Plan gouvernemental
L'État propose un plan pour accompagner la mutation logistique
Les prestataires en flux de marchandises se félicitent d’un élan national visant à accélérer la mutation du secteur. Ils promettent davantage de services, plus ciblés, plus coordonnés, plus pratiques, plus compétitifs et moins d’empreintes carbone.
Les prestataires en flux de marchandises se félicitent d’un élan national visant à accélérer la mutation du secteur. Ils promettent davantage de services, plus ciblés, plus coordonnés, plus pratiques, plus compétitifs et moins d’empreintes carbone.
Le premier comité interministériel de la logistique (Cilog), qui s’est tenu le 7 décembre, marque le début d’une nouvelle ère aux yeux des métiers de la logistique, désormais regroupés dans l’association France Logistique. Le plan logistique proposé par l'Etat et doté de 1,7 milliard d'euros semble marquer une prise en considération économique et environnementale de la part de l’État. Les prestataires se voient appelés à accompagner la reprise économique. Au-delà, France Logistique mettra en œuvre le développement des « lignes capillaires » de fret ferroviaire et du transport multimodal, la décarbonation du transport fluvial, déploiera une « stratégie de logistique urbaine durable », veillera à optimiser les infrastructures en évitant l’artificialisation des sols. Les échanges portuaires se déclareront par guichet unique et un écolabel favorisera les transits via des ports français.
L’innovation logistique sera soutenue par le plan d’investissement d’avenir (PIA), les transporteurs continueront d’être aidés pour renouveler leurs flottes de camions et les logisticiens seront rémunérés pour leur production d’énergie.
Facilitations administratives
Concrètement, il faut ainsi s’attendre à des progrès technologiques en matière de sécurisation des opérations et dans « la logistique du dernier kilomètre automatisée et intelligente », ainsi que dans l’assistance aux tâches manuelles. Afin de faciliter l’implantation d’entrepôts de plus de 40 000 m2 dans des zones déjà artificialisées, l’évaluation environnementale ne sera désormais systématique que pour les zones non urbanisées (au sens du code de l’urbanisme).
Un fonds friches de 300 millions d'euros est débloqué. Les projets non soumis à une évaluation environnementale systématique verront leur procédure de délivrance d’autorisation accélérée (une procédure qui ira jusqu’à 900 000 m3 de bâtiment). Par ailleurs, la construction d’entrepôts automatisés de grande hauteur sera facilitée.
La logistique fera partie intégrante des projets des sites industriels « clés en main » promus par l’État avec la Banque des territoires et les collectivités territoriales. Le Cilog a mis en avant trois sites logistiques « clés en main » : la plateforme trimodale de France E-LOG’IN 4 à Thionville (Grand Est), le parc d’activités bimodal de Hordain Hainaut (Hauts-de-France) et une plateforme de 120 000 m2 à construire sur la Zac d’Ozans à Châteauroux (Centre-Val de Loire) sur un parc d’activités doté d’une desserte ferroviaire.
Aujourd’hui, seul le volume permet au prestataire de la chaîne du froid de s’en sortir
Sur le plan fiscal, les entreprises de logistique ont l’assurance d’un cadre fiscal plus compétitif, notamment sur le foncier.
La Chaîne logistique du froid compte toutefois obtenir plus. L’association du transport et de l’entreposage frigorifiques de produits alimentaires vient de se constituer en acteur unique de référence pour défendre les intérêts de ses métiers. Elle s’impose aussi comme chef d’orchestre de la coopération entre entreprises en matière d’économies d’énergie et d’environnement. La filière est la première concernée par l’impératif de diminuer la consommation énergétique. Ses demandes d’aides en faveur de la transition énergétique sont appuyées par France Logistique.
Jean-Eudes Tesson, président de La Chaîne logistique du froid, se félicite de l’opérabilité des moyens mis en commun par les différentes organisations de la chaîne du froid. Toutefois, il regrette qu’un industriel « paie 30 % moins cher l’électricité consommée par ses entrepôts » et obtienne plus de subventions. Il exprime aussi la nécessité de « restaurer des marges convenables ». « Aujourd’hui, seul le volume permet au prestataire de la chaîne du froid de s’en sortir, regrette-t-il. Alors que les charges augmentent, dont le carburant non routier et les impôts locaux. Nous supportons la conversion aux fluides frigorigènes admissibles. S’il fallait réinvestir aujourd’hui, nous ne le pourrions plus. »
La mutualisation, une piste en agroalimentaire
Les IAA ont leur part à prendre dans la rationalisation de la logistique. La Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef) a ainsi organisé au printemps 2020 trois webinaires sur la mutualisation des produits frais avec le logisticien du froid STG en Bretagne, Normandie, Rhône-Alpes, ainsi qu’une visioconférence avec le logisticien des produits ambiants Mutual Logisitics. « La mutualisation est nécessaire pour les PME, elle permet de réelles économies, affirme Olivier Collet, référent enseignes et animateur de la commission logistique de la Feef. J’ai un bon exemple de PME du secteur de la droguerie et de l’hygiène, qui ont réalisé des économies de 20 à 25 % en mutualisant leur approvisionnement des enseignes. » « Tout le monde en est conscient et les compétences sont en place pour mettre en œuvre des projets. Malheureusement, la mise en mouvement est difficile », regrette-t-il.