Investissement
Lever les freins à la robotisation dans les PME
Les industriels de l’agroalimentaire de taille moyenne peuvent vouloir robotiser pour gagner en qualité de travail, régularité, cadence, créativité. Éclairages d’un intégrateur sur les moyens de réaliser le projet.
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Stéphanie Marulier, ingénieur à Vitagora, invite les industries agroalimentaires (IAA) à robotiser dans la dernière lettre d’information du pôle de compétitivité. Elle affirme qu’aucun des dirigeants d’entreprises agroalimentaires qu’elle côtoie « ne remettrait en question les avantages de la robotisation ». Elle relève néanmoins les freins à la robotisation : la crainte d’une mauvaise perception en interne, le coût, la complexité de l’implantation d’un équipement robotique.
Elle est allée chercher des arguments du côté d’un intégrateur : Energence, dont le siège est dans le Rhône et qui a une antenne bretonne en Ille-et-Vilaine. Deux experts d’Energence, Manuel Nunez et Didier Emorine, ont vite balayé le mythe du « robot destructeur d’emploi » pour se concentrer sur leur expérience de terrain. Didier Emorine évoque l’affranchissement pour les opérateurs des tâches les plus pénibles et la limitation des troubles musculosquelettiques (TMS).
Ajuster… mais sans tout bouleverser
Manuel Nunez recommande d’impliquer les opérateurs, expliquer la démarche. Il faut « que chacun comprenne l’intérêt du robot », selon lui. Les deux experts mettent en garde à l’égard d’« écarts entre ce qu’imagine la direction et ce que projette la production ». Ils préconisent d’établir une vision concrète de l’évolution de l’usine, partagée en interne.
À partir de ce projet, l’intégrateur définit avec l’industriel un cahier des charges. Il est alors question des tâches à accomplir, de la présence des opérateurs, de gains de cadence, de l’espace d’implantation, etc. La bonne solution n’est pas forcément un cobot (robot guidé par un opérateur).
Didier Emorine prévient qu’il faut parfois réorganiser la chaîne de production ; il s’agit d'« ajuster… mais sans tout bouleverser », dit-il dans l’article. Il prévient aussi d’un temps nécessaire à la mise en service : « de quinze jours pour un robot simple à plus d’un mois lorsqu’il s’agit d’intervenir sur l’informatique, l’électronique, etc. ».
Repères chiffrés
En guise de repères socio-économiques à l’intention des PME, Energence met en avant les retombées du programme Robot Start PME (achevé en 2017) qui consistait à introduire un premier robot dans une entreprise de taille moyenne. Ce sont, en deux ans, une amélioration de 90 % des conditions de travail, des hausses moyennes de 86 % en productivité, de 68 % en rentabilité, de 18 % en chiffre d’affaires, et au moins trois créations de poste envisagées en 2017, en moyenne par entreprise, dans la production, l’innovation et le commercial.
Déduction exceptionnelle
Vitagora et Energence recommandent aux industriels investisseurs de compulser le guide du suramortissement du Syndicat des équipementiers (Symop). La dernière version est téléchargeable sur le site Internet du Symop. Les PME industrielles peuvent économiser en impôt environ 10 % sur le prix d’achat.
Cette « déduction exceptionnelle » porte uniquement sur la partie productive ou de conception (elle exclut le contrôle qualité). Elle s’applique aux équipements neufs acquis entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2020 ou pris en location dans le cadre d’un crédit-bail ou de location avec option d’achat conclus dans la même période.
Équipements éligibles au suramortissement
Les équipements acquis jusqu’au 31 décembre 2020 pouvant bénéficier du suramortissement comprennent, d’après le décret paru au bulletin officiel des finances publiques le 15 avril 2019 : les robots, cobots, exosquelettes (périphériques compris : préhenseurs, capteurs…) ; les logiciels de conception et de production, de maintenance ; les capteurs physiques sur sites de production (hors maintenance, qualité, sécurité), sur chaîne de production ou de transitique ; les machines de production et conditionnement à commande programmable ou numérique (hors maintenance, alimentation amont et évacuation).