L’avis d’un expert
« La maintenance est le parent pauvre de l’industrie »
Les Marchés Hebdo : Les ingénieurs de maintenance du club que vous animez sont en majeure partie de l’industrie automobile, votre secteur d’origine…
Olivier Girard : On gagnerait beaucoup à échanger nos expériences entre ingénieurs et techniciens de secteurs différents. Il y a un manque de communication. Ce sont souvent des constructeurs de machines ou d’automatismes qui nous permettent de faire des visites dans divers secteurs.
LMH : Dans les PME, quelles organisations du service de maintenance observez-vous ?
O. G. : Il n’y a généralement pas de structure spécifique. Le plus souvent le responsable de la maintenance est un salarié très polyvalent qui a une autre fonction. On ne voit pas toujours clairement « qui fait quoi ». Les compétences peuvent manquer dans le domaine numérique, faute d’avoir pu former des généralistes à piloter un robot et à entretenir ses automatismes. Mais petit à petit, les PME très productives et automatisées ont des noyaux de salariés réunissant plusieurs compétences en hydraulique, mécanique, informatique… Former des salariés s’impose pour réduire les coûts de services après-vente ou de sous-traitance.
LMH : Le partage entre entreprises de techniciens ou d’ingénieurs de maintenance peut-il être une solution ?
O. G. : On peut difficilement partager ses « pompiers ». Mais à un niveau élevé de compétences très rares, on peut être amené à partager des savoir-faire ou à recourir à la sous-traitance.
LMH : De quoi peut souffrir l’organisation de la maintenance ?
O. G. : La maintenance est le parent pauvre de l’industrie. On n’anticipe jamais assez la dégradation des moyens de production et il est difficile d’estimer les moyens humains nécessaires à leur maintenance. L’évolution des moyens de production impose de rapprocher le plus possible le responsable de la maintenance de la direction. Ce responsable doit être informé le plus en amont possible des orientations industrielles, la robotisation par exemple. Il peut influer sur les choix technologiques et surtout anticiper les besoins en formations pour les futures installations.