Le vin et l’orgueil
La France a beau consommer de moins en moins d’alcool C’est un fait que vient de confirmer une étude de l’Insee rendue publique vendredi : en 40 ans, la consommation d’alcool pur par les adultes français et par an a diminué d’un tiers., les débats relatifs à la vigne et au vin y prennent toujours une tournure passionnée. L’exemple en est donné une nouvelle fois par la querelle en train de naître autour de la réforme du système des AOC proposée par l’institut des appellations d’origine (INAO). René Renou, le président de l’Institut, n’avait pas encore présenté son plan de relance du système des appellations que celui-ci faisait déjà l’objet de commentaires éplorés, jusque sur les plateaux de télévision. Quoi, la fine fleur de nos vins serait en danger? Au point qu’il faille envisager de modifier un système qui, depuis des lustres, a contribué au rayonnement de la viticulture française? Derrière l’inquiétude des observateurs pour le sort du vignoble, on sentait poindre une angoisse plus profonde. Un peu comme si, au-delà de ses vins, c’est la patrie dans son ensemble et l’orgueil national de chacun qui en prenaient un coup. Car, la classification des vins de terroir, en France, ne relève pas du seul marketing, qui n’existait pas à la création de l’INAO. C’est aussi -et surtout- une magnifique construction intellectuelle qui exalte en chaque bouteille les richesses du terroir dont il est issu. La qualité de ces productions est évidemment inégale d’un viticulteur à l’autre. Ce qui revient à reconnaître que le vin français n’est pas un bloc de qualité. Ce qui bien sûr, fait toujours un peu de mal à entendre.