Coopérative
Maîtres laitiers du Cotentin va renouer avec le grand export
Le groupe coopératif normand est en passe de signer deux contrats au grand export, deux ans après l’amère déconvenue avec Synutra. Une très bonne nouvelle alors que l’épidémie de coronavirus a affecté sa filière France Frais.
Deux ans après la douloureuse expérience avec le groupe chinois Synutra, qui avait rompu unilatéralement le contrat avec le groupe normand *, Guillaume Fortin, directeur général de la coopérative Maîtres laitiers du Cotentin (MLC) et du réseau France Frais, a annoncé mardi 8 septembre en assemblée générale la relance de ses activités au grand export avec « deux contrats en cours de finalisation ».
L’un porte sur du lait blanc en format 1 litre et 20 centilitres, l’autre sur du lait infantile en format 20 centilitres. Ces deux contrats en discussion avec le même client devraient représenter en année pleine 180 conteneurs par mois, soit un équivalent de 80 millions de litres de lait. Le premier contrat est en cours de finalisation, « c’est une histoire de semaines », précise Jacques Klimczak, membre du comité exécutif de MLC et de France Frais, chargé du marketing et de la communication. « Le second est en cours de négociation ». D’autres contrats seraient en discussion.
Le démarrage de ces activités interviendra au cours de l’exercice
« Le démarrage de ces activités (dans l’usine Méautis, ndlr) interviendra au cours de l’exercice 2020-2021 et se prolongera sur l’exercice suivant », explique Guillaume Fortin. Pour l’heure, l’usine, classée en catégorie A+ par les dernières certifications internationales, tourne « à un tiers de ses capacités », explique Jacques Klimczak. À l’atelier beurre-crème AOP en fonctionnement depuis son inauguration « s’est ajouté, il y a quelques semaines, un contrat de sous-traitance du groupe LSDH pour du lait UHT sous MDD ».
Une collecte en hausse de 20 millions de litres
De bonnes nouvelles pour la coopérative laitière qui a enregistré un chiffre d’affaires de 1,981 milliard d’euros sur l’exercice 2019-2020 (+1,4 % par rapport à l’exercice précédent) pour un résultat net part du groupe à 9,815 millions d’euros (en progression de 2,249 millions d’euros). Fruit d’une politique de développement des volumes engagée il y a trois ans, la coopérative qui compte 1 129 sociétaires a collecté 459 millions de litres de lait sur l’exercice. Soit 20 millions de litres de plus que l’exercice précédent, pour un prix du lait (toutes qualités et toutes primes comprises) à 374,85 euros les 1 000 litres de lait (en hausse de 12,51 euros/1 000 litres). « On a accepté tout le lait, remarque Jacques Klimczak, toutefois sur les mois d’avril, mai et juin avec le confinement, l’ensemble des sociétaires ont réduit leur production de l’ordre de 3 %. » Une période qui a été marquée par un coup d’arrêt des activités en restauration pour France Frais, jusque-là activité moteur de MLC. Depuis l’été, les indicateurs se redressent, mais France Frais n’a pas encore retrouvé son activité normale.
Une année complexe
Jean-François Fortin, directeur général du groupe, anticipe « une année complexe pour le nouvel exercice compte tenu des premiers dommages causés par la crise sanitaire », rappelant toutefois « la raison d’être de la coopérative et l’impérieuse nécessité de poursuivre une stratégie audacieuse qui permet de trouver des nouveaux marchés, qui renforce la cohésion du groupe et de ses métiers et fait valoir un modèle unique avec ses atouts : de la production laitière à la distribution avec France Frais, en passant par la transformation ».
Cent exploitations en lait AOP, dix en bio
L’une des orientations stratégiques du groupe passe par la segmentation laitière avec le développement du lait de pâturage sans OGM depuis avril 2020, de lait bas carbone, de lait AOP et de lait bio. Pour le lait de pâturage, la majorité des exploitations répondent déjà au cahier des charges défini au niveau national pour le pâturage (au minimum 120 jours, 6 heures par jour et 10 ares par vache en lactation) et près des deux tiers des sociétaires sont engagés dans la démarche. Pour le lait bas carbone, les diagnostics Cap2ER niveau 1 sont en cours, mais 47 % des sociétaires produisent bas carbone, assure MLC. Pour le lait AOP, une centaine d’exploitations en produisent, et concernant le lait bio, dix exploitations sont déjà en bio et sept sont en phase de conversion.
Partenariat avec C’est qui le patron ?!
Rencontré par l’intermédiaire du groupe LSDH, la marque C’est qui le patron ?! a signé cet été un partenariat exclusif avec les Maîtres laitiers du Cotentin. Ce partenariat comprend la distribution par France Frais des produits C’est qui le patron ?! auprès de la restauration avec en échange la mise en ligne sur son site de e-commerce (www.lemagasindesconsos.fr) de produits de « marques vertueuses » parmi lesquelles la marque Campagne de France de la coopérative. Autre projet : la fabrication par MLC de crème fraîche à marque C’est qui le patron ?!. « Les consommateurs définissent actuellement les caractéristiques du produit. Une fois les résultats connus, on va définir une plateforme produits », explique Jacques Klimczak.