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Le gouvernement sera-t-il aux côtés de la Coopération Agricole ?

Lors de son congrès à Dijon, la Coopération Agricole s’est inquiétée de la perte de compétitivité de la France dans l’agriculture et l’agroalimentaire. Du côté de Marc Fesneau, peu d'annonces.

La coopérative s'est réunie les 13 et 14 décembre 2023 à Dijon.
Dominique Chargé, président de la Coopération Agricole a réclamé davantage de soutien au ministre de l'Agriculture.
© La Coopération Agricole (X)

Les 13 et 14 décembre, La Coopération Agricole organisait son congrès annuel au Palais des Congrès de Dijon, en huis clos. La Coopération Agricole est une fédération professionnelle, porte-voix de 2100 coopératives, qui emploient 200 000 salariés et représentent un chiffre d'affaires consolidé de 100 milliards d'euros.

« Un véritable plan pour la souveraineté alimentaire française »

En ouverture, le 13 décembre 2023, devant Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et près de 600 congressistes, son président Dominique Chargé avait un message clair : il faut davantage protéger les entreprises et établir un « véritable plan pour la souveraineté alimentaire française ».

Lire aussi : Décarbonation et restauration de la confiance des consommateurs : deux priorités de La Coopération Agricole

« En vingt ans, dans le classement mondial des pays exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires, la France a chuté du 2ème au 6ème rang. »

« En vingt ans, dans le classement mondial des pays exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires la France a chuté du 2ème au 6ème rang », déplore-t-il dans le discours transmis à la presse. « Plus inquiétant encore, l’assiette des Français est de plus en plus composée d’une alimentation d’entrée de gamme produite hors de nos frontières, selon des méthodes bien éloignées des exigences que nous imposons à nos agriculteurs, à notre agriculture et à nos entreprises. » 

La France n'a plus les moyens de produire du cœur de gamme 

Dominique Chargé a également expliqué, chiffres à l’appui que 30% des élevages français ont disparu en 10 ans, que les importations de viande ont augmenté de 22% entre 2017 et 2022 et que la moitié des fruits et légumes consommés chaque année en France étaient importés, tout comme le tiers de la viande. « Je pense aussi à l’inflation et à la stigmatisation des prix de l’alimentation dans les discours politiques et médiatiques qui se font le porte-voix de la course aux prix bas menée par la grande distribution (…) Aujourd’hui, le consommateur se tourne vers des produits moins chers, importés, parce que nous n’avons plus en France la possibilité de produire cette alimentation cœur de gamme qui correspond à ses attentes. »

Lire aussi : Mademoiselle Desserts : « Il faut être fiers de notre industrie agroalimentaire »

Un déséquilibre commercial au profit de la grande distribution ?

Dominique Chargé a également reproché au gouvernement son accélération du calendrier des négociations commerciales : « La suractivité dans ce domaine n’a généré et ne générera, que de la complexité, de l’insécurité et un déséquilibre dans le rapport de force, qui accroît le pouvoir de la grande distribution, conduisant à l’approvisionnement de l’ensemble de la chaîne de production alimentaire. »

Les 4 leviers pour booster la compétitivité française

Rappelant la phrase du président de la République, Emmanuel Macron, « déléguer notre alimentation à d’autres est une folie », Dominique Chargé a envisagé plusieurs leviers pour booster la compétitivité : l’innovation (avec les NBT, les controversées Nouvelles techniques de sélection des plantes), une révolution culturelle (en soutenant le principe de « croissance juste » et non de « décroissance), le consensus écologique (avec des objectifs de planification écologique atteignables, réalistes et avec des moyens adaptés) ou encore de la cohérence au niveau de l’Union Européenne. « La directive européenne prévoyant un taux d’imposition minimum de 15% pour les entreprises réalisant plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires était supposée toucher les géants du numérique mais elle impacte aussi nos entreprises coopératives françaises. » « Nous voulons faire gagner la France alimentaire », promet le président de La Coopération Agricole.

Lire aussi : 42 millions d’euros d’investissements pour Euralis

Pas de grandes annonces rue de Varenne 

En face, le ministre de l’Agriculture a d'abord usé de câlinothérapie : « Les coopératives sont au cœur de la chaîne de valeurs qui doit retrouver son équilibre », puis il a rappelé les questions et les enjeux de la planification écologique : production de biomasse, réduction des phytos et optimisation des besoins en eau

Lire aussi : 19 mesures pour renouveler les générations en agriculture proposées par le gouvernement

Si aucune grande annonce nationale n'a été faite, Marc Fesneau a tout de même décidé d'intervenir localement pour régler le problème des retards subis par les agriculteurs et agricultrices de la région Bourgogne-Franche-Comté dans le versement des aides du Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural). Une compétence fraîchement transférée à la Région.

Ukraine : un sujet qui fâche ?

Lors de son discours, Dominique Chargé a fait part des inquiétudes de ses adhérents quant à une possible entrée de l’Ukraine dans l’Union Européenne une fois la guerre terminée. « A elle seule, l’Ukraine correspond quasiment aux capacités de production des 10 derniers pays intégrés. Il est fort probable que dans l’émotion (…) les questions agricoles et agroalimentaires ne soient pas prioritaires. Cela entraînerait en l’état actuel un effet ravageur sur l’ équilibre européen. »

Hélas, le ministre de l’Agriculture n’a pas abondé dans son sens : « L’Ukraine est la bienvenue dès lors qu’on en fait un allié et non un concurrent. Nous avons besoin des Ukrainiens pour constituer, avec eux, une grande puissance agricole européenne vis-à-vis des Russes. » 

Lire aussi : Œufs : réglementation européenne et importations ukrainiennes affolent la filière

 

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