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Process
Les IAA ont besoin d’investir dans leurs outils

Les difficultés économiques liées au Covid-19 seront encore présentes à la fin septembre, quand ouvrira le salon CFIA à Rennes (repoussé exceptionnellement). Pour autant, les besoins sont là et les équipementiers sont prêts.

Les équipementiers bretons de l’agroalimentaire gardent le moral ; c’est ce qu’a pu constater début juin Guillaume Briend, responsable numérique et agriculture-agroalimentaire à Bretagne Développement Innovation (BDI) à l’occasion de la remise de l’étude des besoins sectoriels réalisée fin 2019 en vue du CFIA de Rennes. En résumé, les fournisseurs de machines et de lignes de production ont regretté que des grands industriels agroalimentaires gèlent leurs investissements. Mais ils ont réalisé de bons chiffres d’affaires en mars et avril auprès de PME. « Ceux qui ont le moins souffert font le rapprochement avec la crise de 2008 », rapporte Guillaume Briend. Ils s’attendent quand même à un creux d’affaires en fin d’année.

Manque de flexibilité selon l’étude BDI

Nombreux sont les équipementiers qui ne veulent pas manquer l’occasion de rencontrer des prospects au CFIA de Rennes cet automne. Ceux qui participent à l’Usine Agro du futur, en démonstration sur 25 mètres, comme prévu en mars, attendent des retombées fructueuses. « L’an dernier, la meilleure performance autour de l’Usine Agro du futur a été celle d’un exposant qui a vendu 36 machines, la moins bonne a été la vente de 20 logiciels de métrologie », rappelle Guillaume Briend.

L’étude de besoins en équipements des IAA bretonnes, qui devait être publiée en mars, repose sur les remontées d’informations de 50 industriels de toutes filières régionales et de 91 équipementiers bretons, ainsi que sur données socio-économiques régionales. BDI précise que les industriels s’étant exprimés étaient pour moitié des PME de moins de 50 salariés. À l’époque de l’enquête, en novembre 2019, les IAA avaient signalé leurs principaux freins. Peinant à trouver du personnel qualifié (40 % de réponses), elles manquent de flexibilité dans la production (30 % de réponses) et ne contrôlent pas suffisamment leur processus de production (28 % de réponses).

Le rendement a été mentionné comme un frein par 18 % des entreprises répondantes. En détail, le manque de flexibilité et d’optimisation des outils de production tient essentiellement en 4 points : la gestion des lignes de produits spécifiques ; l’efficacité ; les capacités de production et la gestion des ressources humaines. Deux sur trois des IAA bretonnes interrogées avaient investi dans leur outil de production au cours des cinq dernières années. Elles avaient investi dans l’automatisation, la modernisation des lignes, l’amélioration des conditions de travail et le développement de l’activité.

Selon 52 % des industries répondantes, l’optimisation des outils passe d’abord par les technologies robotique et cobotique (assistance manuelle) et l’automatisation. Elles sont 22 % à vouloir (aussi) valoriser des données de production, assurer la traçabilité et faire communiquer les machines ; ce qui relève des technologies de la connectivité. Les autres technologies convoitées sont l’intelligence artificielle, les plateformes collaboratives, la réalité augmentée (ou virtuelle ou mixte), le traitement d’images et la cybersécurité.

Projets annulés ou reportés, constate l’Ania

L’épidémie de Covid-19 a vraisemblablement modifié l’analyse des besoins et révélé d’autres nécessités. Les responsables de l’attraction Usine Agro du futur, de BDI comme du CFIA, pensent mettre l’accent sur l’agilité. Les intégrateurs en systèmes d’information vont pour leur part convaincre les industriels de l’utilité de mieux prévoir, planifier, piloter, de pouvoir travailler à distance aussi.

Manque de visibilité sur la sortie de crise

Le 3e baromètre Covid-19 de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), réalisé début mai 2020, met en évidence les retards d’investissement à travers 602 remontées (dont 57 % de PME et 23 % de TPE). Il ressort que la crise sanitaire a fait annuler ou reporter des projets d’investissement dans 61 % des entreprises interrogées. La première raison invoquée (41 % des réponses) est le manque de visibilité sur la sortie de crise, la seconde est le manque de visibilité sur l’évolution du marché. Le plus inquiétant aurait été que l’investissement ne réponde plus à la demande, mais aucune entreprise interrogée n’a donné cette raison.

L’Ania mesure un besoin massif d’investissements et d’une politique industrielle volontariste « pour assurer la reprise pérenne et durable du secteur ». Le syndicat a recueilli les augmentations nécessaires d’investissements dans le numérique et la décarbonation de la production. En numérique, 20 % des entreprises interrogées expriment un besoin financier augmenté de 25 à 50 %. La hausse moyenne nécessaire est de 29 %. En décarbonation, 70 % se déclarent concernés et estiment devoir augmenter leur niveau d’investissement, de 32 % en moyenne. 18 % des entreprises nécessitent un besoin d’investissement augmenté de 25 à 50 % ; 11 % nécessitent 50 à 75 % de plus.

En sortie de crise, l’Ania envisage, d’une part, les investissements de transition (numérique et écologique) et, d’autre part, l’adaptation aux consommateurs. Des arbitrages seront à faire pour certaines entreprises, dont le modèle et la pérennité sont remis en question.

Aides à l’innovation industrielle

Le projet européen S3Food a pour objet d’accélérer et de soutenir la transformation 4.0 de l’industrie agroalimentaire autour des capteurs et des technologies associées. S3Food a lancé son premier appel d’offres envers les PME en mars 2020. Il aide à l’exploration, à la validation ou à l’application d’une technologie nouvelle. Bretagne Développement Innovation est partenaire de ce projet. L’organisme fait d’autant plus confiance à la Région Bretagne pour capter des aides européennes, que celle-ci vient de lancer, le 18 juin, deux nouveaux appels à projet Industrie du futur (pour tous secteurs), grâce à au moins 10 millions d’euros de crédits européens du fonds européens de développement régional (Feder) : « process & numérisation de l’industrie » pour tendre vers l’industrie 4.0 et « innovation PME & ETI » pour soutenir les projets de recherche et développement structurants.

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