Les viandes de dinde reviennent
La consommation de viande de dinde est passée de 14,4 % des volumes de viande de volailles en 2021 à 12,8 % en 2022. L’influenza aviaire a pesé sur la production ; le prix sur la consommation. Mais la reprise est annoncée.
Les dindes blanches comme les colorées ou mixtes ont payé un lourd tribut à l’influenza aviaire et à la hausse des coûts d’élevage. Elles sont plus sensibles au virus que le poulet et 23 % de la production nationale se concentre dans les Pays de la Loire, affectés à l’automne 2022. Le couvoir d’œufs de dinde Hendrix Genetics, situé dans le Maine-et-Loire, a ainsi connu deux épisodes de grippe aviaire, au milieu de 2022 et à l’automne, arrêtant quasiment sa production de dindonneaux et transférant sa production en Bretagne lors du second épisode. La production nationale de dindes de 2022 a été en recul de 17 % par rapport à celle de 2021 (source Itavi, d’après SSP).
Les ménages ont acheté 13,7 % moins de découpes de dinde en 2022, selon Kantar Worldpanel pour FranceAgriMer. Le prix moyen des découpes de dindes dans les magasins a été de 10,34 euros/kg au cours de l’année 2022, dépassant sans doute une barrière psychologique pour certains foyers.
Moins de dindes, mais plus lourdes
Les premiers mois de 2023 sont restés marqués par cette conjoncture. Les sorties d’élevages de dindes étaient en recul de 15 % au premier trimestre 2023. C’étaient des dindes plus lourdes que l’an passé, d’un poids moyen autour de 12 kg en mars et avril 2023. Les stocks de viande de dinde, en avril 2023, étaient 16,7 % en dessous de leur niveau d’avril 2022. Les importations ont marginalement compensé le déficit. Au premier trimestre 2023, elles avaient augmenté de 11 041 à 11 136 tonnes équivalent carcasse (tec) de dindes, d’après les Douanes. Leur valeur moyenne de 4 965 euros/tonne s’était renchérie de 1 354 euros par rapport au premier trimestre 2022.
La production nationale de dindes ne demande qu’à remonter. Si la dinde est l’espèce la plus en retard dans la reprise post-influenza, les mises en place hebdomadaires étaient déjà supérieures de 19 % en avril 2023 à celles d’avril 2022. Roland Tonarelli, directeur général de Maître Coq, qui recevait des journalistes de la presse spécialisée et économique dans une de ses usines des Pays de la Loire au début du mois de juin, a annoncé la reprise prochaine de la transformation de viande de dinde. Selon l’Association de promotion de la volaille française (APVF), la production de dindes devrait retrouver son niveau d’avant-crise.
Espoirs pour les dindes fermières
À Rungis, la dinde standard se fait désirer et l’on s’inquiète de la production de dindes fermières pour la rentrée scolaire et les fêtes. « Les Landes et le Gers sont attaqués par la grippe aviaire ; on n’en aura pas des montagnes cette année », appréhende Gino Catena, patron d’Avigros. Le risque, selon le grossiste, est que la dinde fermière sorte encore un peu plus des esprits, au profit des chapons. « Et pourtant, la dinde noire est très bonne à manger, elle est très différente des dindes standard qu’on consomme toute l’année », répète-t-il.
Sébastien Verdier, président de l’APVF, veut croire, quant à lui, à un regain d’intérêt du marché pour la dinde fermière du fait de la croissance des découpes de ces dindes de petit format, « de 3 à 4 % par an », souligne-t-il. Il explique ce succès par « la différence de goût et le gap entre le standard et le label, qui est inférieur à celui du poulet. On peut s’offrir de la découpe de dinde en label à moindre surcoût. ». Qu’on en juge en grande distribution : sur un site de commande d’un Intermarché de la proximité de Nantes le 20 juin, la barquette d’escalopes de dinde Fermiers de Loué label Rouge est à 24,90 euros/kg, celle d’escalopes marinées Le Gaulois à 20 euros/kg et la barquette « Les Accessibles » (mais française) à 13,17 euros/kg.
Une génétique adaptée aux dindes européennes
Hybrid Turkeys, du groupe international de sélection génétique Hendrix Genetics, dispose en France de lignées pures de dindes colorées, blanches et mixtes répondant aux besoins des sélectionneurs et éleveurs de France, d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient. Elle s’est dotée en 2021 de nouvelles technologies de génomique permettant une sélection plus précise et plus rapide. Elle doit utiliser prochainement la radiographie pour évaluer la qualité des aplombs des dindes standard et leur viabilité. Hybrid Turkeys exploite dans le Grand Ouest 130 sites de production, dont 114 couvoirs d’où sortent des dindonneaux de production.