Le groupe Cavac résiste grâce à sa polyvalence
Les résultats de la coopérative vendéenne sur l’exercice 2015-2016 sont en léger recul, à 4,9 millions d'euros. La diversité de ses activités et de nouveaux leviers de croissance sur l’agro-industrie et le bio ont toutefois atténué les effets de la crise agricole. Explications de ses dirigeants.
La coopérative vendéenne Cavac a présenté les résultats de son exercice 2015-2016 à ses sociétaires lors de son assemblée générale qui s’est tenue le 16 décembre dernier aux Sables-d’Olonne. « Un exercice compliqué pour la plupart des filières agricoles », a relevé en introduisant la matinée Jacques Bourgeais, le directeur général de la Cavac. Dans un contexte difficile, la diversité des activités de la coopérative et sa capacité à activer de nouveaux leviers de croissance lui permettent d’afficher des performances économiques satisfaisantes.
Le chiffre d’affaires consolidé du groupe est stable et atteint sur 2015-2016 un montant de 929 millions d’euros. Son résultat net consolidé est en léger recul sur l’exercice précédent, à 4,9 millions d’euros (M€), conséquent aux mesures exceptionnelles débloquées par la coopérative pour soutenir ses sociétaires face à la chute des prix des produits agricoles. La capacité d’autofinancement reste stable à 20,4 M€ alors que les investissements se sont élevés à 18,3 M€.
La stratégie du groupe de rechercher de la valeur ajoutée, via les productions végétales spécialisées et les démarches qualité, tant en productions animales qu’en céréales, constitue un atout majeur. « Nous estimons à plus de 10 millions d’euros par an ce que nous apportons de plus sur le territoire par rapport à des productions dites banalisées », a souligné le président de la Cavac, Jérôme Calleau, dans son discours de clôture. Ces plus-values nettes s’élèvent à 4,1 M€ à travers les productions de semences et de légumes, à 4,3 M€ en céréales.
Une bonne collecte 2015, dégâts limités en 2016
La collecte en céréales et oléagineux a été bonne sur le dernier exercice, avec un volume total de 904 000 tonnes. L’activité a été pénalisée par la chute des cours, mais les filières qualité mises en place (65 % des volumes) et les contrats de commercialisation pluriannuels de type Agri-Éthique ont joué leur rôle face à la fluctuation des marchés. Pour 2016, « la Cavac a limité les dégâts, avec une baisse de 20 % du tonnage collecté par rapport à 2015, qui était une bonne récolte », a rassuré Jacques Bourgeais.
L’activité légumes secs a confirmé sa bonne dynamique, avec des surfaces en progression (2 093 hectares) et 4 000 tonnes vendues. « Nous avons accédé à de nouveaux marchés, en GMS pour les mogettes et dans l’industrie pour les lentilles. Les légumineuses ont le vent en poupe », a relevé le directeur général. La Cavac a investi l’an dernier sur cette activité à Mouilleron-le-Captif dans un bâtiment de 900 m² et une chaîne de triage ultramoderne, dont le débit peut atteindre 6 tonnes par heure.
Fabrication d’aliments : l’usine de Boupère transformée en bio
Du côté du pôle animal, « rares sont les productions à avoir échappé à la crise ambiante », due aux surplus de production en Europe et à la baisse de consommation de viande, a observé Jacques Bourgeais. Même si la Cavac n’est pas présente dans le secteur laitier, « la filière lait de vache touche fortement notre activité et notre territoire », a-t-il poursuivi. Bovineo a connu un exercice soutenu, avec 125 000 bovins commercialisés (+3 %), mais a été pénalisé par la morosité des cours. « Nous devons développer la contractualisation sous signe de qualité, dont les volumes sont encore insuffisants », a estimé le directeur général. La filière porcine de la Cavac, avec 90 % de la production sous signe de qualité, a tracé la voie. L’activité volailles, désormais réunie au sein de l’entité Volinéo, est restée bien orientée sur l’exercice. 4,5 millions de canards de Barbarie ont été commercialisés. Pour continuer la progression, la Cavac recherche de nouveaux éleveurs et prévoit une augmentation de 20 000 m² des surfaces de bâtiment.
L’autre axe de développement majeur est l’œuf alternatif, avec un objectif de 400 000 poules élevées en plein air et/ou bio d’ici à deux ans avec le recrutement d’une quinzaine de producteurs. Le groupe Cavac a par ailleurs commercialisé 583 000 tonnes d’aliments (-1,3 %), l’érosion du tonnage ruminants étant compensée par les autres marchés. La coopérative a sur l’exercice reconverti en bio son usine d’aliments de Boupère, qui sera début 2017 sur un rythme annuel de 12 000 tonnes. « Il est essentiel de maîtriser ce maillon déterminant », a souligné Olivier Joreau, le directeur général adjoint de la Cavac.
Reprise de Biofournil
Le bio est clairement le moteur du développement du pôle agro-industriel, dont la bonne santé a permis d’atténuer l’effet sur le résultat consolidé de la conjoncture agricole défavorable. Après Bioporc sur l’exercice précédent, la Cavac a repris Biofournil, leader national du pain bio au levain. La société du Puiset-Doré (Maine-et-Loire), dont le chiffre d’affaires (CA) a progressé de 11 %, va conduire en 2017 une extension de 2 000 m² en stockage et surgélation. Bioporc affiche également une belle santé et, après une croissance de 17 %, devrait voir son CA atteindre les 20 M€ cette année. Dernier pôle d’activité, la distribution a maintenu son CA autour de 28 M€.
Nouveauté à venir, les magasins Gamm vert de la coopérative vont accueillir au cours de l’année des univers bios à l’enseigne La Vie claire.
Une démarche RSE formalisée
Le groupe Cavac a structuré sa démarche RSE dès 2010. Celle-ci franchit une nouvelle étape cette année avec la parution du premier rapport RSE du groupe. Ce document, établi à la suite d’un audit par le groupe Y, met en avant la baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires et des antibiotiques. La part d’aliments médicamenteux 1er âge pour les porcelets a ainsi été réduite de 80 % entre 2012 et 2015. La Cavac a par ailleurs structuré des filières complètes en agriculture biologique, notamment en céréales, en légumes et en porcs. La coopérative vendéenne représente 27,5 % de la surface nationale de légumes bios et 12 % de la production nationale de porcs bios. Elle a aussi lancé une filiale biomatériaux et la démarche de commerce équitable Agri-Éthique sur le blé. Celle-ci va s’étendre aux œufs en partenariat avec Geslin et La Boulangère.