Avis de la Feef
« Le maintien de la loi profite aux grandes entreprises »
Les Marchés Hebdo : Les premiers échos font état d’une saison festive difficile du fait de l’encadrement des promotions. Avez-vous des remontées similaires de vos adhérents ?
Dominique Amirault : Oui. La saison a été difficile pour le champagne, le foie gras, mais aussi les produits de la mer surgelés par exemple. Avec des baisses de chiffre d’affaires pour les PME. Il y avait une innovation législative avec cette expérimentation de deux ans dans Egalim. C’était une bonne idée en tant que telle. Mais s’il y a des dérives, il faut corriger. Avec le soutien de l’Ania, Coop de France, de la FNSEA et de la grande distribution, le gouvernement veut aller au bout de l’expérimentation sans assouplir les promotions notamment. Or, la promotion est un des moyens du process de vente. Quand on n’a pas le budget marketing et publicitaire des grandes entreprises, la promotion est structurelle. À cause d’une position de principe et une rigidité de la loi, nos adhérents commencent à s’inquiéter. Tout devient compliqué. Je ne comprends pas cette attitude dogmatique.
LMH : La faute à l’encadrement des promotions en volume, selon vous ?
D. A. : Nous étions pour le compromis, en disant « ok » pour l’encadrement des promotions en valeur, mais pas en volume. Cela donnait le signal que la promotion peut être destructrice, mais sans casser le marché de la promotion surtout animé par les PME. Résultat : aujourd’hui, beaucoup de promotions détournées se font, c’est malsain. Des mauvaises pratiques s’organisent en parallèle.
LMH : Didier Guillaume renvoie les entreprises à la DGCCRF en leur proposant de demander des dérogations, qu’en pensez-vous ?
D. A. : Le problème, c’est que la DGCCRF ne se prononce pas tant que la ministre (Agnès Pannier-Runacher, ndlr) n’a pas pris position. L’administration reste campée sur ses positions. Ce n’est pas la peine de faire des lois trop rigides. L’intérêt de l’expérimentation c’est comme pour gérer une entreprise, quand on voit des dérives, on ajuste. Certaines entreprises ont écrit à la DGCCRF sur le principe de libérer le cadre, d’autres ont demandé des dérogations. Mais pour l’instant, tout passe par le cabinet de la ministre. Nous sommes dans une situation de blocage malsain. Je suis intervenu au dernier comité de suivi des relations commerciales sur le sujet : le gouvernement n’a pas envie d’avancer. Or, dans cette affaire, le maintien de la loi profite aux plus grandes entreprises.