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L’Ania appelle au « réveil de la filière » agroalimentaire

Pour redresser la tête en 2017, l’industrie agroalimentaire doit retrouver de la valeur, affirme l’Ania, qui pointe la perte de marge des entreprises, les pénalités et ristournes imposées par les distributeurs et la hausse de la fiscalité.

« Faut-il attendre que nous soyons dans la même crise qu’une partie de l’agriculture française pour réagir : je dis non ! » a déclaré Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), le 18 janvier lors de l’exercice de présentation des vœux. Et d’appeler au « réveil de la filière ». « Cessons de détruire de la valeur, cessons de détruire de l’emploi, de la confiance, cessons de détruire de l’avenir, cessons tout simplement de nous opposer ! » a-t-il ajouté. L’association est en phase de finalisation de ses propositions pour les futurs candidats à l’élection présidentielle. Plusieurs rendez-vous ont été pris avec Coop de France et la FNSEA pour faire des doléances communes. Elles seront révélées sur la place publique à partir de la mi-mars.

Un point de marge perdu en 2016

En attendant, l’Ania insiste d’ores et déjà sur l’importance du secteur agroalimentaire, « le cœur battant de l’économie de la France », selon son président, tout en montrant les faiblesses qui empêchent ses entreprises de réaliser pleinement leur potentiel. « Les matières premières ont crû de 180 % depuis 2014. Sur 2016, la hausse des prix a été de 8 % », précise-t-il. Or, « dans le même temps, la guerre des prix s’intensifie, et s’ajoute désormais une guerre des promotions. En 2016, le chiffre d’affaires réalisé en promotion a progressé de 7 % », ajoute-t-il.

Dans ce contexte, la situation financière des entreprises se dégrade. Selon Stéphane Dahmani, directeur économie et contrat de filière de l’Ania, le taux de marge des entreprises du secteur a reculé de 4 points entre 2007 et fin 2016. « Rien que sur l’année écoulée, les entreprises ont perdu un point de marge », précise-t-il. Et ce, alors que dans le même temps les marges se reconstituaient dans les autres secteurs de l’industrie. « Au Medef, nous avons fait un screening des marges, elles progressent dans tous les secteurs sauf dans l’agroalimentaire », renchérit Jean-Philippe Girard, reliant cet état de fait à la « dépendance des entreprises aux centrales d’achat ».

L’observatoire remonte de nouvelles pratiques

D’ailleurs, l’Ania redit aux enseignes de la distribution qu’elle renforce son observatoire des négociations. « Il commence à peser », estime Jean-Philippe Girard. L’an dernier, il avait recueilli plus de 300 signalements de la part d’entreprises agroalimentaires de toutes tailles et tous secteurs. L’Ania a mobilisé ses Aria et les fédérations transversales pour pousser les entreprises à remonter leurs difficultés.

Une fois les remontées effectuées, l’Ania écrit aux enseignes. On se souvient ainsi que l’an dernier elle avait écrit à Carrefour pour dénoncer les demandes de remise complémentaire de distribution. Courrier qui avait été suivi d’une perquisition de la DGCCRF puis d’une assignation devant le tribunal de commerce. « On a déjà écrit (aux enseignes, ndlr) dans la même proportion que l’an dernier », signale, sans plus de précision, Frédérique Lehoux, directrice juridique de l’Ania, chargée des relations commerciales. « Les négociations ont commencé tardivement avec la loi Sapin II », poursuit-elle. L’observatoire s’attachera cette année très clairement à évaluer les quatorze engagements mis en avant dans « la charte pour des relations commerciales plus respectueuses et apaisées » de la FCD.

D’ores et déjà, Jean-Philippe Girard note de nouvelles pratiques remontées par les industriels : les reports de paiement en fin d’année, « le budget additionnel fin d’année atterrissage avant l’ouverture des négociations 2017 », « la ristourne de proximité » sur l’ensemble des magasins, ou encore « les pénalités logistiques ». Ces dernières « flambent », selon Frédérique Lehoux. « Elles concernent la livraison, le déchargement, la qualité des palettes, avec des pénalités de l’ordre de 60 euros », commente-t-elle.

« Les ETI disent que toutes ces pénalités et ristournes peuvent leur coûter entre 5 et 12 millions d’euros. Pour des PME, cela peut représenter entre 200 000 et 500 000 euros », affirme le président de l’Ania. « Cela coûte aussi en temps/homme pour gérer les pénalités logistiques », commente Frédérique Lehoux.

1,2 milliard d’euros de fiscalité en plus depuis 2011

« Je serai dur en 2017 », prévient Jean-Philippe Girard, qui dénonce les effets de la LME. Au-delà de la guerre des prix, il déplore le poids de la fiscalité. Droits d’accises sur les bières et spiritueux, droits d’accises et taxes sur les boissons sucrées, taxes sur les huiles, taxes sur les farines, droits d’accises et taxes locales sur les eaux minérales… ; en prenant en compte les effets induits par le CICE, la fiscalité des IAA a augmenté de près de 1,2 milliard d’euros depuis 2011, selon l’Ania.

L’association affirme que le secteur aurait contribué pour près de la moitié (49 %) à la hausse de la fiscalité constatée dans l’industrie manufacturière entre 2011 et 2016. Pour sûr, cette information sera transmise aux futurs candidats à l’élection présidentielle.

Premiers prix EY de l’agroalimentaire

Le 18 janvier, en partenariat avec l’Ania, EY a décerné la première édition des prix de l’agroalimentaire, récompensant les entreprises du secteur qui se sont illustrées par leur croissance en France ou à l’étranger, par la création d’emplois ou par leur engagement sociétal. Nutrition et Santé, fabricant de produits diététiques et de produits bios et végétaux, disposant de quatre usines en France, a reçu le grand prix. L’Huilerie Cauvin (27,5 M€ de CA), se définissant comme découvreur, sélectionneur, assembleur, conditionneur et metteur en marché d’huiles alimentaires, a reçu le prix de l’avenir. Enfin, Nutriset, qui produit une pâte d’arachide renforcée en nutriments et minéraux pour les enfants souffrant de malnutrition, a été récompensé du prix de l’engagement sociétal.

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