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Enquête
Les premiers pas de la blockchain dans l'alimentaire en France

La traçabilité en temps réel est à portée de main – ou de smartphone – grâce à la technologie blockchain. Quelques applications concrètes émergent en France. En attendant des déploiements plus ambitieux générateurs d’économies.

© DR

Cette année 2018 doit voir émerger en France plusieurs applications de blockchain dans des chaînes d’approvisionnement du secteur agroalimentaire. Cette technologie informatique vise à constituer et partager un registre inviolable. Dans une chaîne de valeur, elle peut permettre de simplement sécuriser des données communes aux opérateurs, de retrouver en temps réel ce qui s’est passé, chez tel partenaire et quand, et par conséquent de repérer en temps réel des produits ou d’établir des responsabilités. Elle peut aussi rassurer les consommateurs.

Le distributeur Carrefour se prépare à annoncer dans les prochaines semaines le développement d’une solution blockchain pour ses filières Qualité Carrefour. À l’occasion de la présentation du plan de transformation de son groupe le 23 janvier dernier, le président-directeur général, Alexandre Bompard, avait déjà annoncé que cette technologie faisait clairement partie de sa stratégie.

Carrefour en test sur la filière avicole

« Notre responsabilité sur nos marques propres suppose une traçabilité parfaite. Carrefour est le seul distributeur à utiliser la technologie blockchain pour améliorer la traçabilité de ses produits et à être aujourd’hui pleinement opérationnel. Nous sommes notamment en test sur une application de cette technologie à notre filière aviaire. Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’on est capable de retracer tout le parcours d’un poulet depuis son couvoir jusqu’à sa mise en rayon dans un de nos magasins, en passant par son élevage, son alimentation, ses soins et son lieu d’abattage. Je souhaite que dès 2018 la blockchain soit généralisée à toutes les filières Carrefour. Elles seront les références de la qualité et de la sécurité alimentaires exemplaires en matière de traçabilité », avait-il alors déclaré.

La valeur se répartit en principe mieux

Carrefour en est déjà à une application concrète : le « transfert de responsabilités » dans le suivi de chariots de déstockage (rolls) entre des entrepôts et des magasins de proximité. Le système décentralisé permet d’épargner au groupe des frais de gestion. La solution de « transfert de responsabilités » employée a été développée par la start-up française Ownest, qui émane de Ledgys Solutions, start-up française elle aussi, spécialisée dans la technologie blockchain.

Sécurisation des chaînes de valeur

Autre spécialiste de la sécurisation des chaînes de valeur, la start-up Connecting Food, doit lancer cette année – peut-être cet été – une première solution de « certification en temps réel » fondée sur la blockchain. C’est une start-up française, elle aussi, fondée par deux anciens cadres du groupe Avril. Leur idée est la suivante : certifier en temps réel des matières premières ou des produits afin de pouvoir retirer à temps de la chaîne de production ceux qui ne sont pas conformes. Ils ciblent en particulier les filières porc, œuf, volaille, bœuf et lait. Connecting Food est partenaire d’IBM, l’un des pilotes de la plateforme Hyperledger Fabric (Linux Foundation) et du CEA List chargé de la configuration des solutions.

Le système : un fournisseur ne livre que si son certificat (délivré par un organisme certificateur) est valide – cela est vérifié régulièrement. En cas de non-conformité constatée, l’ensemble des partenaires est averti immédiatement. Connecting Food et le CEA List envisagent d’introduire de l’analyse de données pour détecter les incohérences.

« L’économie collaborative », selon GS1

GS1 France, où se tiennent les travaux d’identification numérique standardisée des produits et d’interconnexion, prépare le terrain au déploiement à venir de « protocoles intelligents » selon lesquels la réunion de conditions déclencherait une action ou une série d’actions. GS1 France envisage aussi de « blockchainer » des réseaux de plateformes numériques une fois que celles-ci seront interconnectées. Pour exemple, l'interconnexion des plateformes collaboratives de logistique grâce aux travaux coordonnés par GS1 pour deux applications : la prise de rendez-vous des transporteurs, afin d’optimiser le fonctionnement global du réseau, et le suivi en temps réel des camions. Ces applications s’appellent des API, acronyme anglais pour « application programming interface », où le mot-clé est « interface ».

Pourquoi « blockchainer » des réseaux de plateformes collaboratives ? « Nous imaginons des principes d’intermédiation mais sans prise de pouvoir », introduit Stéphane Cren, responsable Innovation et Offre à GS1 France. « L’organisateur de l’intermédiation ou le tiers de confiance est un passage obligé ; une des plateformes peut devenir dominante. Dans un système décentralisé comme une blockchain, il n’y a plus de tiers de confiance ni de plateforme dominante ; la valeur se répartit en principe mieux », explique-t-il. « GS1 ne tient pas à devenir le connecteur central des plateformes collaboratives, mais seulement offrir des protocoles intelligents et encourager les bonnes pratiques », conclut-il.

 

A lire également :

=> Bureau Veritas lance sa solution blockchain Origin

http://lesmarches.reussir.fr/avec-notre-solution-origin-les-cartes-de-la-tracabilite-sont-rebattues

=> Exemple de traçage avec la gomme de guar

http://lesmarches.reussir.fr/exemple-de-tracage-avec-la-gomme-de-guar

=> Le juste coût d’un bloc

http://lesmarches.reussir.fr/le-juste-cout-dun-bloc

 

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