L’Italie, plaque tournante des œufs ukrainiens
L’Italie est devenue la première destination des œufs ukrainiens. Ce qui lui permet de déployer ses exportations d’œufs coquille, grâce à un effet de substitution, mais aussi d’améliorer la compétitivité de ses ovoproduits.
L’Italie est devenue la première destination des œufs ukrainiens. Ce qui lui permet de déployer ses exportations d’œufs coquille, grâce à un effet de substitution, mais aussi d’améliorer la compétitivité de ses ovoproduits.

Avec plus de 12 100 tonnes équivalent coquille (téoc), les importations d’œufs et ovoproduits ukrainiens par l’Italie ont explosé en 2024, bondissant de 30 %. Elles avaient déjà augmenté de 55 % en 2023. « L’Italie est devenu le principal point d’entrée des œufs ukrainiens en Europe » résume Mohamed Bouzidi, chargé d’étude économiques de l’Itavi.
Lire aussi : Ukraine : les importations d’œufs ne sont pas contrées par le « frein d’urgence »
Hausse des importations italiennes d’œufs coquilles
Les importations de l’Italie d’œufs roumains, polonais et espagnols ont aussi augmenté en 2024. « Les envois de la France vers l’Italie ont aussi progressé. Une partie est liée à des flux intra-entreprise » nuance Mohamed Bouzidi. L’Itavi nous informe aussi de flux, vers l'Italie, sur de plus petits volumes, en provenance de Bulgarie et de la Bosnie.

Progression des importations italiennes d’ovoproduits
Alors que les importations italiennes d’œufs coquille augmentaient de 34 % en volume sur les dix premiers mois de l’année, celles d’ovoproduits ont progressé de 15 %. On note l’essor des envois de la Pologne (+24 % à 28 000 téoc), de la France (+23 % à 11 900 téoc) et de l’Ukraine (+15 % à 6 800 téoc).
Pourquoi l’Italie importe-t-elle tant d’œufs ?
Avec plus de 112 000 téoc d’importations totales d’œufs et ovoproduits, les achats de l’Italie sur les 10 premiers mois de 2024 étaient 50 % supérieurs à ceux de la France sur 11 mois. Mais on remarque aussi une envolée des exportations italiennes, qui ont bondi, au total, de 50 % sur les 10 premiers mois de 2024 à plus de 145 200 téoc. Ce sont surtout les exportations d’œufs coquille qui décollent, elles triplent entre 2023 et 2024.
« Il y a un effet de substitution »

« Il y a un effet de substitution. Il est probable que les œufs italiens soient exportés sous forme coquille tandis que leurs casseries utilisent les œufs importés, ce qui leur permet de garder leur compétitivité sur la filière ovoproduits » estime Mohamed Bouzidi, notamment pour l'export pays tiers. Les acheteurs d’œufs coquille italiens achètent donc des œufs produits en UE aux normes européennes. Pendant ce temps, les casseries italiennes s’approvisionnent en œufs roumains, au coût de production moins élevé, ou ukrainiens, produits sans le poids des normes UE, notamment dans des cages non aménagées.
La France achète de plus en plus d’ovoproduits italiens
Les importations françaises d’ovoproduits fabriqués en Italie à partir d’œufs dont on ne peut connaître la provenance par les Douanes ont bondi de 29 % sur les 11 premiers mois de l’année, soit 12 176 téoc. « Les entreprises acheteuses connaissent probablement l’origine des œufs mais rien ne les oblige à la communiquer » pointe Mohamed Bouzidi.
Le spécialiste de l’Itavi alerte d’ailleurs sur ces chiffres, « certains ovoproduits ne sont pas exportés sous ces codes douaniers mais sous ceux correspondants aux "préparations alimentaires" et sont donc intraçables. Les volumes donnés ici sont un minimum ».