Consommation
La tendance bio n’a pas fléchi avec la Covid-19
En 2020, malgré l’incertitude liée à la crise, les consommateurs de produits biologiques ont répondu présents pour soutenir le secteur qui a poursuivi la croissance de son offre, et donc de ses ventes.
En 2020, malgré l’incertitude liée à la crise, les consommateurs de produits biologiques ont répondu présents pour soutenir le secteur qui a poursuivi la croissance de son offre, et donc de ses ventes.
Après avoir doublé en valeur entre les années 2015 et début 2020, de 6 milliards à 12 milliards d’euros, le marché du bio plongeait dans l’incertitude, avec le changement d’attitude des consommateurs, recherchant des prix bas. « Nous étions inquiets », confesse Philippe Henry, président de l’Agence bio à l’occasion d’une conférence de presse le 19 mars 2021. Mais le groupement d’intérêt public, en présentant son dix-huitième baromètre de la consommation et de la perception des produits biologiques, a montré que les consommateurs avaient répondu présents et permis à ceux-ci de conserver leur dynamique des années précédentes. Des chiffres d’Iri viennent confirmer ce résultat, rapportant, en 2020, une croissance de 13 % des ventes de produits biologiques tous circuits confondus, contre 20 % en 2019. La tendance « n’a pas fléchi » avec le contexte, constate Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, depuis janvier 2021.
15 % de nouveaux consommateurs
Les produits biologiques ont été particulièrement dynamiques durant la période du premier confinement. « Les consommateurs français se sont rués sur des produits où le bio est particulièrement puissant, notamment sur les œufs », explique Emily Mayer, directrice business insight d’Iri. Sur l’ensemble de l’année 2020, la filière est parvenue à attirer 15 % de nouveaux consommateurs, indique le « premier baromètre de l’ère Covid », comme le qualifie Philippe Henry. L’enquête, basée sur le déclaratif, a été réalisée auprès de 2 100 personnes entre le 13 novembre et le 1er décembre 2020. Neuf Français sur dix ont déclaré avoir consommé des produits biologiques au moins une fois dans l’année. Parmi eux, 73 % l’ont fait une fois par mois et 13 % tous les jours.
Les gens ont délaissé les GMS pour les achats de produits biologiques
Durant l’année 2020, les consommateurs de produits biologiques ont privilégié les achats directement à la ferme (+6 %), tournant le dos aux GMS (-3 % des achats en volume par rapport à 2019). « Les gens ont délaissé les GMS pour les achats de produits biologiques, alors que c’est ce circuit qui tirait vers le haut les ventes du bio. C’est un signal auquel nous devrons faire attention », avertit Philippe Henry. En parallèle, les magasins spécialisés en produits biologiques ont annoncé dans un communiqué avoir enregistré une croissance de leurs ventes supérieure à 10,3 % en 2020.
« La distribution bio spécialisée est sur les bonnes macrotendances de société, qui ont vocation à se pérenniser », selon Synadis bio et Forebio dans un communiqué commun. Les deux acteurs soulignent que la croissance a été portée par les produits bruts, non transformés (+13,5 %). Confirmée par l’Agence bio, cette tendance souligne que « les Français se sont remis à cuisiner pendant la crise », indique Laure Verdeau.
Hausse des achats de produits bruts
Ces achats de produits bruts ont permis à de nombreux consommateurs de pallier le frein majeur du bio : le prix élevé. « En 2019, 80 % des consommateurs trouvaient que le prix était un frein au bio. En 2020, ils n’étaient que 73 %, soit 7 points de moins. Les Français comprennent de mieux en mieux les tenants et les aboutissants des produits biologiques », assure Laure Verdeau. « On note par ailleurs que de nombreuses initiatives numériques ont fleuri un peu partout en France, telles que le drive », où le bio est surreprésenté avec les produits biologiques sous marques de distributeurs, ajoute Philippe Henry.
Le bio se démocratise
Le baromètre de l’Agence bio montre que 21 % des nouveaux consommateurs de l’année 2020 sont âgés de 18 à 24 ans. Et 20 % sont des ouvriers et des employés, « ce qui montre que le bio se démocratise. La jeunesse est vraiment bien représentée maintenant parmi les consommateurs de produits biologiques », se réjouit Philippe Henry. Le critère d’achat numéro 1 pour les jeunes consommateurs est la protection de l’environnement, tandis que chez les seniors, la principale motivation d’achats de produits biologiques est la santé.
Parmi les personnes interrogées, 39 % ont répondu consommer bio, car la disponibilité des produits ne cesse de croître. En effet, en 2020, l’offre bio a augmenté de 12 %, contre 28 % en 2019. « La croissance des ventes de produits biologiques est assez mécanique tant elle est liée à celle de l’offre », illustre Emily Mayer. Après l’inquiétude de début 2020, « nous sommes assez sereins quant à l’avenir du secteur bio », rassure Philippe Henry. L’Agence bio s’est par ailleurs dit satisfaite de la stabilité du taux des importations des produits biologiques, la majeure partie de la croissance de la consommation française étant assurée par la production nationale. « Nous ne voyons pas pourquoi ce taux augmenterait soudainement alors qu’il ne bouge pas depuis plusieurs années », conclut Philippe Henry.