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Palmarès
Les personnalités de l’année 2017, selon Les Marchés Hebdo

Pour la seconde édition, la rédaction des Marchés Hebdo a retenu treize personnalités ayant marqué l’année 2017 par leurs actions dans le secteur agroalimentaire. L’une d’entre elles mérite, selon nous, le titre de personnalité de l’année : Ludovic Spiers, du groupe Agrial.

Pour la seconde année consécutive, la rédaction des Marchés Hebdo a décidé de définir les personnalités qui ont, selon elle, marqué l’année 2017 du secteur agroalimentaire. Méthode identique à celle de l’an passé : chaque journaliste de la rédaction s’est replongé dans ses dossiers, articles, et a identifié les opérateurs, dirigeants et autres représentants professionnels s’étant particulièrement illustrés durant l’exercice. Une année riche en évènements et dont le second semestre a été animé par les états généraux de l’alimentation, promis et lancés en juillet par Emmanuel Macron.

Plusieurs acteurs, mis en avant dans le palmarès 2016, auraient pu se retrouver à nouveau dans celui de 2017. C’est le cas notamment d’Éric Lepêcheur, président de Restau’Co, qui a œuvré toute l’année pour que les idées de la restauration collective autogérée soient reprises dans le bilan des états généraux de l’alimentation, réussissant à mettre en place avec la FNSEA, CGI, Geco Food Service et SNRC une série de propositions communes en faveur d’une « offre durable » et à présenter en fin d’année à l’Élysée « un contrat pour une restauration collective responsable » (avec la FNH, la Fnab, la FMGF et le marché de Rungis notamment). C’est aussi le cas de Denis Lambert, président du directoire du groupe LDC, qui a poursuivi sa stratégie de reconquête sur les importations de volailles dans l’industrie et la restauration, tout en consolidant ses résultats sur les autres pôles d’activité du groupe.

Des dirigeants de coopératives offensifs

Nous avons toutefois décidé de ne pas distinguer deux fois de suite les mêmes personnalités et sommes rapidement tombés d’accord sur treize personnalités centrales, dont l’une nous a paru mériter la distinction de personnalité agroalimentaire de l’année. Il s’agit de Ludovic Spiers, directeur général d’Agrial, groupe coopératif normand, qui a franchi la barre en 2016 des 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour un résultat net de 63 millions d’euros, et ce, dans un contexte agricole difficile marqué par l’instabilité des prix et le désengagement des mécanismes de régulation. Le tout en menant à bien, en lien avec les élus de la coopérative, des projets de croissance externe dans le secteur viande, avec les reprises des charcuteries Brient et Tallec.

Au sein du monde coopératif, chahuté par une faible récolte céréalière 2016 et les conséquences de l’influenza aviaire (nous saluons à ce propos le travail efficace de Marie-Pierre Pé, directrice générale du Cifog), Arterris, dirigé par Jacques Logie, s’est aussi distingué par sa stratégie offensive. La coopérative du Sud-Ouest a même réussi la prouesse de remporter certainement la plus belle part du gâteau Financière Turenne Lafayette (La Belle Chaurienne et CCA du Périgord), dont le sauvetage a occupé les esprits du secteur agroalimentaire durant tout le premier semestre 2017.

Le Saint et Avigros, grossistes phare

Du côté des sociétés privées, Christophe Bonduelle (à la tête du groupe familial), Charles Kloboukoff (fondateur de Léa Nature), ou encore Damien Debosque (président d’Api Restauration) se sont illustrés dans leur secteur respectif par leurs aptitudes à conquérir de nouveaux territoires, investir ou encore s’adapter aux demandes de leurs clients. Le monde des grossistes n’est pas en reste. Les frères Denis et Gérard Le Saint, à la tête du réseau de grossiste Le Saint, ont marqué l’actualité en participant à la consolidation du secteur avec de multiples acquisitions (Comptoir des viandes bretonnes, Primadour, Robledo, CBS et Casse) et à sa modernisation via des investissements importants. Quand Gino Catena, directeur général du groupe Avigros, et figure emblématique du Min de Rungis, communiquait fièrement autour des 120 ans de la société.

Les voix des états généraux de l’alimentation

Mais cette année d’élection présidentielle a surtout été l’occasion pour certains de montrer leurs talents de lobbyiste, en particulier lors de l’exercice particulier des états généraux de l’alimentation. Digne successeur de Xavier Beulin, décédé soudainement à quelques jours du Salon de l’agriculture 2017, Christiane Lambert mérite une mention spéciale pour avoir arpenté sans relâche les plateaux TV, studios de radio et cabinets des ministères, afin de véhiculer les messages du syndicat majoritaire agricole. Coprésident de l’atelier 5, Serge Papin, PDG de Système U, aura pour sa part su obtenir l’adhésion autour de son idée de rehausser le SRP. Plus discret, Pascal Viné, délégué général de Coop de France, a permis de renforcer le pouvoir politique de son organisation.

Ludovic Spiers, personnalité de l’année 2017 des Marchés

À la direction générale du groupe coopératif Agrial depuis 2010, Ludovic Spiers a largement contribué à la diversification et au développement international du groupe. Ces dernières années ont été riches en acquisitions et en fusions.

Pur produit de la coopération, Ludovic Spiers a réalisé la majorité de sa carrière au sein du groupe. En duo avec le président, Arnaud Degoulet depuis 2012, Ludovic Spiers a réussi à mener à bien la stratégie de la coopérative dans un contexte agricole difficile. Il a pas à pas transformé le groupe en lui donnant une stature internationale (rachats aux États-Unis, en Espagne, en Afrique) et en réussissant à attirer les talents à une époque où la coopération devient moins « ringarde ». En six ans, le groupe a doublé son chiffre d’affaires à 2,5 milliards d’euros et sa rentabilité avec un résultat net de 63 millions d’euros. Ces dernières années ont été riches en achats de sociétés et en fusions. D’abord dans la branche laitière (Elle & Vire, Coralis, Délicelait, Senoble, Eurial, Fromagerie Guilloteau) qui lui a permis de devenir la deuxième coopérative laitière française en cinq ans. Et Ludovic Spiers ne comptait pas en rester là. Avec 900 millions d’euros de fonds propres, le groupe normand a nourri des projets de croissance externe. Après avoir développé sa filière laitière, le groupe s’est plus récemment attaqué à sa branche viande. Désengagé des activités peu rentables de première transformation, Agrial s’est concentré sur la seconde voire troisième transformation. L’histoire a commencé par la reprise de la charcuterie Brient en février 2017. L’un de ses anciens directeurs généraux, Stéphane Poyac, a par la suite été nommé directeur de la branche viande du groupe coopératif. Brient est ainsi venu conforter cette branche en apportant un débouché supplémentaire à ses adhérents producteurs de viande. Quelques mois plus tard, en novembre 2017, c’est au tour de Tallec de rentrer dans le giron du groupe coopératif, avec « des produits de charcuterie haut de gamme, tels que les jambons à l’ancienne ». Ces deux entreprises s’ajoutent à l’acquisition de Maître Jacques à Rennes en 2012 et à Cosme au Mans la même année. Cette dernière société devrait néanmoins sortir du groupe en ce début d’année pour reprendre son indépendance.

Christiane Lambert, femme forte de l’agriculture

Ayant repris la tête de la FNSEA au pied levé, après le décès brutal de Xavier Beulin en février dernier, Christiane Lambert est officiellement la première femme présidente du syndicat agricole depuis le 13 avril dernier. Cette éleveuse de porcs du Maine-et-Loire a très rapidement su imposer son style et faire entendre la voix des agriculteurs auprès des pouvoirs publics et des médias, notamment à l’occasion des états généraux de l’alimentation. Une performance récompensée par Forbes qui l’a classée au cinquième rang des personnalités business les plus médiatisées en 2017.

Serge Papin, distributeur engagé

En tant que coprésident de l’atelier 5, Serge Papin, PDG de Système U, a joué un rôle de taille dans les états généraux de l’alimentation. Et contribué à ce que les pouvoirs publics décident de tester un relèvement du seuil de revente à perte de 10 %. Une idée portée depuis de nombreuses années par le distributeur, qui n’hésite pas à s’opposer sur le sujet à Michel-Édouard Leclerc par médias interposés. Mais cette année, le PDG de Système U a aussi surpris en annonçant confier la fabrication de ses yaourts sous MDD à l’américain Schreiber Foods. Une nouvelle qui a secoué la filière laitière.

Christophe Bonduelle, l’entrepreneur discret

À la tête du groupe familial depuis 2001, Christophe Bonduelle aura marqué les esprits en 2017 pour sa reprise du groupe américain Ready Pac Food en début d’année. Avec cette opération, le PDG a permis à son groupe de devenir le leader sur le marché des salades individuelles aux États-Unis. Une acquisition « transformante », comme il a aimé la décrire lors de son annonce. Le représentant de la sixième génération à la tête du groupe familial s’attache ainsi à poursuivre la diversification des métiers et des implantations géographiques. En fin d’année, le groupe a également illustré son ambition de devenir le « référent mondial du bien vivre par l’alimentation végétale » en lançant quelques nouveautés remarquées dans ce domaine dont les « Légumiô Pasta » ou encore « mes astuces légumes ».

Jacques Logié, pilote avisé d’Arterris

Jacques Logie, directeur général d’Arterris, peut se féliciter d’avoir fait reprendre à son groupe coopératif La Belle Chaurienne et CCA du Périgord, « deux sociétés qui n’ont pas été affectées par les turpitudes du groupe Financière Turenne Lafayette », a-t-il commenté. Il a entrepris de transformer le groupe coopératif agricole en groupe agroalimentaire à travers un plan de développement à trois ans. En parallèle, il érige un leader de la viande ovine, après la reprise déterminante, à la fin 2016, d’Ovimpex et de Dufour Sisteron. Des « ratios financiers très favorables », a-t-il dit, ont aidé à engager la construction de filières animales solides.

Charles Kloboukoff poursuit son ascension

Président-fondateur du groupe Léa Nature et de Compagnie Biodiversité (365 M€ de CA en 2017), Charles Kloboukoff parvient à profiter de l’engouement pour le bio tout en confortant ses positions sur ce secteur. Alors que sa société Bioviver a inauguré une nouvelle unité de production à Damazan, il a annoncé 40 millions d'euros d’investissement sur deux ans (extensions d’usines, installation de nouvelles lignes, construction d’une conserverie et création d’une biscuiterie). Tout en acquérant un nouveau savoir-faire, via l’achat de l’espagnol Biosurya SL, spécialisé dans les produits bios alimentaires à haute teneur en protéines végétales.

Les conquérants frères Le Saint

Denis et Gérard Le Saint sont à la tête d’une vingtaine de sociétés de négoce de viandes et de fruits et légumes et de produits de la mer, en croissance depuis plusieurs années. En 2017, ils ont conforté les positions du groupe Le Saint sur la façade ouest. En Bretagne, ils ont repris Comptoir des viandes bretonnes et installé le nouveau siège à Guipavas, dans le Finistère. En Pays de la Loire, ils ont réorganisé les activités autour d’une plateforme de massification. En Nouvelle-Aquitaine, ils ont acquis Primadour et Robledo pour renforcer dans les fruits et légumes, CBS, distributeur de produits frais et ultrafrais, ainsi que Casse, distributeur auprès des boulangers et pâtissiers.

Nicolas Chabanne ou le marketing audacieux

Après le collectif des Gueules cassées, Nicolas Chabanne a fondé en septembre 2016 la marque C’est qui le patron ?! Le concept : le cahier des charges des produits est fixé par le consommateur. 7 850 internautes ont ainsi décidé de fixer le prix de la brique de lait à 0,99 €, offrant aux éleveurs une rémunération de 0,39 €/l. Les grandes surfaces adhèrent vite à ce concept marketing, et 33 millions de litres de lait sont ainsi vendus en 2017. Après Carrefour, Intermarché, Auchan et Casino, ce sont E.Leclerc et Lidl qui s’y lancent. C’est qui le patron ?! a développé d’autres produits suivant le même principe : beurre bio, steak haché, salade etc. Le modèle de la marque a été mis en avant lors des états généraux de l’alimentation.

Gino Catena, grossiste emblématique de Rungis

Gino Catena, DG du groupe Avigros à Rungis, a bouclé une année atypique. Il a célébré à la mi-novembre les 120 ans de la société BGL Avigros au pavillon de la volaille sous le slogan « 120 ans de passion au service de nos clients ». Le commerçant aux 1 200 références avait fixé avec ses équipes un objectif de 36 000 tonnes vendues en 2017, que les sociétés du groupe, BGL, Yzet et Taron ont atteint. Il a exposé pour la première fois au Sirha, prenant de bon gré son emplacement dans le Village Rungis au salon lyonnais de la restauration. Aux 120 ans de BGL comme au Sirha, il a mis en avant du porc ibérique, offre qu’il a eu l’audace de développer très précocement.

Damien Debosque, figure de la restauration collective indépendante

Le discret Damien Debosque, président d’Api Restauration, pilote avec sa sœur, Béatrice, directrice générale, la croissance du 4e acteur national de la restauration collective qui a enregistré 600 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017. La société projette plusieurs constructions de cuisines centrales en France et a acquis en août l’entreprise allemande Aktiv Catering, dont le siège social est à Francfort. Par ailleurs, Api Restauration a signé un partenariat de trois ans avec la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) pour mettre en place la démarche Mon Restau responsable.

Marie-Pierre Pé, cheville ouvrière de la lutte anti-influenza

Marie-Pierre Pé a gagné la palme de la diplomatie en ralliant toutes les familles du foie gras dans la lutte sans merci contre l’influenza aviaire hautement pathogène. La déléguée générale du Comité interprofessionnel du foie gras), nommée directrice générale de l’interprofession cet automne, a soutenu la définition de nouvelles règles sanitaires respectant « tous les modes de production ». Alors que le Sud-Ouest faisait face à l’épizootie la plus virulente de son histoire, elle a aidé à sceller un pacte de prévention entre 32 représentants des volailles de chair et des palmipèdes.

Pascal Viné, la force tranquille de Coop de France

À la délégation générale de Coop de France depuis avril 2015, Pascal Viné a su imprimer sa patte depuis le départ du charismatique président Philippe Mangin. L’ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts a réussi à porter haut et fort la voix des coopératives à l’occasion des états généraux de l’alimentation. Même s’il n’est pas parvenu à imposer dans la charte des négociations commerciales davantage d’objectifs chiffrés concernant les promotions notamment, Pascal Viné a su renforcer le pouvoir politique de Coop de France.

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