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Conjoncture
À Natexpo, les entreprises répondent à l’embourbement du bio

Les acteurs du bio ont profité de l’évènement pour échanger, présenter leurs innovations, au lendemain d’une année 2020 atypique. Tous partagent la même volonté : redonner au bio l'élan qui lui manque en cette année 2021. Tour d’horizon.

Après une année 2020 où les ventes de produits biologiques ont réalisé une croissance de 10 % par rapport à 2019 (avec +15 % pour les magasins spécialisés), le secteur est à la recherche d’un second souffle, après un premier semestre 2021 en demi-teinte. Biotopia Insight estime les chiffres d’affaires des réseaux spécialisés bio en décroissance sur un an, de -12 % au deuxième trimestre 2021 et de -3 % au troisième trimestre. « Les ventes restent néanmoins en croissance par rapport à 2019 », nuance Loïc Danel, directeur général de Biotopia Insight, à l’occasion du Natexpo 2021 qui s’est tenu du 24 au 26 octobre au parc des expositions de Paris-Nord Villepinte.

Le bio doit aujourd’hui faire face à une concurrence plus acerbe, notamment portée par la dimension locale. « Les Google trends "bio" et "local" se rapprochent, et s’inversent même en Île-de-France. Le local apporte une histoire aux produits là où le bio est peut-être trop technique », analyse Loïc Danel. Certains acteurs soulignent la nécessité de communiquer autour des atouts des produits bio. « Il faut rappeler aux consommateurs qu’un produit bio importé doit respecter la législation bio européenne. De très nombreux échantillons sont prélevés aux moments des floraisons dans les champs et au moment des récoltes, peu importe le pays où le produit est cultivé. Ces échantillons sont envoyés à des laboratoires situés en France ou en Allemagne où ils vont être analysés. Ce travail d’analyses est bien supérieur par rapport aux produits conventionnels », met en avant Gildas Bonafous, président-directeur général des Biolonistes, fabricant, importateur et distributeur de produits d’épicerie bio.

Les acteurs du bio veulent pouvoir mesurer les bénéfices de leurs modes de production pour pouvoir le communiquer par la suite, comme le souhaite Agri-Éthique. « Durant la crise, il y a eu une prise de conscience des industriels qui se sont aperçus du besoin de changer de modèle pour se retourner vers des approvisionnements français, mais aussi une prise de conscience des consommateurs. À nous de communiquer les bénéfices pour l’environnement que nous avons été capables de mesurer », explique Ludovic Brindejonc, fondateur et directeur général d’Agri-Éthique. « En se tournant vers nos produits, nos acheteurs vont financer un fonds commun qui servira lui-même à financer des projets de transition agroécologique qui vont au-delà de la réglementation. Et nous devons communiquer sur ce genre d’initiative », poursuit-il.

Le végétal a le vent en poupe

Les acteurs du bio ont alors profité du salon Natexpo pour présenter toutes leurs innovations, certains n’ayant jamais mis en pause leur recherche et développement. Le salon a notamment réuni dans son espace Galerie des nouveautés plus de 200 produits au cœur des nouvelles tendances. « Parmi les meilleurs lancements d’innovations bio en 2021, le végétal et le "sans gluten" ont le vent en poupe », souligne Loïc Danel.

Des innovations dans l’ère du temps

« Nous profitons du salon pour présenter nos nouveautés à nos clients, mais aussi pour rencontrer des producteurs qui seraient prêts à nous rejoindre », précise Léopoldine Mathieu, responsable filières et développement durable du groupe Reitzel. Bravo Hugo, la marque bio du groupe, qui relocalise la culture de cornichons bio français, suscite l’intérêt en amont et en aval de la filière agroalimentaire. Son catalogue s’est récemment étendu aux courgettes et aux carottes bio.

La société n’est pas la seule à jouer la carte de l’approvisionnement français. C’est notamment aussi le cas de la start-up Faba. Elle propose, via sa marque Sincera, des tartinables de légumineuses bio, cultivées en France, pour l’apéritif, qui sont commercialisés en grande distribution. « Nous revisitons des recettes classiques, en les proposant dans une version végétale, comme une sauce bolognaise à base de lentilles », indique Annabelle Point, cofondatrice de Faba.

Le segment de l’apéritif est porteur, et de nombreux acteurs l’ont compris et veulent proposer des produits en adéquation avec les nouvelles attentes des consommateurs. La société Globexplore (filiale du groupe Hénaff) a développé, quant à elle, au travers de sa nouvelle marque Terraveda, des biscuits apéritifs aux algues, nommés Croustialgues. « Les algues sont broyées avant d’être mélangées aux produits. Nous proposons aux grandes surfaces spécialisées un meuble pour créer un univers algues dans les magasins », raconte Antoine Ravenel, directeur de filiale à Globexplore.

Une croissance imprévue à assumer

« La crise sanitaire a fait décoller nos ventes. L’enjeu pour nous a été d’assumer cette croissance que nous n’avions pas anticipée », assure Camille Michel, responsable marketing et communication de Sainte Lucie. La société a profité de l’accélération de la tendance du fait maison, liée à la pandémie. « L’enjeu a été de maintenir nos ventes », ajoute-t-elle. Même écho du côté de la société Prosain, productrice de conserves de légumes bio que les consommateurs ont pu facilement stocker. « Nous nous attendions à une décroissance cette année après le pic de l’an dernier, mais la tendance est à la stabilisation », conclut Mathieu Cesari, responsable de la communication d’Organic Stories, confédération de PME à laquelle est rattachée Prosain.

Développement de la MDD bio

Les produits vendus sous marque de distributeur dans les magasins bio spécialisés prennent de plus en plus d’importance : entre fin juin 2020 et fin juin 2021, ils pesaient 6,1 % des ventes alimentaires totales, soit 0,8 point de plus par rapport à juin 2019. Les enseignes La Vie claire et Naturéo sont celles qui affichent la plus forte croissance de leur MDD, avec respectivement +2,8 points et +3,3 points. « La MDD apporte une offre plus économique que les marques nationales et vient étoffer les rayons. Ces types de produits viennent chercher de nouveaux consommateurs », précise Loïc Danel, directeur général de Biotopia Insight. « On remarque qu’il y a cependant un vide au niveau des prix entre la MDD et la marque nationale la plus accessible », ajoute-t-il.

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