Charcuterie
L'Asie et l'Amérique sont dans le viseur
Si l’Asie reste un débouché phare pour les exportateurs français de charcuterie, la filière compte bien monter en puissance au Canada et au Mexique.
Sur les 6,7 milliards d’euros générés par les charcuteries en 2017, 6,5 % provenaient des exportations, selon la Fédération française des charcutiers, traiteurs, transformateurs de viandes (Fict). Seules 15 % des ventes hexagonales sont réalisées dans les pays tiers. Avec 35 millions d’euros (M€), l’Asie s’affiche comme le premier débouché. Suivent l’Afrique (33 M€), la Suisse (15 M€), la Polynésie française (7 M€) et le continent américain (3 M€). « Il y a encore de la marge de développement », estime Bernard Vallat, président de la Fict, notamment en Asie et en Amérique.
S'affirmer en Asie
Selon Bernard Vallat, les Asiatiques privilégient les produits à plus forte valeur ajoutée (jambons secs, saucissons secs). Des opportunités existent pour les pâtés, notamment au Vietnam où les traditions culinaires sont empreintes de l’époque coloniale. Si la réputation de la gastronomie et de la qualité sanitaire française soutient les envois hexagonaux, des freins restent à lever. Plusieurs pays (Chine en tête) ont des contraintes sanitaires très strictes. « Tout est lié aux négociations diplomatiques », précise Bernard Vallat qui regrette « manquer de fonctionnaires pour traiter tous les dossiers ». À cela s’ajoute une moindre compétitivité de la France par rapport à l’Espagne et à l’Italie côté salaisons, ou à l’Allemagne pour les autres produits. En outre, une partie des charcuteries françaises (comme les rillettes) prennent difficilement le chemin de l’exportation, faute de date limite de consommation assez éloignée pour faire le trajet en bateau et devenant trop coûteux une fois expédiés par avion.
La France n’en poursuit pas moins ses efforts pour étendre sa présence en Asie. Grâce à un financement européen de trois ans pour la promotion des charcuteries françaises, la Fict compte accroître la visibilité de la filière au Japon, via des actions auprès des médias, de la distribution de luxe et des grands restaurateurs.
À la conquête de l’Amérique du Nord et centrale
Un second financement européen de trois ans a été accordé pour la promotion des produits au Canada. La stratégie de communication est en cours de réflexion à la Fict. Elle sera a priori différente, en raison de l’histoire de l’État du Québec et de la présence d’entreprises locales fabriquant des charcuteries, à la dénomination parfois ambiguë par rapport à la gamme française.
La Fict compte bien faire du Canada la tête de pont du commerce avec l’Amérique du Nord. Si quelques envois sont déjà réalisés aux États-Unis, « c’est surtout la diaspora italienne qui tient le marché », souligne Bernard Vallat. En outre, les exigences sanitaires sont élevées. L’administration américaine souhaite notamment que les entreprises exportatrices comme les fonctionnaires français soient formés aux normes imposées.
Le Mexique est aussi un débouché « très prometteur », selon la Fict, avec des opportunités à saisir en jambon sec, saucisson et jambon cuit. Les discussions avancent. La filière espère que ses normes d’inspection sanitaire dans les abattoirs soient acceptées afin de pouvoir mettre en place les certificats sanitaires.