meilleur des cas, on pourra retrouver une production normale cet automne, s’il n’y a pas de nouveau cas d’influenza», espère Loïc Coulombel, vice-président du CNPO. Les estimations sont à une hausse de 5 % de la production française en 2023, qui ne parviendra toutefois pas à rejoindre son niveau de 2021.
246 millions d’euros : ce sont les pertes estimées à cause de la grippe aviaire en 2021/2022.
Le CNPO insiste sur des mesures indispensables spécifique à la filière œufs, qui présente un cycle long. Elle demande le passage de 90 % à 100 % des indemnisation pendant les périodes de restrictions et l’allongement de la période d’indemnisation suivant la levée des restrictions « car les poulaillers peuvent rester vides plus longtemps le temps de remettre en place, or il faut amortir les outils et bâtiments durant ce temps » précise Loïc Coulombel.
45 millions d’euros : c’est ce que va coûter au consommateur l’ovosexage.
La filière a mis en place un modèle de prise en charge des coûts par le CNPO, sur chaque œuf pondu et vendu en France, une contribution volontaire obligatoire est versée par la grande distribution au CNPO qui le redistribue chaque mois aux accouveurs. « Depuis le début de l’année, 5 millions d’euros ont été redistribué par le CNPO » explique le président Yves Marie Beaudet qui précise que « sur le bien-être animal, la France a beaucoup avancé, la filière est fragilisée, la seule urgence au niveau européen c’est la nécessité absolue d’interdire l’élimination des poussins mâles dans toute l’Europe pour éviter toute distorsion de concurrence ». La dérogation pour les poules blanches est maintenue pour les deux prochaines années. Pour ce qui est de l’interdiction des cages et de l’arrêt de l’épointage, la filière joue la prudence, s’oppose à une date butoir afin de préserver la souveraineté alimentaire du pays. Les opérateurs sont aussi vent debout contre la position commune sur la proposition de révision de la directive sur les émissions industrielles et agricoles (IED). Les élevages de de petite taille de plus de 20 000 poules seraient concernés.