Négociations commerciales : les éleveurs laitiers, dindons de la farce ?
Lors d’une conférence de presse la FNPL, syndicat des producteurs de lait, est revenu sur les négociations commerciales. En cause, la non sanctuarisation du prix des matières premières agricoles (MPA). Une lettre ouverte a été envoyée à Bruno Le Maire.
Lors d’une conférence de presse la FNPL, syndicat des producteurs de lait, est revenu sur les négociations commerciales. En cause, la non sanctuarisation du prix des matières premières agricoles (MPA). Une lettre ouverte a été envoyée à Bruno Le Maire.
« Je ne dis pas que nous avons été floués, mais nous avons été bien bernés. » Yohann Barbe, trésorier de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), ne cache pas le désarroi des éleveurs laitiers. La fédération organisait une conférence de presse à Paris le 23 janvier 2024.
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En cause, des négociations commerciales, qui, pour eux, n’ont jamais respecté les lois Egalim destinés à préserver les agriculteurs. Au contraire, ils ont l’impression de ramasser les miettes. « Lorsque les choses sont faites en bonne intelligence, les industriels commencent par négocier les prix du lait avec nos organisations avant de traiter avec la grande distribution », explique Thierry Roquefeuil, le président de la FNPL. « Or, l’accélération des négociations commerciales et les baisses de prix attendues ont rendu impossibles les négociations en amont avec nos organisations de producteurs. Les industriels ont d’abord rencontré les distributeurs et ensuite, ils ont négocié sur les matières premières agricoles (MPA) tout en gardant le flou sur leurs propres coûts. C’est un jeu de poker menteur. »
Du lait en baisse par rapport à 2022
« En octobre 2023, le prix du lait conventionnel français s’est établi à 435,7 euros les 1000 litres soit -8,3 euros d’un mois sur l’autre et -18 euros par rapport à octobre 2022. Ailleurs en Europe, les prix repartent à la hausse », fulmine la FNPL. « D’autant que d’après l’indicateur du prix de revient, nous aurions dû bénéficier d’une hausse de prix de 6%. »
Les syndicats craignent plus que tout que ces négociations commerciales tronquées, qui s’ajoutent aux polémiques liées à l’épidémie de MHE (l’indemnisation pour la mort des animaux et les frais vétérinaires seront pris en charge à 80% par l’Etat, mais pas les pertes en lait, ni les dépréciations viande), ne finissent par dégoûter les jeunes du métier et ne mettent toute la filière lait française en danger.
Lettre ouverte à Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances
Thierry Roquefeuil a donc pris sa plume pour « remettre Bruno Le Maire face à ses responsabilités » via une lettre ouverte diffusée à la presse via X. « La loi EGalim 2 promet une sanctuarisation des MPA et la construction d’un prix en marche avant », écrit-il. « Mais sous les effets d’annonces répétés, votre souhait de baisser les prix de l’alimentaire et donc ceux payés aux producteurs se concrétise ! Votre part de responsabilité dans la colère (… ) des agriculteurs est grande. » « Donner aux producteurs les miettes des négociations commerciales : Etait-ce là votre but pour enrayer l’inflation ? » Et de conclure : « Il est urgent d’agir monsieur le Ministre ! »