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La rentabilité des transformateurs mise à mal

Entre décembre 2015 et décembre 2016, le prix du jambon sans mouille à crû de 12,3 %.
© © Sylvie Carriat

Les comptes truqués de Financière Turenne Lafayette sont peut-être le symptôme d’une rentabilité affaiblie pour l’industrie charcutière française, compressée entre la hausse des coûts des matières premières et la guerre des prix.

« Si nous n’arrivons pas à passer des hausses de tarif, il risque d’y avoir d’autres entreprises charcutières à la une des journaux », prévenait Robert Volut, le président de la Fict lors d’une conférence de presse le 17 janvier, en référence à Financière Turenne Lafayette. Alors que la consommation à domicile de charcuteries est en recul, la rentabilité des industriels est également mise à l’épreuve. Le prix des principales pièces de découpe de porcs a augmenté en 2016, notamment « en raison de la forte demande chinoise, même sur des pièces nobles, et d’un mouvement fort de la distribution envers la viande française », explique Robert Volut. Entre décembre 2015 et décembre 2016, le prix des pièces de porc a grimpé de 12 à 50 % : +12,3 % pour le jambon sans mouille, +17,9 % pour la poitrine, +20 % pour le carré bacon, +29 % pour le gras, +57 % pour la gorge. Une préoccupation pour les charcutiers, alors que « le prix d’achat de la viande représente plus de 50 % du prix de revient ».

En parallèle, les hausses consenties par la grande distribution ont été faibles : +2,6 % pour le jambon cuit, mais -0,5 % pour les saucisses, pâtés et rillettes. Un non-sens selon la Fict, quand on sait que « les rayons charcuteries sont parmi les plus rentables d’un magasin, avec 82 centimes de marge nette avant impôts par kilogramme pour le distributeur, contre 12 centimes par kilogramme pour l’industriel ». Même si la GMS représente la grande majorité de leurs débouchés, les entreprises de charcuteries ont quand même réussi à passer des hausses de tarif vers la restauration et les circuits spécialisés, reconnaît la fédération.

Pour faire face à cette baisse de rentabilité, les charcutiers espèrent beaucoup des négociations commerciales 2017. « Le prix d’achat du porc ne devrait pas diminuer cette année, car on s’attend à ce que la demande chinoise reste forte », commente Robert Volut. L’expérimentation de l’étiquetage de l’origine des viandes dans les produits transformés a également engendré des surcoûts pour les industriels, avec des modifications d’emballage et d’éventuelles modifications d’approvisionnement et réorganisations de lignes de fabrication. Enfin, et malgré le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), « le niveau des prélèvements fiscaux, sociaux et des réglementations administratives doit être réduit, car il pèse encore trop sur le coût d’exploitation des entreprises en France », réclame la Fict.

25 % d’entreprises en déficit

Cette rentabilité en baisse pèse sur le secteur et menace les investissements et les embauches. En 2015, Fleury Michon affichait un résultat opérationnel stable, en raison de la concurrence accrue entre acteurs de la grande distribution, de coûts d’approvisionnement en hausse et du renforcement de ses approvisionnements en jambons français, justifiait-il. Avec 25 % d’entreprises en déficit en 2015 et des comptes truqués pour l’un de ses principaux fabricants, l’heure est-elle à la restructuration pour la charcuterie française ? Certains acteurs de la filière évoquent une surcapacité de production de jambons en France au regard de la consommation. Un point de vue non partagé par la Fict.

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