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Viande
La filière porcine allemande chamboulée par la PPA

Lors du webinaire organisé par l’Institut du porc le 16 septembre, Matthias Kohlmüller, analyste du marché de la viande à l’agence Agricultural Market Information Company, a exprimé ses inquiétudes concernant la découverte de la peste porcine africaine en Allemagne.

La filière porcine allemande restera sous pression tant que les interdictions d’exporter vers les marchés asiatiques ne seront pas levées. © Jette55 Pixabay
Un foyer de peste porcine africaine a été identifié à l'est de l'Allemagne
© Jette55 Pixabay

À la suite du premier cas confirmé de peste porcine africaine (PPA) dans la région de Brandebourg, le prix du porc allemand a chuté de 13,6 % en deux jours. Les porcs de Brandebourg ne sont actuellement pas acceptés par les abattoirs. Par ailleurs, le manque de personnel lié à la pandémie de coronavirus est toujours d’actualité et limite les abattages, en repli de 7 % en juillet.

Le grand export fermé au porc allemand

Frappé par la PPA, le troisième exportateur mondial de viande de porc vers la Chine se voit interdit d’exporter vers de nombreux pays tiers. En Asie, il s’agit de la Chine, de la Corée du Sud, du Japon, de Singapour et des Philippines. En Amérique latine, le Mexique, le Brésil et l’Argentine ont déjà fermé leurs portes au porc allemand et bien d’autres emboîteront le pas.

Au 1er semestre 2020, près de 40 % des exportations allemandes de viande de porc et de produits dérivés (têtes, oreilles, pattes, abats) ont été réalisées vers des pays tiers. La Chine a capté environ 70 % des volumes destinés au grand export selon les données de Destatis, relayés par l’agence Agricultural Market Information Company (Ami). Près de 800 000 tonnes par an de viandes et d’abats de porc normalement destinées aux pays tiers pourraient être redirigées vers l’UE, indique l’Institut du porc.

Le marché asiatique représente un débouché important pour les abats. En 2019, ce continent a absorbé plus de trois quarts des envois d’abats allemands. Ces produits très sollicités en Asie sont quasi invendables en Allemagne et dans l’UE. « Les entreprises auront beaucoup de mal à vendre les abats, à tel point qu’elles devront les écouler à un prix nul, voire à payer pour s’en débarrasser » prévient Matthias Kohlmüller, analyste du marché de la viande à l’Ami.

Pression sur les prix dans d’autres pays de l’UE ?

L’Allemagne étant un marché clé de l’UE, l’augmentation de sa marchandise pourrait se répercuter sur d’autres cours européens. Des replis importants de prix sont prévus dans les pays dont les débouchés à l’exportation sont limités pour cause de PPA, à savoir la Pologne et la Belgique. Les autres pays de l’UE ont subi de légers tassements ces dernières semaines. En France, la baisse du prix allemand suscite des craintes de l’amont de la filière qui redoute des importations massives en provenance de nos voisins.

La PPA en Allemagne pourrait néanmoins bénéficier aux grands pays fournisseurs du marché chinois. L’Espagne qui a expédié en moyenne près de 80 000 tonnes de viande de porc par mois vers l’empire du Milieu au premier semestre 2020 serait avantagée, bien que sa capacité de congélation puisse limiter les échanges. Le Danemark (37 000 tonnes de viande de porc), les Pays-Bas (32 000 t de viande de porc) et le Royaume-Uni (11 000 t de viande de porc) pourraient aussi profiter de cette concurrence réduite.

La filière porcine allemande restera sous pression tant que les interdictions d’exporter vers les marchés asiatiques ne seront pas levées. L’Allemagne a déjà entamé des pourparlers avec les autorités chinoises pour tenter de faire reconnaître les mesures de régionalisation.

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