Le porc a longtemps échappé à l’inflation
Après plusieurs mois de hausse modérée, dans un contexte inflationniste, les indicateurs de consommation de viande de porc et des charcuteries cuites et crues sont finalement dans le rouge depuis le mois de juin.
Après plusieurs mois de hausse modérée, dans un contexte inflationniste, les indicateurs de consommation de viande de porc et des charcuteries cuites et crues sont finalement dans le rouge depuis le mois de juin.
La viande de porc et surtout les charcuteries cuites et crues ont montré un peu plus de résistance à l’inflation que les autres viandes au premier semestre 2022, selon les données relayées par l’Institut du porc (Ifip). Avec la charcuterie, la viande de porc est restée le produit carné le plus consommé par les Français. Et avec l’inflation, les consommateurs se sont davantage détournés des viandes bovines et de volaille. Ainsi, en juin, la viande de porc se tenait mieux en volume d’achat (-1,6 %) que les viandes de bœuf (-12,8 %) et de mouton et d’agneau (-11,5 %) en un an.
La consommation de charcuterie, quant à elle, a fait écho à la situation sanitaire. «Comme en juin 2021, un contrecoup de l’effet de la Covid-19 et de ses conséquences a été observé en juin de cette année avec un regain de la demande», a expliqué Valérie Diot, ingénieure d’études consommation et distribution à l’Ifip. Les niveaux des achats en volume depuis avril 2022 étaient bas, proches de 2019. Ils se sont ensuite redressés en juin 2022, comme en juin 2021, période marquée par la reprise de la consommation en restauration hors domicile et un recul de la consommation à domicile.
Les dépenses se sont valorisées entre juin 2021 et 2022. Cette hausse des volumes s’explique aussi par un gain d’acheteurs. Elle a profité aux charcuteries à marques de distributeurs (9 %) plutôt qu’aux marques nationales (-2,2 %), aux hypermarchés et aux hard-discounts plutôt qu’aux bouchers et charcutiers, au conventionnel plutôt qu’au bio. Ce redressement a été plus marqué chez les classes moyennes inférieures et modestes, les plus de 50 ans et les habitants du Grand Ouest et de l’ouest de la France.
Une exception à court terme
L’application de la hausse des prix au détail a été plus lente pour la viande de porc et pour la charcuterie que dans le reste du rayon. En juin, l’augmentation du prix de la viande de porc restait inférieure à celle d’autres viandes (+7,4 %), contre 9,9 % pour la viande de bœuf. Le prix du porc au kilo stationnait à 1,70 € à Plérin.
Depuis, la situation a changé en amont. « Le prix des porcs a atteint le seuil historique de 2€ le kilo, a indiqué Valérie Diot. Il est possible que cette hausse perdure les mois suivants.» Comme les autres filières, le prix de l’alimentation animale s’envole pour la filière porcine avec la guerre en Ukraine. L’offre est donc en net recul. Le poids des animaux est baissier. Ce qui a été accentué par les fortes chaleurs de l’été. Des records ont aussi été franchis en Espagne, effleurés en Allemagne et aux États-Unis.
La hausse des prix de l’énergie menace d’accroître l’inflation. Pour les entreprises de l’abattage découpe, comme celles de la charcuterie, il faudra bien répercuter cette hausse des prix des porcs, mais aussi celles des autres postes de dépenses (énergie, transport, emballage et main-d’œuvre), ce qui devrait conduire à de nouvelles hausses en rayon.