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Produits de la mer
La filière française doit montrer qu'elle « est capable d’exporter »

Gros importateur car grand consommateur de produits de la mer, la France dispose toutefois d’une grande capacité d’export, majoritairement vers ses voisins (Espagne, Italie, Belgique, Allemagne, Royaume-Uni), mais aussi de plus en plus vers la Chine. Reportage au Seafood Global Expo.

Au sein d’un marché des produits de la mer où le commerce international est très actifs, la France est un pays qui intéresse les exportateurs étrangers pour ses nombreux consommateurs de produits de la mer. Le Seafood Global Expo, salon international des produits de la mer, qui s’est tenu à Bruxelles du 7 au 9 mai 2019, a présenté l’occasion de faire un point sur la situation de la France à l’international. Même si les importations ont légèrement reculé l'an passé (-2 % entre 2017 et 2018), celles-ci restent colossales comparées à nos exportations. En 2018, la France a importé 1,17 million de tonnes de produits halieutiques (en poids net), contre 354 000 tonnes de produits exportés. En valeur, les importations ont coûté presque 6 milliards d’euros à la France, pendant que les exportations en ont rapporté 1,7 milliard (balance commerciale négative de 4,31 milliards d’euros). La pêche française fournit des produits frais, haut de gamme, et en général plus coûteux à produire. En guise d’exemple, la crevette pêchée en France est vendue vivante sur le territoire à environ 50 euros le kg, tandis que les crevettes importées d’Équateur ou d’Inde, sont en général autour de 10 euros le kg, et ne garantissent pas la même fraîcheur.

La tentation du marché chinois

« Nous devons montrer au monde que même si nous sommes de gros importateurs, nous sommes aussi capables d’exporter », a affirmé Jérôme Lafon, délégué de la filière pêche et aquaculture à FranceAgriMer, devant la presse au Seafood. Le thon et le saumon se partagent les deux premières places des exportations françaises, des transactions chiffrées respectivement à 232 et 216 millions d’euros. La crevette complète le podium, avec 133 millions d’euros, soit +7 % qu’en 2017, liée à la demande croissante de pays tels que l’Allemagne ou l’Autriche, à la recherche de produits de la mer de qualité, et qui regardent donc vers la France. Mais à l’opposé de l’Europe se développe un marché colossal qui représente une énorme opportunité pour la France : la Chine. Cependant, mettre en place un commerce avec le pays asiatique « est très compliqué, notamment à cause de la distance, mais aussi parce que c’est un pays très protectionniste. Ils mettent beaucoup de barrières à l’entrée », précise Jérôme Lafon. Aujourd’hui, la France y exporte notamment des huîtres (17 millions d’euros, pour presque 2 000 tonnes).

Les démarches administratives restent à mettre en place

« La Chine est amenée à dépasser l’Italie, actuellement notre premier client pour les huîtres, cette année ou d’ici 2020 », ajoute-t-il. Lorsque Xi Jinping, président chinois, est venu en France à la fin du mois de mars dernier, des accords ont été signés pour l’ouverture du marché chinois pour les mollusques français, tels que des céphalopodes, des pectinidés (coquille Saint-Jacques, pétoncles…), des bulots, ou encore des concombres de mer. « Nous nous sommes mis d’accord sur le principe. Les démarches administratives restent à mettre en place », souligne Jérôme Lafon. C’est le Groupe Barba qui s’occupera de cultiver les concombres de mer destinés au marché chinois, un dossier sur lequel elle s’attelle depuis 2016. « Tout se met en place, nous devons encore identifier notre potentiel de ressource et bien analyser le marché chinois », indique un porte-parole de la société. À noter que la France exporte aussi du poisson très haut de gamme pour quelques restaurants étoilés chinois.

Le Brexit, véritable casse-tête

« Le Brexit ? Tout le monde se demande ce qu’il va se passer », déclare Jérôme Lafon. À l’heure actuelle, la France pêche pour 1 million d’euros de poissons dans les eaux britanniques (principalement du maquereau, merlan, aigle fin, et lieu noir). « Nous pêchons 5 fois plus dans leurs eaux qu’eux dans les nôtres… Si nous avons affaire à un no deal Brexit, tout le monde aura mal », poursuit-il. En effet, le Royaume-Uni ne consomme pas les poissons qu’il pêche, et préfère les exporter vers l’UE, mais principalement en France. S’il n’y a pas d’accords, 180 bateaux français ne pourront plus pêcher dans les eaux britanniques, et les droits de douane sur leurs produits de la mer pourraient leur coûter « 400 millions d’euros par an », selon Jérôme Lafon.

Un no deal Brexit pourrait coûter à leur secteur halieutique 400 M€ par an

Les accords de commerce entre l’UE et le Royaume-Uni n’ayant pas été validés par le Parlement, les éventuels futurs droits de douane sont difficilement prédictibles. Le Brexit ne devrait toutefois pas influer le commerce mondial : « Nous parlons du secteur agroalimentaire où les produits sont les plus échangés dans le monde, je ne vois pas en quoi le Brexit entraînerait une modification des cours mondiaux », affirme Jérôme Lafon. En 2018, 595 millions d’euros de produits de la mer britanniques ont été importés en France, ce qui fait du Royaume-Uni son deuxième fournisseur, derrière la Norvège et ses 792 millions d’euros de produits halieutiques importés.

Le saumon chilien vers plus de durabilité

Le Chili, deuxième exportateur mondial de saumon derrière la Norvège, veut inscrire sa production de saumon dans la durabilité, pour répondre à la demande croissante de ses clients. En 2012, le pays a initié une politique de transformation agricole durable, qui commence à porter ses fruits. En 2018, le Chili a réduit de 23 % l’usage des antibiotiques dans ses élevages de saumon, et s’est fixé pour objectif de réduire de 50 % leur utilisation entre 2019 et 2025. « Le but à terme est de ne plus en utiliser du tout. Nous espérons attirer plus de clients avec ces pratiques durables, précisait Arturo Clément Díaz, directeur exécutif de Salmon Chile, la semaine dernière sur son stand. Nous voulons faire de la filière un modèle de durabilité pour les autres filières halieutiques ». En 2018, le Chili a exporté pour 4,61 milliards d’euros de saumon (soit 6,8 % des exportations totales du pays), dont 6 % à destination de l’UE.

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