L’avis de la FNSEA
« Le ruissellement du coût de production, c’est juste une loi à respecter »
Les Marchés Hebdo : La guerre des prix montre-t-elle des signes d’apaisement ?
Patrick Bénézit : Il faut attendre que tous les mécanismes de la loi Alimentation se mettent en place. Nous avons constaté tellement de contournements du SRP et de l’encadrement des promotions ! Nous avons saisi la DGCCRF, et attendons vivement des contrôles et des sanctions. Pas mal de nos fédérations iront voir dans les magasins, mais c’est le rôle de l’État. Et il faut que les contrôles soient nombreux.
LMH : Une étude Nielsen montre que le SRP a déjà produit une augmentation de prix de détail sur les premières références des PGC, en particulier les spiritueux. En quoi l’augmentation du whisky peut revaloriser les prix agricoles ?
P. B. : C’est dramatique qu’une seule vision s’impose à l’opinion, et qu’elle soit relayée par des associations de consommateurs ! C’est en dehors du champ des grandes marques qu’il faut enquêter. Et de fait, des distributeurs font la publicité de MDD attractives. Il faut aussi faire une comparaison à un an d’intervalle. Il n’est pas impossible que dans quelques mois on s’aperçoive que les prix moyens n’ont pas bougé du tout. Nous savons bien que les distributeurs ont pris la plus grosse part du gâteau ces dernières années grâce à des lois très favorables.
LMH : Les interprofessions parviendront-elles à établir des indicateurs de prix ?
P. B. : Nous nous attendions à des blocages dans les interprofessions, mais deux filières ont quand même réussi ; le lait conventionnel et la viande de vache de race à viande. Pourquoi les distributeurs n’en parlent pas ? Le ruissellement du coût de production, c’est juste une loi à respecter. C’est pour cela que nous voulons que le gouvernement signe très rapidement les dernières ordonnances sur le prix abusivement bas et les sanctions. Le jeu médiatique ça suffit, il faut faire parler la loi !
LMH : Le Sia est le lieu des bonnes déclarations, qu’attendez-vous de l’édition 2019 ?
P.B. : On n’en est plus aux bonnes déclarations, c’est l’heure de l’application. Les pouvoirs publics ont leur partie à terminer, ce sont les dernières ordonnances et sans passe-droit de dernière minute. Faire un fanion d’une action sur un produit, ça ne représente pas grand-chose. Les contrats signés dans le lait, sur quels volumes portent-ils ? Nous veillerons à ce que la loi s’applique dans son intégralité. On n’a pas le choix ; les revenus sont toujours aussi détériorés et on ne peut pas continuer à travailler pour rien. Le cheptel de vaches allaitantes est menacé de forte réduction et il ne reste pas beaucoup de temps pour inverser la tendance.